Quatre petits trous - 4e, 6e, 8e et 12e - lors de la ronde finale ont suffi à illustrer ce que fut le Tournoi des Maîtres cette année. Deux joueurs, Bubba Watson et Jordon Spieth, s’y sont affrontés. Et c’est le grand gaucher qui a eu le meilleur surtout grâce à sa puissance phénoménale et une étonnante précision. Fin de l’histoire.

Ce fut un bon tournoi. Ce ne fut pas un grand Tournoi des Maîtres. Habitués que nous sommes depuis la création de ce rendez-vous unique à être témoins d’exploits dont on ne se lasse jamais de parler et de discuter, il faut convenir cette année que les sujets de réjouissance ont été, dirons-nous, limités.

De bonnes performances lors des trois premières journées, mais rien de magistral, rien de magique. Quelques rares étincelles. En fait, la plus belle séquence appartient à Bubba Watson, encore lui, qui a inscrit cinq oiselets consécutifs en deuxième ronde. Le meilleur pointage de la compétition a été réalisé par le vétéran Jimenez avec une carte de 66.

Déjà amoindri par l’absence de Tiger Woods, le tableau principal a été amputé de plusieurs joueurs vedettes dont Phil Mickelson après les deux premières rondes de qualification. Rien pour véritablement provoquer chez les amateurs une vague d’excitation en vue de la fin de semaine.

Cela n’a pas empêché les spectateurs de prendre les guichets d’assaut pendant les quatre journées officielles du tournoi, d’autant que les conditions de jeu étaient tout simplement parfaites. Mais ils ont été dans l’attente de quelque chose qui ne s’est pas produit. Quelques rares exclamations, dont celle survenue grâce à la sortie de fosse de sable de Spieth au 4e trou dimanche, mais rien d’un tonnerre d’applaudissements que l’on entend généralement aux quatre coins de la propriété.

Je le répète, ce fut un bon tournoi. Le déroulement aurait probablement satisfait les organisateurs de n’importe quelle autre compétition sur le circuit PGA Tour.  Mais justement, le Tournoi des Maîtres n’est pas un événement comme les autres.

Les cotes d’écoute ont été les plus basses des dix dernières années. Est-ce uniquement attribuable à l’absence de Woods? Cela peut, en effet, avoir eu une certaine influence. Comme celle de Mickelson au cours de la fin de semaine. Mais il y a autre chose…à ne pas en douter.

La magie du parcours Augusta National n’a pas suffi. La splendeur de l’endroit doit être jumelée au charisme d’individus. C’est ce qui lui donne un sens différent. Cette année, cela ne s’est pas produit.

Bubba Watson est un excellent joueur. Il a gagné ce tournoi pour une deuxième fois en trois ans, et hormis un problème... d’allergies, il a deux victoires et deux deuxièmes places à ses cinq derniers tournois. Jimmy Walker, meneur au classement de la Coupe FedEx, a déjà trois victoires à sa fiche cette saison. C’est l’une des révélations de l’année sur le circuit. Patrick Reed a engrangé plus de victoires en bas âge que Tiger Woods sur une même période, ce qui n’est pas rien. S’ajoutent les Spieth, Fowler et autres qui ont vaillamment contribué mais le spectacle a tourné court.

Watson après avoir célébré sa victoire à la « Maison des Crêpes » n’a effectué qu’une seule sortie médiatique, préférant une retraite avec les membres de sa famille pendant plusieurs semaines. C’est son droit.

L’anonymat n’est cependant pas le meilleur outil de promotion du sport professionnel. Et quiconque collectionne les autographes a dû regarder deux fois plutôt qu’une les signatures griffonnées sur les fanions jaunes du Augusta National pour déchiffrer les noms de ceux qui y avaient signé. Des noms qui dans bien des cas ne veulent rien dire.

Alors que s’éteint lentement le phare porté à bout de bras par les légendaires Palmer, Player et Nicklaus, au moment où Woods s’éclipse, voilà que se pointe une nouvelle génération de joueurs dont le sens de la victoire semble s’arrêter bien à court des responsabilités qui viennent avec un triomphe. Il faut savoir gagner pour soi et aussi savoir gagner pour les autres.