L’exercice est périlleux. Chaque fois qu’on aborde le sujet « Tiger Woods » on risque toujours de créer des remous. De la part de ceux qui le vénèrent, de la part de ceux qui le détestent.

Reste que personne ne peut demeurer indifférent à la situation dans laquelle il se trouve actuellement.

Avant même d’envisager diverses solutions, il faudrait d’abord établir clairement la cause des problèmes de Woods. Ces problèmes sont-ils d’ordre physique ou psychologique? Il est le seul qui peut répondre à la question.

Or, au cours des dernières semaines, ses réponses ont semé davantage de doutes que clarifié la situation.

« La période de repos fut bénéfique... »

« J’ai confiance que les changements apportés me permettront d’obtenir de bons résultats... »

« J’ai bien récupéré de l’opération... le dos n’est pas un problème... »

Quelques jours plus tard :

« Mon élan n’est pas tout à fait au point... l’angle et le point d’impact sont maintenant très différents... »

« Le dos est problématique... l’interruption de la ronde fut néfaste... »

Woods a été à ce point médiocre dans son jeu que plusieurs joueurs lui ont donné des conseils et discuté de ses problèmes avec lui au terrain d’exercice à San Diego. Du jamais vu. Auparavant, on l’admirait de loin et jamais l’idée de lui suggérer le moindre changement n’effleurait l’esprit de professionnels qui tentaient de partager la scène avec lui.

Les spécialistes pourront certes décortiquer les mouvements de Woods à l’infini et essayer de donner un sens et une explication aux résultats décevants qu’il a obtenus lors de ses plus récentes sorties. Les plus réputés professeurs et les simples golfeurs du dimanche en arriveront à des conclusions qui ultimement se vaudront probablement toutes. À chacun sa façon de voir les choses.

Celui qui à mes yeux a le mieux décrit la situation est le commentateur Ian Baker-Finch. L’Australien a lui aussi connu une descente aux enfers après avoir remporté l’Omnium britannique en 1991. Il avait ensuite perdu tous ses moyens et décidé d’abandonner le golf de compétition.

Quel est le problème de Woods?

La PEUR de répondre Baker-Finch. « Ce n’est ni le dos, ni l’élan, ni ses coups d’approche, ni les spasmes musculaires… »

Citant son propre exemple il a avoué dans une entrevue accordée à une radio australienne qu’il pouvait frapper 50 coups de départ parfaits au terrain d’exercice et complètement rater son coup de départ au premier trou.

« Même chose pour Tiger, dit-il… À Augusta, il frappe 100 verges en dehors de l’objectif. Et pourtant, il a réussi 50 coups de départ parfaits quelques instants plus tôt au terrain d’exercice… On ne peut pas me dire que c’est de l’incertitude ou des spasmes… c’est de la peur… »

Le milieu du golf professionnel a bien protégé Woods depuis les tristes incidents quoi ont éventuellement mené à la situation que l’on connaît aujourd’hui. Même au cours de la dernière fin de semaine, on sentait que les joueurs hésitaient encore à se convaincre qu’il n’est plus le joueur qu’il était. On a toujours craint que Tiger, comme il l’a si souvent fait dans le passé, nous fasse ravaler nos paroles.

Cette fois, on sait que c’est différent. La peur qu’il suscitait par sa simple présence, par la qualité de son jeu ou par sa stature de star est aujourd’hui ce qui cause un cauchemar qu’il n’avait jamais envisagé. Et rares sont ceux, même dans les circonstances actuelles, qui oseront lui dire. Jamais on n’aurait pensé un jour écrire que Tiger Woods a effectivement... peur.