QUÉBEC - Si le Canadien avait gagné ses six premiers matchs préparatoires, on parlerait déjà sur toutes les tribunes de l’imminente et tant attendue 25e conquête de la coupe Stanley. Les célébrations seraient même amorcées. Et il faudrait calmer le jeu en répétant qu’un championnat ne se gagne pas au mois de septembre dans la LNH.

 

Mais parce qu’il a prolongé à six sa série de revers consécutifs, mercredi soir, à Québec, c’est tout le contraire qui se passe.

 

Ça frise même la panique.

 

C’est certainement agaçant, déplaisant et un brin déprimant de voir le Canadien perdre comme il perd depuis le début du calendrier préparatoire. On pourrait même écrire deux brins déprimant quand on considère que le Tricolore, malgré la présence de Carey Price devant le filet, de Shea Weber à la ligne bleue, de Jonathan Drouin, Max Pacioretty et Brendan Gallagher au sein d’un premier trio, d’Alex Galchenyuk et Andrew Shaw qui était de retour après une absence de quatre matchs s’est misérablement incliné devant des Maple Leafs de Toronto comptant tout au plus sur quatre joueurs qui rempliront – peut-être – des rôles de soutien lorsque la saison se mettra en branle la semaine prochaine.

 

De fait, ce n’est pas juste déprimant, c’est même inquiétant.

 

Mais du même souffle, il est important d’ajouter qu’un championnat ne se perd pas plus qu’il ne se gagne au mois de septembre.

 

De mauvais augure
 

L’ennui pour le Canadien, de l’état-major, aux joueurs, en passant les partisans qui commencent à broyer du noir, est que ces défaites donnent des indications qui n’augurent rien de vraiment bon.

 

Car ce n’est pas d’avoir perdu contre une équipe C – aucun des attaquants dépêchés à Québec n’a de chance réelle de se hisser au sein de l’un des trois premiers trios – des Maple Leafs qui a fait le plus mal mercredi. C’est de voir que ces plombiers ont pris les moyens pour contrer le Canadien. Pour l’emboîter trop souvent dans son territoire d’où il a peiné tout le match incapable qu’il était de se sortir de l’échec avant.

 

« Je déteste perdre et je suis comme tout le monde déçu de notre fiche », a convenu Claude Julien qui aime mieux regarder le portrait d’ensemble de son équipe que de se limiter aux six revers.

 

Je le comprends.

 

Sauf qu’au-delà des scores, Claude Julien a malgré tout admis que certaines lacunes remarquées au fil de ces parties le titillaient bien plus que les revers.

Encore hier, il a pointé du doigt – sans les nommer – des espoirs qui n’ont pas suivi le rythme imposé par les espoirs des Leafs. « On cherche toujours les joueurs capables de compliquer nos décisions », que le coach du Canadien a reconnu après avoir louangé la conviction affichée par les espoirs des Maple Leafs.

 

Mais Claude Julien ne s’est pas limité d’apostropher les espoirs. Que non ! Il s’en est pris a des gars qui ont de l’expérience. Des gars sur qui l’état-major mise... ou misait!

 

« On fait beaucoup trop d’erreurs et le pire est que ces erreurs sont commises par des joueurs qui sont bien meilleurs qu’ils ne le démontrent depuis le début du camp. Ces gars-là sont meilleurs et on le sait parce qu’ils nous donnaient du bien meilleur hockey dans le passé », a candidement reconnu Claude Julien.

 

Des noms? Claude Julien n’en a pas offert.

 

Je vais le faire à sa place.

 

À la ligne bleue : on peut avancer sans risque de se tromper les noms de Brandon Davidson, Joe Morrow et aussi de Mark Streit qui fait plus que son âge (39 ans) depuis le début du camp. On pourrait ajouter celui d’Éric Gélinas. Mais comme le Canadien a simplement offert un essai professionnel au défenseur franco-ontarien, il est difficile de croire que l’état-major misait autant sur lui que sur les trois autres.

 

Mete mérite de rester

 

Seule consolation à la ligne bleue : Victor Mete a encore été solide dans tous les aspects du jeu à la gauche de Shea Weber. Le petit gars s’est assuré d’au moins jouer un autre match préparatoire et qui sait de peut-être forcer la main de la direction pour amorcer la saison à Buffalo la semaine prochaine.

 

« Mete continue de bien jouer. Il va rester avec nous aussi longtemps qu’il le méritera et pour l’instant, il le mérite », a d’ailleurs confirmé Claude Julien lors de son point de presse après la défaite.

 

À l’attaque : ça ne vaut pas cher la tonne non plus. Il est même permis de se demander si ceux qui seront sélectionnés pour compléter le 4e trio et occuper les rôles de réservistes auront vraiment gagné leurs postes ou si d’autres leur en auront fait cadeau tant ils sont ordinaires. Défilez les noms que vous voudrez dans l’ordre qui vous plaira. Nos listes seront pas mal les mêmes…

 

Drouin-Pacioretty : la chimie s’installe

 

Outre la tenue de Victor Mete, le point le plus positif dans le revers aux mains de Leafs aux allures de Marlies est la chimie évidente qui s’installe entre Jonathan Drouin et Max Pacioretty.

 

Bien alimenté par son nouveau centre, le capitaine a obtenu sept tirs. Non il n’a pas marqué, mais ça viendra et ça viendra souvent, je crois bien.

 

ContentId(3.1244864):Maple Leafs 4 - Canadiens 2
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Cette chimie n’aura pas de réactions positives que dans un sens. Car bien qu’il soit le franc-tireur au sein de ce duo, Pacioretty a offert une échappée à Drouin à l’aide d’une très belle passe lobée.

 

« Je crois qu’on va faire de très bonnes choses ensemble », a convenu Drouin qui, tout en étant agacé par les défaites qui s’accumulent, gardait la tête haute. Il faut dire qu’avec le but magnifique qu’il a marqué en début de match et les bonnes occasions qu’il a générées et dont il a lui-même profité, Drouin a prouvé une fois encore qu’il pourra faire oublier Alexander Radulov.

 

Brendan Gallagher complétait le trio. Il fera la lutte à Ales Hemsky, Paul Byron et peut-être Artturi Lehkonen pour le privilège d’évoluer au sein du premier trio.

 

Andrew Shaw, qui a marqué le deuxième but du Tricolore avant que les Leafs ne répliquent avec quatre de suite, pourrait-il ajouter son nom à cette liste?

 

De retour au jeu après une absence de quatre matchs, le vétéran était loin de se préoccuper de cette possibilité. « Depuis le temps que je suis dans la Ligue, j’ai cessé de penser à ces décisions qui ne relèvent pas de moi. Je sais qu’il y a des ouvertures, mais mon rôle est de jouer le mieux possible pour obtenir la meilleure utilisation possible. Je me sentais bien ce soir, même si je manquais un peu de jambe en fin de partie. J’étais surtout heureux de renouer avec la compétition. Mais il est clair qu’on devra jouer avec bien plus d’intensité qu’on l’a fait ce soir. Moi le premier… »

 

Shaw s’est retrouvé en avantage numérique à quelques reprises. Tout comme Alex Galchenyuk.

 

S’il n’a pas très bien paru au sein de son trio régulier – avec Shaw et McCarron au centre – Galchenyuk s’est distingué en troisième lorsque le Canadien a profité d’attaques massives pour tenter de revenir dans la rencontre.

 

Avec Drouin et Pacioretty, Galchenyuk a démontré beaucoup plus d’intensité et d’implication qu’il ne le faisait avec des compagnons de trio moins talentueux.

 

Carey Price?

 

ContentId(3.1244798):Canadiens : Jonathan Drouin ne tarde pas à animer le spectacle à Québec (LNH)
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Je ne suis pas du genre à m’en faire avec Price qui demeure un des meilleurs gardiens au monde. Mais comme la dit Claude Julien après la rencontre, les meilleurs gardiens au monde, ne peuvent pas stopper les rondelles qu’ils ne voient pas filer vers eux. Et c’est ce qui est arrivé sur deux des trois buts des Leafs mercredi.

 

Deux matchs pour reprendre confiance

 

Après ses six revers, il ne reste plus que deux matchs au Canadien pour mieux jouer et pour peut-être gagner afin de retrouver un peu de confiance et surtout en générer dans le camp de ses partisans.

 

« On n’a pas encore envoyé un alignement complet sur la glace. Le trio de Drouin a très bien fait ce soir. Le trio à Plekanec a très bien fait lors des matchs qu’il a disputés. Quand on mettra sur la glace tous nos trios et six arrières qui seront capables de défendre notre gardien et de relancer les attaques, on aura une meilleure idée », a défilé le coach du Canadien.

 

Oui, deux matchs pourraient être suffisants pour apaiser la grogne si Claude Julien décidait d’y aller avec des formations complètes. Ce qui n’est pas arrivé encore. Mais ça n’arrivera pas non plus. Du moins pas vendredi alors que le Canadien recevra les Panthers de la Floride.

 

« On est encore dans une situation de trois matchs en quatre soirs et il est hors de question que j’envoie tous mes vétérans deux soirs de suite sur la patinoire en fin de semaine. On va vivre assez de situations semblables en saison, que je ne vais pas prendre des chances en présaison », a plaidé Claude Julien.

 

Cette philosophie se défend.

 

Mais si l'entraîneur du Canadien assure que les choses se replaceront lorsqu’il pourra compter sur une formation complète, il serait bien qu’il puisse s’en convaincre avant le premier match de la saison contre les Sabres à Buffalo la semaine prochaine.

 

Car s’il fallait qu’il amorce sa saison sur les talons, contre des Sabres qui ne devraient pas lui donner du fil à retordre, le Canadien verra que la panique qui s’installe depuis le début du calendrier préparatoire prendra vite de l’ampleur.

 

Beaucoup d’ampleur...