Après un bref passage à vide, le Canadien est de retour sur le droit chemin, ayant connu la victoire à ses trois dernières sorties. C’était cependant bien loin de la perfection lors de ces succès obtenus face au Colorado, à Boston et à la Floride.

De fait, le Tricolore doit une fière chandelle à Carey Price et à Antti Niemi pour leurs superbes prestations devant le filet lors des deux dernières rencontres. S’ils avaient alloué un but de plus en début ou en milieu de partie, probablement que la dynamique de ces deux duels aurait été différente, mais ils ont multiplié les arrêts pour mettre en confiance leurs coéquipiers. Je pense aux huit à 10 tirs de qualité – sur un total de 53 – qu’ont décoché les Panthers sur le filet de Niemi. À l’exception de la formidable feinte de Mike Hoffman, le gardien finlandais les a tous repoussés. Il a finalement été récompensé par une production soutenue à compter du deuxième vingt.

Même si beaucoup d’occasions de marquer ont été accordées face aux Bruins et aux Panthers, je reconnais que l’effort, l’engagement et le souci du détail y étaient. On a vu un Canadien engagé émotivement, prêt à fournir l’enjambée supplémentaire pour compléter un jeu.

Nouveaux trios : Julien a eu du flair

Depuis son retour à la barre de l’équipe au printemps 2017, Claude Julien s’est souvent montré très patient quant à la composition de ses unités offensives. À la mi-saison, il n’avait à peu près touché à son top-9 malgré quelques rencontres plus difficiles. Mais après le désastre offensif à St. Louis, il a cru bon de réorganiser ses combinaisons, et jusqu’à présent, Jonathan Drouin est un de ceux à qui le changement a souri.

Le fait d’évoluer avec Phillip Danault et Brendan Gallagher, deux excellents joueurs en ce qui a trait à la récupération de rondelle, a eu pour résultat de responsabiliser Drouin. J’aimais bien le voir avec Domi, mais leur style de jeu comportait un haut niveau de risque puisqu’ils se cherchaient beaucoup sur la patinoire. Ça leur nuisait plus que ça ne les aidait ces derniers temps.

Par la force des choses, Drouin sera amené à jouer presque toujours contre les meilleurs éléments offensifs adverses, puisque c’est le mandat de Danault. Il devra avoir à cœur sa couverture et ses replis défensifs, et il pourra continuer d’amener des rondelles au filet, mais de manière un peu différente pour soutirer le meilleur des habiletés de Gallagher dans la zone payante.

Le trio : Hudon pour remplacer Byron?

J’ai aussi aimé l’ajustement réalisé durant la partie, mardi soir. En première période, il ne s’était pas généré grand-chose en zone adverse malgré un bel effort collectif. On n’avait lancé que huit fois au filet. Julien s’est rendu à l’évidence : Max Domi a besoin d’être entouré de joueurs créatifs, capables de suivre sa cadence en territoire ennemi. Sans rien enlever à Artturi Lehkonen et Joel Armia, qui possèdent de bons tirs, c’était une question de temps avant qu’on ne les retire du trio de Domi.

J’ai donc apprécié de le voir être jumelé à Tomas Tatar et Paul Byron en deuxième moitié de rencontre. Lors d’une de leurs premières présences ensemble, le no 13 du Canadien a débloqué pour son 15e but de la saison, qui se faisait attendre depuis quelques semaines. Le reste du match a aussi été encourageant à mon sens pour ces trois attaquants.

Finalement, je crois que le fait de ramener Lehkonen et Armia aux côtés de Jesperi Kotkaniemi a du bon aussi. Les trois Finlandais ont une synergie évidente. Ils se connaissent bien et parlent la même langue. Il y a un élément de confort non-négligeable pour le joyau de 18 ans du CH. Avec eux, il ne sentira pas une pression de produire et de faire produire ses partenaires de jeu, mais il aura quand même son « bonbon » sur l’attaque massive.

C’est peut-être une réaction normale, mais plusieurs semblent vouloir voir Kotkaniemi obtenir des responsabilités accrues et jouer dès maintenant avec les meilleurs éléments offensifs du club. On est pressé de le voir gravir les échelons car il montre des étincelles ici et là. Mais à mes yeux, le jeune centre avait connu une baisse de régime ces derniers temps. Ça se ressentait peut-être moins en termes de points car il continue de voir du temps de jeu en avantage numérique, mais je le sentais moins impliqué depuis trois ou quatre matchs. Sans doute est-ce l’effet des nombreux entraînements, du calendrier chargé et du voyagement qui se font ressentir. En ce sens, la pause du Match des étoiles arrive à point.

Dans son cas, il faut gérer les attentes. Il faut éviter d’aller trop vite, sous prétexte qu’il démontre de beaux flashs à sa saison recrue. Le moment où il sera une composante importante de la formation viendra bien assez vite. Mais pour l’instant, poursuivre son apprentissage de manière progressive est le choix intelligent. Pour ma part, je n’ai aucune raison de douter que les décisions des dirigeants du Canadien ne sont pas les meilleures pour son développement à long terme.

Simplifier l’A.N. : la solution logique

On a vu face aux Panthers le capitaine Shea Weber marquer l’une des trop rares buts du Tricolore sur le jeu de puissance dans le dernier mois.

Toujours bon dernier dans le circuit Bettman avec une efficacité de 12,9 % sur l’avantage numérique, le Canadien et ses entraîneurs savent pertinemment qu’ils doivent trouver des façons de simplifier la formule. C’est souvent un retour aux fondements qui est gage de succès dans les unités spéciales.

Et à Montréal, la principale arme de l’attaque massive, c’est bien entendu le tir frappé dévastateur de Weber. Pour une raison que j’ignore, il y a eu une période durant laquelle on s’entêtait à ne pas se servir du boulet de canon de Weber, à cinq contre quatre et même à quatre contre trois. À mon grand étonnement, c’était constamment Drouin ou Domi qui décochaient des tirs. On passait parfois une minute entière à ne pas avoir cherché à alimenter Weber pour un lancer sur réception.

Ce n’est pas toujours une passe savante qui va débloquer sur une bonne occasion de marquer avec un homme en plus. Souvent, c’est une succession de passes rapides qui va permettre à un joueur de se démarquer. C’est ce qui s’est produit avec Armia, Drouin et Weber mardi. Ça en prendra encore davantage pour que cette unité tellement cruciale redevienne menaçante aux yeux des clubs rivaux.

* propos recuellis par Maxime Desroches