Bon... On ne peut pas contester que la glissade du CH se poursuit. En tant que spécialiste en psychologie du sport, je déteste parler de chance et de malchance parce qu’un athlète ou une équipe n’a pratiquement aucun contrôle sur cet aspect de la game. Les blessures font partie de l’aspect qu’on ne peut pas contrôler. Présentement chez le Canadien, il serait plus long d’énumérer tous les blessés que d’énumérer les effectifs disponibles pour Claude Julien.

 

Les dernières défaites ont fait encore plus mal parce qu’elles survenaient contre des équipes directement en compétition pour une place dans les séries. On peut donc se demander comment les joueurs vont réagir.

 

En réalité, il faut d’abord comprendre que l’échec fait mal. Que ce soit un projet pour lequel vous avez travaillé très fort qui est annulé; un étudiant qui échoue dans ses cours ou un autre qui vit une peine d’amour, l’échec est toujours dur à vivre. Il est aussi très difficile à encaisser pour un sportif professionnel dont l’instinct de compétitivité est extrêmement fort. Psychologiquement, une série de défaites peut entraîner du découragement, de l’abattement et de la colère. La confiance en soi peut être affectée. Le doute peut s’installer. Mais chez le Canadien, en ce moment, ça ne semble pas être le cas. Tout le monde travaille fort et l’esprit d’équipe semble encore très bon.

 

Voilà certainement ce que ressentent les joueurs du Canadien ces jours-ci. Ils travaillent fort, mais les résultats n’arrivent pas. Car avouez que les matchs sont quand même excitants. Alors où est la solution?

 

Elle n’est pas facile à trouver et diffère pour chaque individu. Toutefois, la première chose à comprendre c’est qu’il faut tirer des leçons de tout ça. Il faut apprendre pour l’avenir. Bien entendu, on peut estimer que Drouin, Gallagher et les autres blessés manquent cruellement à une attaque qui peine à se trouver. Mais les joueurs doivent relever la tête et ne pas se réfugier derrière ces excuses.

 

Cela dit, on doit analyser les points positifs pour faire un bilan réaliste. D’abord, les « jeunes » s’en sortent pas trop mal. La commande est très lourde, mais on constate qu’ils relèvent les défis avec passablement d’aplomb. C’est une note encourageante pour l’avenir.

 

D’autre part, les vétérans comme Price, Petry, Weber et les autres doivent puiser dans leur expérience et maintenir le cap tout en continuant à donner l’exemple aux nouveaux. Ils doivent prouver pourquoi ils ont acquis leur réputation et donner le meilleur d’eux-mêmes. Mais s’ils continuent à travailler avec acharnement, à respecter les plans de matchs, à suivre les directives des entraîneurs, ils savent que la traversée du désert est possible. À ce chapitre, je salue l’arrivée d'Ilya Kovalchuk. Bien entendu, il est peut-être moins rapide ou explosif qu’il y a quelques années, mais il ne faut pas négliger la contribution qu’il peut apporter. Dans le vestiaire d’abord, il m’apparait certain que de côtoyer un joueur de son expérience et de son talent est un exemple pour tous les joueurs et surtout pour les plus jeunes. Avec son bagage et ses connaissances, il peut devenir un élément de la relance.

 

D’ailleurs, je ne peux m’empêcher de penser à Alexander Radulov quand il s’était joint au Canadien il y a quelques années. Bien entendu, il était moins âgé, mais il traînait une réputation douteuse qui avait fait peur à plusieurs équipes. Malgré cela, il s’est inséré dans l’alignement avec une volonté et une détermination qui ont changé sa carrière et apporté une grande amélioration à l’équipe. J’espère que Kovalchuk s’amènera avec la même énergie et la même autorité. Il pourrait alors en surprendre plusieurs.

 

Chacun doit donc faire un petit examen de conscience personnel pour comprendre comment s’améliorer. Toutefois, ça ne doit pas devenir une séance de punition. Il faut simplement comprendre ce qui s’est passé pour y réagir avec autorité. Ensuite, l’équipe, comme chacun des joueurs, devra se fixer des objectifs contrôlables et réalisables en y allant séquence par séquence. Il s’agit ici de rebâtir une confiance qui est ébranlée. Alors on se fixe des objectifs réalistes pour chaque présence. Chaque fois qu’on les atteint, on peut aller plus loin. La confiance en soi est quelque chose de fragile et d’éphémère, mais qu’il est possible de reconstruire et de renforcer.

 

Enfin, une fois le bilan fait, il faut retenir les leçons et ne plus y penser. La partie d’hier, c’est le passé. On n’a plus aucune prise dessus. Il faut penser à la partie qu’on prépare. Il faut vivre dans le présent.

 

Dans le même sens, il ne faut pas penser à l’avenir. Il ne faut pas imaginer comment les choses arriveront. Avec une telle attitude, on a tendance à voir la montagne trop grosse et donc insurmontable. C’est pourquoi il faut vivre et jouer dans le présent tout en continuant à trouver des moyens de s’amuser.

 

Ensuite... J’espère seulement que le CH soit animé par une volonté de réussir et qu’ils nous offrent un spectacle intéressant à chacune des parties. Après cela, qui sait? Tout demeure possible. Qui aurait dit en effet en janvier 2019 que les Blues remporteraient la coupe Stanley?