Brigitte Thibault a marqué l'histoire du golf féminin en participant au premier Augusta National Women’s Amateur, un tournoi regroupant les meilleures golfeuses amatrices de la planète, la semaine dernière.

 

L’étudiante de l’Université Fresno State a eu la chance de fouler les allées du Augusta National, en devenant la première Canadienne de l’histoire à jouer sur le parcours utilisé lors du Tournoi des Maîtres.

 

Au mois de janvier, Thibault a reçu un appel qui allait changer sa vie de la part du président du club Fred Ridley, qui lui a offert la chance de participer au tournoi. Déjà un rêve venait de se réaliser pour la golfeuse de 20 ans. Une occasion unique s'offrait à la jeune athlète de jouer sur un des terrains les plus mythiques du monde, dans un environnement rempli d’histoire, pour la toute première édition de l'évènement.

 

« J’ai tellement grandi simplement du fait d’être venue ici. J'ai fait plusieurs rencontres intéressantes. C’est incroyable comment j’ai pu grandir comme joueuse en une semaine », a confié Thibault au RDS.ca quelques heures après avoir quitté la Géorgie.

 

Arrivée sur le site lundi dernier, la talentueuse golfeuse a vécu une semaine dont elle se souviendra toute sa vie. Bien que Thibault n’ait pu éviter le couperet après les deux premières rondes présentées sur le parcours Champions Retreat, elle avait tout de même la chance de participer à une ronde d’entraînement au Augusta National avec les 71 autres golfeuses présentent à l’évènement.

 

Sans trop savoir avec quel caddie elle allait évoluer durant sa journée, Thibault a été jumelée à Dave Kinsey, qui a notamment porté les sacs des plus grands, tel qu'Arnold Palmer et Jack Nicklaus, rien de moins. À eux deux, les deux légendes comptent dix titres du Tournoi des Maîtres.

 

Dès son coup de départ sur le tertre du premier trou, la jeune golfeuse a donc pu profiter des précieux conseils d'un homme ayant assisté de plus près que quiconque aux prouesses des deux champions.

 

« Je suis honorée d'avoir eu ce coup de chance. J'ai vraiment pris en considération toutes ses connaissances et les histoires derrière tout ça. Durant toute la ronde, il me disait : ''Jack faisait ça... Arnold jouait comme ça...''. Ce sont vraiment des petits conseils qui ne s'achètent pas. »

 

Avec un tel caddie, il n'y avait pas de meilleure façon de faire ses classes sur un des parcours les plus difficiles du monde. Pendant cette journée magique, elle a pu vivre à travers ses anecdotes les grandes histoires qui ont façonné le golf.

 

« Si je suis de retour l'an prochain, je lui ai demandé d'être sur mon sac à nouveau et il était honoré, mais c'est moi qui suis vraiment honorée d'avoir pu profiter de son expérience. »

 

À sa grande surprise, Thibault n'a pas été déstabilisée par les difficultés du parcours où chaque coup demande une extrême finesse et un plein contrôle de son jeu.

 

« C’était vraiment moins intimidant que je pensais.  Je suis une joueuse qui utilise sa créativité. J’étais encore plus confortable que je le suis d’habitude. J'avais l'impression que je pouvais vraiment laisser mon jeu parler. »

 

Elle a finalement terminé sa journée avec une carte de 78 (+6), mais surtout avec des souvenirs plein la tête et quelques clichés pour se remémorer une ronde qu’elle n’est pas près d’oublier.

 

Profiter de chaque moment

 

Thibault a eu la chance de passer quelques jours supplémentaires sur les lieux et de se familiariser avec l'endroit.

 

Lors de sa dernière journée à Augusta, Mike Weir s'est présenté à elle. En 2003, le gaucher a écrit la plus grande page d'histoire du golf canadien en remportant le Tournoi des Maîtres. C'est lui qui est venu à sa rencontre pour la féliciter, un moment surréaliste.

 

« Il m’a approché. Un homme qui travaillait sur le tertre de départ lui a parlé de moi. Il est venu me voir. Il m’a parlé de mon expérience, il m'a demandé comment j'avais trouvé le terrain. C’est un nouveau contact que je n'avais pas avant de venir ici. Une rencontre qui va me rester à jamais. »

 

Pas question pour Thibault de prendre ses derniers jours à Augusta comme des vacances, elle voulait retirer quelque chose de chaque moment. Elle est restée sur les lieux pour suivre la ronde finale de la compétition, alors que seulement 30 golfeuses avaient la chance de s'élancer pour le titre lors de la journée de samedi.

 

C’est finalement l'Américaine Jennifer Kupcho qui s’est imposée face aux autres compétitrices en ramenant un cumulatif de moins-10, couronné par une exceptionnelle carte de 67 en ronde finale.

 

Durant cette journée, Thibault a pu observer la façon de faire des autres concurrentes qu'elle affronte régulièrement sur le circuit universitaire de la NCAA. Chaque fois qu'elle retournait sur le parcours, c'était avec le souci de s'améliorer pour sa prochaine visite.

 

Avant de quitter les lieux, elle a pu observer quelques-uns des golfeurs professionnels qui se sont amenés à Augusta en vue du Tournoi des Maîtres qui s'amorce jeudi.

 

« C'est certain que je vais regarder le tournoi avec un regard différent, maintenant que je connais l'environnement et le parcours. »

 

Un rôle de pionnière

 

Thibault a pleinement conscience que sa visite à Augusta dépasse simplement les frontières du golf. Elle sait que les femmes n'ont pas toujours eu leur place dans le club de golf le plus exclusif de la planète

 

On a dû attendre à 2012 avant de voir une femme être admise comme membre à part entière du club de golf. Heureusement, les temps changent et l'instauration de cette compétition démontre un réel désir des dirigeants de l'endroit de s'ouvrir vers la nouvelle génération.

 

« Le Augusta National a organisé un évènement incroyable. Nous avons vraiment bien été reçues. L'association a vraiment fait un bon travail pour préparer le tournoi, c'était parfait. »

 

Lorsque Brigitte disputait sa ronde, jamais autant de femmes ne s'étaient retrouvées sur le parcours au même moment.

 

« C'est quelque chose qui va rester avec moi pour toujours. C’est vraiment un accomplissement qui me tient à cœur, surtout en étant la première femme canadienne à avoir fait ça. C’était vraiment un honneur d’avoir à jouer ce rôle. J'ai vraiment senti beaucoup de support des Canadiens. »

 

En participant à la première édition de l'évènement, Thibault inscrit à sa façon son nom dans la riche histoire du Augusta National.

 

Un rêve de concrétisé, plusieurs à réaliser

 

Questionnée à savoir quels sont ses objectifs pour l'été à venir, Thibault voit déjà plus loin et elle ne cache aucunement ses ambitions.

 

« L’objectif final, c’est la LPGA. Ça a toujours été ça. Le fait d'avoir passé par Augusta, c’est un pas vers là. C'est certain que ça va me faire grandir. »

 

Bien qu’elle pratique le golf depuis seulement cinq ans, Thibault a rapidement grimpé les échelons depuis qu’elle a choisi de délaisser le cheerleading pour s’adonner au golf. Son talent est indéniable et sa passion pour le sport est encore plus évidente.

 

Elle a déjà trois top-10 à son actif sur le circuit universitaire américain, dont une deuxième place au UNLV Collegiate Showdown. La golfeuse conclut sa saison universitaire cette semaine avec son équipe universitaire avant de s'attaquer aux championnats régionaux et possiblement nationaux, si elle réussit à se qualifier.

 

Son horaire chargé la gardera bien occupée tout l’été, alors qu'elle se consacrera à temps plein à son sport au sein d'Équipe Canada, à sa première saison au sein du programme de développement national. Elle ira notamment jouer des tournois en Irlande et à Pinehurst en Caroline du Nord, avant de revenir au Canada au mois d'août pour la présentation de l'Omnium canadien. Thibault en sera à sa deuxième participation après s'être qualifiée dès l'âge de 18 ans.

 

Bien qu’elle ne soit passionnée de golf que depuis quelques années, rien n'arrête Brigitte Thibault dans sa quête d’excellence. Déjà, elle a réussi à mettre sa marque sur le golf féminin au Canada. Sa visite à Augusta n'était qu'une étape dans un parcours d'athlète qui s'annonce rempli de promesses pour l'avenir.