Si les deux défaites aux mains des Sabres de Buffalo représentent de bien mauvaises nouvelles pour le Canadien et ses partisans, la mise sous contrat de Brendan Gallagher pour les six prochaines années est elle une fichue bonne nouvelle.

Une bonne nouvelle sur le plan hockey alors que le Canadien s’assure des services de ce diable de petit joueur pour une très longue période. Une bonne nouvelle aussi sur le plan des affaires alors que le Gallagher ne grugera la masse salariale du Canadien que de 3,75 millions pour les six prochaines saisons.

C’est presque une aubaine.

Non seulement ce salaire est raisonnable pour les quatre prochaines années, mais si Gallagher maintient le même rythme au chapitre de son développement et de son dévouement sur la patinoire, les deux dernières années de ce contrat seront elles de véritables aubaines. Car si Gallagher n’avait signé qu’un contrat de quatre ans, il aurait été éligible à l’autonomie complète avant d’amorcer ces deux dernières années de son contrat. Pas besoin d’être devin ou planificateur financier pour assurer qu’une fois éligible à l’autonomie complète, Gallagher aurait encaissé au moins le double du salaire qu’il touchera dans cinq ans avec le Canadien.

Pourquoi alors accepter un tel contrat?

Parce que 22,5 millions $, c’est déjà une fortune. Parce qu’avec une telle sécurité financière, Gallagher se sent bien à l’aise et il tient à grandir avec les autres jeunes qui gravitent autour du noyau du Tricolore. Un noyau qui sera bientôt assez solide pour vraiment reluquer une coupe Stanley.

Et le Canadien? Pourquoi est-ce que Marc Bergevin a-t-il décidé de ne pas imposer un contrat de transition à Gallagher comme il l’a pourtant fait avec Subban, Pacioretty et Price, des joueurs beaucoup plus imposants et importants que Gallagher?

Parce que Bergevin, grâce à Gallagher qui a résisté au chant des sirènes qui incitent les jeunes à demander toujours plus d’argent, toujours plus de millions, vient de signer un contrat de transition de six ans.

Bergevin est bien trop bon homme d’affaires pour crier victoire haut et fort. Pour mettre ce contrat sous le nez de tous ses homologues qui ont sombré dans la folie des millions $ au fil des dernières années en offrant beaucoup plus – beaucoup trop – d’argent à des jeunes encore aux nombrils verts. Mais non seulement vient-il de sauver une fortune à son propriétaire Geoff Molson, mais il vient de mettre les prochains en lice, Alex Galchenyuk en tête, dans une position précaire puisqu’il leur sera difficile de demander la lune après que Gallagher se soit contenté de « si peu ».

Remarquez que Bergevin récolte ce qu’il a semé.

Oui il s’est fait arracher 72 millions $ par P.K. Subban qui est devenu la référence pour les défenseurs et les joueurs vedettes de la LNH en matière de comparatif pour obtenir le plus possible dans leur négociation. Mais Gallagher n’est pas défenseur. Et bien qu’il soit un joueur aimé des fans, il n’est pas adulé comme l’est et le sera P.K. encore longtemps.

Oui Bergevin a aussi accordé 39 millions $ pour six ans à Carey Price. Mais voilà. Price est l’un des deux, trois ou cinq meilleurs gardiens de la LNH. Il est si important pour la cause du Tricolore que ce contrat pourrait être considéré comme une aubaine.

Pacioretty comme bouée

Mais oubliez Subban. Oubliez Price.

La référence pour les mises sous contrat des attaquants du Canadien est Max Pacioretty. Et Pacioretty, le meilleur franc-tireur du Canadien, est sous contrat jusqu’en 2019 à un salaire moyen de 4,5 millions par année.

Cette très bonne affaire – on peut parler de vol ici – est l’œuvre de Marc Bergevin qui a mis sous contrat Pacioretty dans le cadre de son premier très bon coup à titre de directeur général du Canadien.

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Avec Pacioretty qui « se contente » de 4,5 millions $ par année, il était bien difficile pour Gallagher d’exiger davantage.

Lars Eller a obtenu 3,5 millions $ de salaire moyen. Gallagher vient d’obtenir 3,75 millions $. Et si Alex Galchenyuk est prêt à suivre le sentier de son bon ami, il touchera un peu plus de 4 millions $ pour un contrat de quatre, cinq ou six ans.

À moins que Galchenyuk et ses agents voient plus grand que Gallagher et les membres de son clan. Ce qui est possible.

Mais si tel est le cas, Bergevin devra se dresser devant Galchenyuk comme il l’a fait devant Subban. Parce qu’après avoir su imposer des limites salariales aussi intéressantes – pour lui et le Canadien – à Pacioretty et Gallagher, il serait suicidaire pour l’esprit d’équipe et la structure financière de son équipe de se montrer soudainement trop généreux trop vite à l’égard d’un autre joueur de son équipe. Aussi prometteur soit-il. Car si le futur de Galchenyuk est rempli de promesses, des promesses que je crois bien qu’il sera en mesure d’assumer, son présent ne lui permet pas de toucher plus que Pacioretty, ou beaucoup plus que Gallagher.

Bon! Les agents de Galchenyuk et des prochains à vouloir passer à la caisse pointeront le contrat de 5,6 millions $ pour deux ans consenti à Tom Gilbert et demanderont le même genre de générosité à l’endroit de leur client.

Bergevin devra alors faire loin des caméras ce qu’il s’amuse à faire devant les kodaks! Il devra sortir une blague ou une expression colorée de son répertoire pour imputer l’erreur que représente ce contrat à une tempête magnétique qui lui a fait perdre le nord et qu’il s’est depuis doté d’une boussole qui l’aidera à ne plus jamais se faire jouer un aussi mauvais tour.

Tant que cette boussole pointera tout droit sur les contrats de Pacioretty et Gallagher, Bergevin gardera le cap et sortira sain et sauf de ses prochaines négociations…