MONTRÉAL - Considéré par plusieurs comme le meilleur club de la LNH, comme la référence en matière d’équilibre, comme le club à battre, c’est sans grande surprise que le Lightning de Tampa Bay se retrouve en grande finale encore cette année.

 

Malgré ses forces et son absence de grandes faiblesses, malgré le retour en santé et en grande forme de Nikita Kucherov, le Lightning a quand même dû trimer dur pour s’offrir l’opportunité de soulever la coupe Stanley pour une deuxième saison consécutive. Pour la troisième fois de son histoire.

 

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Les « Bolts » ont affronté plus d’adversité en première ronde contre leurs voisins du sud de la Floride que lors des séries au grand complet l’an dernier dans les bulles de Toronto et d’Edmonton. Le duel les opposant aux Hurricanes a été lui aussi ardu en deuxième ronde et contre toute attente, les Islanders ont poussé la finale de l’Association Est à la limite des sept parties.

 

Le parcours difficile qu’a franchi le Lightning démontre à quel point l’ascension menant à la finale de la coupe Stanley est éreintante, marquée d’embûches qui peuvent envoyer dans le vide de très bonnes équipes et les très bons joueurs qui les composent.

 

L’ascension difficile d’un club aussi bien nanti que le Lightning donne encore plus de lustre et de panache à l’épopée du Canadien. Un club qui, contrairement au Lightning, était loin, même très loin, de figurer parmi les formations qui, logiquement, avaient des chances de se retrouver en grande finale.

 

L’opportunité de se croiser en grande finale couronne donc une cascade d’exploits multipliés par les joueurs du Canadien, par leurs adversaires du Lightning. Elle représente une belle récompense. Une récompense dont personne dans le camp du Tricolore ou celui des Bolts n’a envie de se contenter.

 

Le Lightning part favori

 

La coupe Stanley est là. Elle est à portée de mains des joueurs des deux formations. Qui aura la chance de l’étreindre? Qui aura à composer avec l’immense déception de la voir lui glisser entre les doigts?

 

La logique favorise le Lightning quand vient le temps de pointer en direction du gagnant.

 

Les Bolts comptent sur les cinq premiers marqueurs depuis le début des séries :

  • Nikita Kucherov trône au sommet de la liste avec ses 27 points récoltés en 18 matchs. En 17 parties en fait puisqu’il a quitté le sixième match l’opposant aux Islanders très tôt au premier tiers après qu’il eut encaissé un doubleéchec à une hanche. La hanche qui a fait l’objet de l’intervention subie pendant la saison morte et qui l’a contraint à rater toute la saison régulière.
     
  • Brayden Point est non seulement deuxième sur la liste des meilleurs marqueurs des séries. Il est aussi premier avec ses 14 buts marqués en 18 matchs, premier avec ses sept buts en avantage numérique, premier avec ses trois buts gagnants, premier – chez les joueurs ayant disputé plus de 10 parties en séries – avec son efficacité (buts marqués / tirs tentés) de 32,6 %.
     
  • Steven Stamkos et Alex Killorn sont troisième et quatrième sur la liste des meilleurs marqueurs avec 17 points.
     
  • Victor Hedman est le cinquième marqueur toutes positions confondues avec son but et ses 15 mentions d’aide. C’est quatre points de plus que l’excellent Alex Pietrangelo qui a pourtant disputé un match de plus que le pilier à la ligne bleue des Bolts.
     
  • Devant le filet, Andrei Vasilevskiy présente des statistiques qui le placent nez à nez avec Carey Price. Vasilevskiy affiche une victoire de plus que Price et a accordé un but de plus que le gardien du Canadien. Il a toutefois réalisé 29 arrêts de plus que Price (559 / 530) et signé un jeu blanc de plus que le gardien du Tricolore (quatre / un).
     
  • Tyler Toffoli avec ses cinq buts et 14 points est le meilleur marqueur du Canadien. Nick Suzuki le talonne avec ses 13 points. À la ligne bleue, c’est Joel Edmundson qui affiche la contribution offensive la plus généreuse avec ses six passes.

 

En se basant sur la logique et les statistiques, il est bien difficile d’écarter le Lightning de sa place de grand favori pour gagner les grands honneurs de la finale qui débutera lundi au Amelie Arena.

 

Les statistiques et la logique c’est bien beau. Mais elles n’ont pas toujours raison.

 

On l’a d’ailleurs vu lors des deux finales d’associations alors que le Canadien a fait complètement mentir la logique favorisant des Golden Knights qu’ils ont muselés et éliminés en six parties alors que plusieurs – eh oui je faisais partie de ce groupe – croyaient que la logique serait respectée.

 

Les Islanders n’ont pas été en mesure d’imiter le Tricolore, mais le simple fait qu’ils aient poussé la série à la limite des sept matchs leur permet de clamer haut et fort qu’ils ont eux aussi démontré que la logique, une fois en séries, est aussi friable que de la pierre ponce.

 

Défi énorme, mais surmontable

 

Est-ce que le Canadien a des chances de faire mentir la logique et les statistiques favorisant Tampa?

 

Bien sûr qu’il a des chances.

 

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En jouant avec l’efficacité et la confiance qu’il affiche depuis qu’il a fait face à l’élimination dès la cinquième partie face aux Leafs en première ronde, le Canadien est capable de battre n’importe qui. En fait, il est capable de s’offrir les moyens de gagner contre n’importe qui.

 

Il reste à voir ce que l’adversaire sera en mesure de faire pour se défaire des griffes défensives du trio de Phillip Danault; pour franchir le rempart érigé en zone défensive par les quatre défenseurs qui abattent le gros du boulot devant Price; pour arriver à déjouer Carey Price au lieu de s’y buter comme les joueurs des Leafs, des Jets et des Knights l’ont fait très souvent lors des trois premières rondes. Trop souvent pour s’offrir les buts nécessaires pour gagner assez de matchs et de se sauver avec la série.

 

C’est là où les choses pourraient se compliquer pour le Tricolore.

 

Le Lightning a plus de ressources offensives que les trois premiers adversaires du Canadien ce printemps. Le Lightning a une bien meilleure ligne de centre que les Knights qui n’en ont pas vraiment. Le Lightning a des deuxième et troisième trios qui sont plus dangereux que ceux des Maple Leafs et des Jets. Le Lightning a aussi de gros attaquants qui devraient être en mesure d’imiter ceux des Knights qui ont été seuls à donner un peu d’ennuis aux défenseurs du Tricolore.

 

À l’autre bout de la patinoire, ce sera plus difficile encore.

 

Derrière Victor Hedman qui est le meilleur défenseur de la LNH à mes yeux, les Bolts ont des McDonagh, Sergachev, qui l’appuient dans les facettes défensives et offensives du jeu, ils ont Cernak qui est un défenseur bien meilleur que sa réputation l’indique, ils ont David Savard et Jan Rutta qui sont moins utilisés, mais savent maximiser leurs présences.

 

Et ils ont Andrei Vasilevskiy pour s’imposer lorsque l’adversaire arrive à se rendre à lui.

 

Toutes les qualités favorisant le Lightning et l’absence de défauts apparents susceptibles de miner sa formation ne font pas de Bolts une équipe imbattable.

 

Pas du tout.

 

Elles démontrent toutefois que le défi qui se dresse maintenant devant le Canadien sera plus difficile à surmonter que lors des trois premières rondes.

 

Les impondérables favorisent le CH

 

Pour surmonter ce défi et faire mentir ceux et celles qui croient que le Lightning soulèvera une deuxième coupe de suite, le Canadien devra continuer à faire ce qui lui a permis de causer les surprises des séries jusqu’ici.

 

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Il devra compter sur les arrêts aussi importants que nombreux de Carey Price. Quelques vols de grand chemin comme ceux perpétrés aux dépens des Leafs, des Jets et des Knights seront aussi les bienvenus.

 

Il devra compter sur le jeu solide du top-4 à la ligne bleue. Il devra compter sur un arbitrage qui permettra aux Weber, Chiarot et Edmundson de repousser un peu plus les limites de la rudesse autour du filet de Price et le long des bandes en zone défensive. Des limites plus strictes en saison qui ont miné les chances de réussite des gros et plus lents défenseurs du Tricolore. Des limites plus élastiques en série qui leur ont permis d’être aussi bons et efficaces qu’ils l’ont été lors des 17 dernières parties.

 

Il devra compter sur l’efficacité du trio de Phillip Danault dans ses mandats de kamikaze défensif et sur une production maintenue des Suzuki, Toffoli, Caufield qui pourrait ajouter le titre de champion de la coupe Stanley à son titre de champion du dernier championnat du monde de hockey junior, du trio de KK et de celui d’Eric Staal. Un trio qui sera amputé d’un membre important alors que Joel Armia a rejoint son coach Dominique Ducharme sur la liste des membres de l’organisation confinés en isolement en raison de la Covid.

 

Le Canadien n’a peut-être pas le talent brut pour rivaliser avec la Lightning à toutes les positions.

Mais comme il l’a prouvé en effectuant sa remontée victorieuse contre Toronto, en balayant les Jets et en muselant les Knights, la qualité du jeu offert par cette équipe, l’intensité de l’énergie déployée sur la patinoire et cette capacité à pousser les Dieux du hockey à jouer en leur faveur de temps en temps peuvent faire largement contrepoids aux qualités qui favorisent ses adversaires. À la logique qui les donne gagnants. On devrait les mener à la victoire.

 

Et attention! Je ne parle pas de hasard ici.

 

Je parle de la chance que les équipes qui travaillent aussi fort que le Canadien travaille depuis qu’il a amorcé sa remontée contre Toronto, que les équipes qui jouent aussi bien que le Canadien joue depuis qu’il s’est pris en mains en première ronde, que les équipes qui comptent sur la contribution positive de tous ses joueurs comme c’est le cas avec le Canadien depuis 13 matchs, que les équipes qui arrivent à surmonter l’adversité comme le Canadien le fait depuis le début des séries arrivent à faire tourner leur côté.

 

C’est le plus beau des compliments qu’on puisse faire au Canadien.

 

Plus qu’un simple compliment, c’est aussi le baromètre qui pourrait faire tourner les impondérables dans le camp du Tricolore. Et il ne fait jamais sous-estimer la valeur des impondérables. Leur importance.

 

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À eux seuls, ces impondérables n’assurent pas le Canadien d’une 25e conquête de la coupe Stanley. Ils l’assurent toutefois de maximiser ses chances dans le cadre de la 33e présence en grande finale de son histoire.

 

Une présence qui assure le Canadien du respect qu’il faudra toujours afficher à l’endroit de son édition de 2021. Une édition qui passera à l’histoire. Et pas seulement en raison de la Covid. Car peu importe ce qui arrivera dans la finale qui se mettra en branle lundi soir, le Canadien sortira grandi des séries pour tout ce qu’il a accompli jusqu’ici.

 

Parce que je considère depuis le début de la saison le Lightning comme la meilleure équipe de la LNH, parce que j’avais déjà identifié ce club comme champion de la coupe Stanley en lever de rideau des séries et que les Bolts n’ont fait que confirmer mes prétentions aux fils des trois premières rondes, je maintiens ma position selon laquelle la coupe Stanley passera une autre année à Tampa Bay.

 

Mais je serai bien content pour le Canadien et ses partisans s’il arrive à me faire mentir comme il l’a fait en éliminant les Golden Knights de Vegas pour entrer en grande finale par la grande porte.

 

Que les meilleurs gagnent! Et souhaitons-nous une grande série...

 

Prédiction : Lightning en 6