Quand on analyse la liste des inscrits au Tournoi des Maîtres, on se rend compte qu'il y a au moins 20 candidats logiques à la succession de Charl Schwartzel. La qualité des joueurs que l'on regroupe pour les tournois majeurs est tout simplement phénoménale. Ils sont pour la plupart tous capables de frapper des coups de départ de plus de 300 verges; ils ont une habileté exceptionnelle sur les coups d'approche et celui qui connaît une bonne semaine sur les verts sort généralement du lot avec un trophée dans les mains le dimanche en fin d'après-midi.

Récemment toutefois, les joueurs qui se sont signalés grâce à des victoires ou de très solides performances sur le circuit PGA Tour ont un autre dénominateur commun : ils sont entraînés par un instructeur canadien du nom de Sean Foley. Vous savez celui qui a remplacé Hank Haney auprès de Tiger Woods et à qui on ne donnait aucune chance de réussir. Celui qui a une approche différente des autres entraîneurs, non pas tant dans le geste technique, mais dans la façon d'aborder mentalement la pratique du golf, l'entraînement et la compétition.

Lors de la dernière fin de semaine, Hunter Mahan a remporté son deuxième tournoi de la saison. Il est le seul joueur à revendiquer cet honneur depuis le début de l'année sur le circuit nord-américain. À Bay Hill, une semaine auparavant, Tiger Woods mettait un terme à une longue disette et remportait un premier tournoi depuis le Championnat BMW de 2009; le même Woods qui avait terminé en deuxième position lors de la Classique Honda. Et il y a aussi Justin Rose qui s'est signalé en inscrivant la victoire lors du Championnat Cadillac disputé sur le « Monstre Bleu » du Doral.

Ce que l'on a noté à chaque fois, c'est la dextérité de chacun de ces joueurs à atteindre les verts en coups prescrits. Cela revient à dire qu'ils frappent la balle avec un degré de précision nettement supérieur à la moyenne.

Sean Foley doit effectivement respirer un peu plus à l'aise depuis quelques jours. Le diminutif canadien ne l'a pas eu facile. Dès son arrivée avec Woods on a mentionné qu'il avait copié les méthodes d'enseignements de certains autres entraîneurs. Son approche n'a pas reçu l'approbation des vétérans analystes du circuit PGA Tour. À quoi bon, disait-on, perdre du temps à discuter des valeurs du golf et de l'approche philosophique. Cela n'apporte rien au joueur quand vient le temps d'offrir de solides performances. On doit certes être à réviser ses positions dans quelques cas.

Puis il y a, tous en sont conscients, une petite guerre entre les grands penseurs techniques. Hainey, les frères Harmon, Smith, Leadbetter et combien d'autres. À chacun sa méthode. En étant associé aux meilleurs golfeurs professionnels, cela se traduit par d'importantes rentrées au plan financier.

Alors que les prises de position divergent aussi quant à la publication du livre de Hank Haney qui a dévoilé certains petits secrets de Tiger Woods, Foley, bien calmement; continue à travailler avec ses joueurs sans pour autant faire beaucoup de bruit. Plusieurs entraîneurs ont reproché à Haney d'avoir enfreint le secret professionnel en faisant abstraction de la confidentialité des rapports entre un entraîneur et son athlète.

Je ne crois pas beaucoup aux coïncidences. Surtout pas au golf professionnel. Il est indéniable que Woods, Mahan et Rose sont des joueurs extrêmement talentueux, mais leurs récents résultats laissent aussi entendre qu'il y a d'autres éléments qui entrent en ligne de compte. Cela est d'autant plus intéressant que les ingrédients requis pour inscrire leurs victoires présentent plusieurs similitudes.

Serait-il possible que ce soit un instructeur canadien qui se cache cette année derrière le détenteur du veston vert?