PONTE VEDRA - Vous regardez les « petits jeunes » catapulter des coups de départ à plus de 300 verges avec un brin d’envie, voire de jalousie?

Vous regardez les tertres les plus éloignés d’où vous vous élanciez dans un passé encore récent avec deux brins de nostalgie?

Après Vijay Singh il y a deux semaines à la classique Honda, voici que Jim Furyk permet aux «petits vieux» de garder espoir et de résister aux jeunots affamés qui arrivent derrière en criant gentiment aux «mononcles» de se tasser.

Âgé de 48 ans, Furyk a ramené une carte de 64 – huit coups sous la normale – vendredi lors de la deuxième ronde du championnat des joueurs sur les allées du parcours TPC Sawgrass. Il s’agit de son meilleur résultat en 80 rondes disputées dans le cadre du «Players».

Fort d’un pointage cumulatif de 135 – neuf coups sous la normale – Furyk partage le troisième rang avec Abraham Ancer (28 ans), Brian Harman (32 ans) et Ian Poulter qui frappe à la porte des petits vieux de la PGA à 43 ans.

Ce trio accuse un retard de trois coups sur les meneurs Tommy Fleetwood (28 ans) et Rory McIlroy (30 ans). Au lendemain d’une première ronde de 65, Fleetwood a joué 67, vendredi – un aigle, cinq oiselets, deux bogueys – alors que McIlroy a ramené une carte de 65 – un aigle, six oiselets et un boguey – après son 67 de jeudi.

Sur les traces de Vijay

Bien qu’il ne soit qu’à trois coups de la tête, Jim Furyk est encore loin de la victoire. Surtout qu’à l’exception d’une deuxième place en 2014 et d’un partage du quatrième rang en 2003, il n’a jamais vraiment connu de succès à Sawgrass.

«Je vais avoir 49 ans en mai, mais tant que j’aurai la conviction que je suis en mesure de rivaliser avec les jeunes d’aujourd’hui et que j’ai des chances réalistes de gagner, je vais prolonger mon séjour sur la PGA au-delà de mes 50 ans. Sinon, je me tournerai vers le circuit des Champions afin de voir si je suis en mesure de rivaliser avec les plus vieux que moi», a indiqué Furyk qui voue une admiration sans bornes à l’endroit de Vijay Singh qui est toujours compétitif malgré ses 56 ans.

Deuxième après trois rondes à la classique Honda disputée il y a deux semaines, Singh aurait pu réaliser un record en devenant le golfeur le plus âgé de l’histoire à signer une victoire sur le circuit de la PGA.

Sam Snead détient ce record depuis 1965 alors qu’il a remporté sa 82e et dernière victoire – dont sept titres majeurs – en carrière à l’âge de 52 ans, 10 semaines et huit jours.

«Vijay est tout simplement sensationnel. Le simple fait d’avoir été dans la course jusqu’à la toute fin à la Classique Honda est un exploit. Vijay représente le parfait mélange de talent et de travail», a indiqué Furyk.

À l’image de Furyk, Phil Mickelson aura 49 ans en juin prochain. Incapable de survivre à la coupure (moins-1) après des rondes de 74 jeudi et vendredi, Mickelson tient à limiter à une vingtaine son nombre de tournois par saison en raison de son âge. Mais en dépit cette sélection et ses ennuis des deux derniers jours, «Lefty» est encore capable de coups magiques et peut encore gagner sur le circuit.

«Nous avons le même âge, mais contrairement à moi qui ai connu des baisses de régimes au fil des dernières années, Phil a toujours été au sommet. Je ne crois pas qu’il ait connu une mauvaise saison. Pas même une mauvaise séquence. Je ne crois pas non plus que Phil ait été blessé au cours de sa carrière. Phil et Vijay sont dans une classe à part. Ils joueront dans la PGA aussi longtemps qu’ils le voudront.

«Contrairement à moi, ils n’ont rien perdu de leur distance. J’ai dû adapter mon jeu à ma nouvelle réalité. Mais le facteur le plus important pour moi demeure la santé. J’ai dû composer avec toutes sortes de blessures lors des dernières années. En plus, je suis un père très impliqué dans la vie de mes enfants qui sont des sportifs. Je rate des matchs de volleyball et de Lacrosse en fin de semaine parce que je suis ici. Mais je suis encore un golfeur qui veut gagner. Je tente de favoriser les parcours qui me sont plus favorables et tant que la santé me permettra de croire en mes chances de gagner je vais continuer.»

Day: 40 ans et après il verra

À 31 ans, handicapé par des blessures au dos qui le tenaillent de plus en plus, Jason Day peine à se voir rivaliser avec des jeunes lorsqu’il aura l’âge des Furyk et Mickelson. Encore moins celui de Vijay Singh.

«S’il n’en tenait qu’à moi, je rangerai mes bâtons et irai rejoindre ma famille à 40 ans. Remarquez que c’est peut-être ce que je serai obligé de faire si les blessures continuent de me ronger. Le circuit est plus jeune qu’il était lorsque j’y suis arrivé. J’imagine ce que ça peut représenter pour des gars comme Phil, Jim et Vijay. Ça rend leurs performances plus brillantes encore. Phil est aussi long et peut-être plus long que jamais sur ses coups de départ. Plus impressionnant encore, c’est de voir à quel point ils sont impliqués. Je ne sais pas ce que l’avenir me réserve. Je vais commencer par me rendre à 40 ans et réévaluer alors mes positions. Si j’aime encore la compétition et si je suis encore en mesure de rivaliser avec les autres, je verrai, mais je peine à m’imaginer jouer encore à leur âge», a indiqué l’ancien champion de l’Omnium RBC du Canada (2015) qui partage le troisième rang à moins-8.

Jouer dans sa cour

Malgré ses 48 ans, Jim Furyk jouit d’un avantage sur ses adversaires qui joue littéralement dans sa cour puisque le vétéran a installé sa famille à Ponte Vedra il y a 23 ans déjà.

Bien qu’il connaisse tous les coins et recoins de ce parcours, Furyk admet candidement qu’il ne l’affectionne pas particulièrement en raison des illusions créées par l’architecte Pete Dye.

«Il a le don de donner l’impression que des allées pourtant amples sont étroites et de laisser croire que les verts sont minuscules alors qu’ils offrent des cibles généreuses. Au fil des ans, j’ai toujours joué de façon conservatrice alors que j’ai été plus agressif au cours des deux derniers jours. Ce circuit pénalise sévèrement les mauvais coups. Surtout les coups de départ. Le fait que mes «drives» aient été excellentes au fil des 36 premiers trous m’a donné l’occasion de jouer du bon golf», a analysé Furyk qui a reçu, dimanche dernier seulement, sa 23e invitation au «Players» en raison de ses succès il y a deux semaines à la classique Honda.

Jim Furyk a amorcé sa journée de travail avec des oiselets aux premier et deuxième trous. Il en a ajouté deux autres au fil du premier neuf et a répété l’exploit en deuxième moitié de parcours. Il s’est d’ailleurs offert des «birdies» consécutifs aux 11e, 12e et 13e trous.

Il impute toutefois à sa ronde initiale de 71 le fait de partager le deuxième rang à l’aube des deux rondes de la fin de semaine.

«Le parcours était bien plus difficile jeudi après-midi que ce matin alors que le vent soufflait très fort. Ce vent a asséché les verts qui étaient très difficiles à négocier autant sur les approches que les coups roulés. Ce matin, les verts étaient beaucoup plus réceptifs et il n’y avait pratiquement pas de vent. Les conditions étaient tellement difficiles en fin de journée jeudi que tout aurait pu s’écrouler sur mon neuf de retour. J’étais très heureux de m’en tirer ainsi, car je sais à quel point ce parcours peut être difficile lorsque les conditions se détériorent», a souligné Furyk qui l’a appris à ses dépens.

«À mes premières années ici, je jouais beaucoup de golf sur ce parcours. Depuis une douzaine d’années, je joue beaucoup moins. Mais au fil des ans je ne crois pas avoir déjà connu une meilleure ronde que celle d’aujourd’hui. J’ai peut-être déjà ramené une autre carte de 64, mais je n’en suis pas convaincu. Cela dit, si j’avais joué une ronde de 62, je m’en souviendrais.»