Le Canadien de Montréal fait face à une réalité qui est plus que dure à accepter. Les joueurs ont atteint le maximum de ce qu'ils pouvaient donner cette saison.

Il y a deux semaines après un match contre Chicago, j'avais déclaré à l'Antichambre que les joueurs du Canadien semblaient avoir atteint le maximum qu'ils étaient en mesure de donner. Je sentais un découragement et une baisse d'énergie importante dans les entrevues après la partie et lors de la visite sur notre plateau de Brendan Gallagher. Mais heureusement pour le Canadien, il y a eu quelques jours de congé et l'équipe a connu une belle séquence. À mes yeux toutefois, la difficulté de gagner lors des matchs importants, contre la Caroline et Colubus notamment, en disait long sur la capacité des joueurs à en donner plus.

« Kotkaniemi doit être reposé pour nous aider »

L'incapacité de fermer boutique et de gagner contre la Caroline en dit long tout comme l'incapacité à faire mieux contre Columbus durant les 40 dernières minutes de jeu, jeudi. Le Canadien a été déclassé par les Blue Jackets pendant deux périodes. À quoi peut-on attribuer cette performance : à une baisse d'énergie ou au fait que les deux clubs ne sont pas bâtis de la même façon?

Je pense que Claude Julien a déjà soutiré pas mal de ce groupe. C'est juste dommage d'arriver à ce constat aussi près de la fin de la saison après une si belle campagne. Il faut être conscient que l'on se bute à une possible dure réalité.

Les joueurs n'arrivent plus à offrir 60 bonnes minutes match après match et cette situation peut-être imputable à l'inexpérience de certains joueurs tels que Jesperi Kotkaniemi. Cette fatigue est normale pour lui et ce n'est pas surprenant que l'entraîneur l'ait laissé de côté récemment dans l'Ouest. Le jeune homme n'est pas responsable de ce que traverse le Canadien. Il n'a que 18 ans et il n'a pas atteint sa maturité physique.  Une partie comme celle à Columbus a été difficile difficile pour lui.

Le Canadien a une belle petite équipe rapide avec du caractère, mais les joueurs doivent tellement travailler pour avoir une chance de marque contrairement à une équipe plus talentueuse comme les Blue Jackets, qui a beaucoup de talent en attaque. La différence entre les deux clubs était évidente. On a bien vu Columbus profiter de ses revirements et gagner les batailles à un contre un.  Pour espérer gagner, le Canadien doit avoir la pédale au fond durant toute la partie et créer des revirements avec le résultat que le Tricolore arrive à marquer des buts au pic et à la pelle.  Il y a d'autres clubs qui ont de bonnes-mains et  qui sont capables de jouer de finesse tout en étant intense et physique. C'est la combinaison qui manque au Canadien.

Les joueurs savent qu'ils sont fatigués, mais ils ne ressentent pas les choses parce qu'ils sont impliqués. J'admire l'attitude, le caractère et la bonne volonté de ce groupe. Les intentions de l'équipe sont très bonnes et les joueurs vont continuer de presser le citron au maximum, mais nous sommes rendus au match no 78 et il y a des choses qui sautent aux yeux. Des fois, on a l'impression qu'on a atteint le maximum de nos capacités, mais qu'il reste encore quelque chose à donner. C'est pour cette raison que les joueurs vont continuer à pousser. Mais de l'extérieur, il y a des choses qui n'échappent pas aux observateurs comme un défaut de vitesse pour déborder les adversaires ou encore les luttes pour gagner les bagarres pour les rondelles libres.  On a vu que de mauvaises décisions ont été prises avec la rondelle par les joueurs du Canadien, ce qui trahit une certaine fatigue physique et mentale.

Les joueurs ont tellement poussé toute la saison pour jouer au-dessus de leur tête afin de demeurer dans la course aux séries que ça commence à être normal de manquer d'essence dans le réservoir.

En début de saison, peu de gens prédisaient une place en séries pour le Canadien à moins que Carey Price ne fasse des miracles et depuis le mois de décembre, il joue du très bon hockey. Il n'est aucunement à blâmer pour ce que traverse son équipe. Il était évident que les succès de l'équipe passaient par Price que par bien d'autres. J'aime le virage que le Canadien a pris, mais je pense que Marc Bergevin aurait dû greffer du sang neuf avant la date limite des échanges. Les joueurs qui ont travaillé si fort méritaient d'obtenir du renfort pour les récompenser de leurs efforts. D'un autre côté, je ne suis pas dans le siège du DG. De l'extérieur, ça peut sembler simpliste, mais il faut savoir qu'il n'y a personne qui va faire de cadeaux à un homologue dans la LNH. Bergevin regarde à long terme. Il ne visait pas la coupe cette année et il doit souhaiter que l'avenir lui donne raison d'avoir été patient.

Ce n'est pas impossible que le Canadien participe aux séries, mais le degré de difficulté est très élevé. Étant donné que la Caroline et Columbus ont un match en mains et compte tenu du calendrier du Canadien, ça devient difficile d'être très optimiste. Admettons que les Blue Jackets remportent leur match en mains, ça voudra dire que le Tricolore devra aller chercher au moins trois points de plus que l'équipe de l'Ohio pour se qualifier. Je suis nettement moins confiant aujourd'hui que je ne l'étais il y a deux semaines. Ce n'était pas dans le sac, mais ça augurait très bien à ce moment-là.

*propos recueillis par Robert Latendresse