On célébrera dans deux petites années le 40e anniversaire de la victoire de Jocelyne Bourassa dans le cadre du tournoi « La Canadienne » dont les appellations ont été nombreuses depuis et que l'on connaît sous le vocable « Omnium canadien féminin CN » depuis 2007.

Dans le rythme de vie effréné que l'on mène de nos jours où l'instantanéité gère dorénavant notre quotidien, 40 ans représentent une éternité. Quarante ans que nous n'avons pas vu une fille de chez nous remporter notre omnium à nous. Remarquez que chez les hommes la situation est plus dramatique puisque le dernier Canadien à avoir remporté l'Omnium canadien est Pat Fletcher qui a réalisé l'exploit en 1954.

Mais la situation est sur le point de changer. En tout cas, du côté féminin. Lors de l'Omnium disputé sur le parcours de Hillsdale à Mirabel, cinq représentantes du Québec se sont mesurées à l'élite mondiale qui s'est donné rendez-vous pour l'occasion. Les 50 meilleures boursières de la LPGA étaient toutes présentes au départ jeudi dernier. 97 des 100 meilleures joueuses mondiales étaient inscrites à la compétition.

Lisa Meldrum, Maude-Aimée Leblanc, Sara-Maude Juneau, Danielle Mills et Isabelle Beisiegel ont suivi les traces de Jocelyne Bourassa en espérant lui succéder.

Il faut convenir que les temps ont bien changé depuis la victoire de Jocelyne sur les allées du club de golf Municipal de Montréal. D'abord, ce club de golf de 36 trous qui était le rendez-vous de milliers de golfeurs annuellement a été transformé en parc. Mon vieil ami Mario Brisebois, qui était le cadet de Jocelyne avec son chapeau aux bords gondolés et sa cigarette au bec, s'est assagi. Et surtout, le monde du golf féminin a été complètement transformé avec l'entrée en scène et la façon de faire des joueuses asiatiques qui ont donné un nouveau sens à la pratique de ce sport.

Il faut savoir que l'encadrement des aspirantes professionnelles en Corée du Sud, au Japon et en Chine n'est en rien comparable à ce que l'on peut vivre en Amérique du Nord. En Corée, les espoirs, une fois identifiés, sont envoyés dans des académies où il en coûte entre 3000 $ et 5000 $ mensuellement pour apprendre la profession. Des familles entières se sacrifient afin d'entretenir le rêve de voir un enfant déboucher sur les grands circuits professionnels. Les règles sont sévères, mais le taux de réussite est impressionnant. L'acharnement et un mode de vie austère uniquement orienté vers le golf sont à la base du programme.

Pas étonnant que les golfeuses asiatiques occupent 50 % des vingt premières positions au classement mondial. C'est vous dire à quel point nos représentantes faisaient face à des rivales de très grande qualité.

Deux d'entre elles, Lisa Meldrum et Maude-Aimée Leblanc participeront aux rondes finales avec le mince espoir de voir leur nom apparaître sur la première page du classement. Elles ont travaillé très fort depuis plusieurs années à améliorer leur technique de jeu et à peaufiner chacun des aspects du golf. Elles y sont presque. Quand on analyse leurs résultats, on se rend compte qu'elles ne sont qu'à quelques petits coups de réaliser l'exploit. L'opportunisme, souvent dans ce sport; est le meilleur outil pour alimenter la confiance, cet élément clé de la réussite.

Pour Lisa et Maude-Aimée, pour Sara-Maude et Isabelle et Danielle; quelques petits coups et cela pourrait faire toute la différence. Ce serait une belle façon de célébrer le 40e anniversaire de la victoire de Jocelyne.

À quand une victoire d'une Québécoise au golf professionnel? C'est pour bientôt. Très bientôt.