Il ne reste plus que 12 matchs à la saison du Canadien de Montréal, car même les plus optimistes doivent se rendre à l’évidence qu’il n’y aura pas de hockey à Montréal ce printemps. Qui eut cru qu’après le début de saison du CH, nous aurions déjà lancé la serviette avec une vingtaine de matchs à jouer. Les blessures sont un très gros facteur qui a contribué à la descente aux enfers de l’équipe, mais la perte de Carey Price est LA raison de ces déboires. Sans dénigrer Mike Condon qui a fait un travail plus qu’honnête en son absence. Il est quand même évident que ses performances, jumelées à celles de Scrivens, se sont avérées insuffisantes pour permettre à l’équipe de rester dans la course pour la simple et bonne raison que l’équipe n’est pas ce que nous pensions qu’elle était en raison des prouesses de Price.

Le noyau de l’équipe reste très intéressant avec Price, Subban, Pacioretty, Galchyenuk, Gallagher et Plekanec, mais force est d’admettre que lorsqu’on le compare au noyau des équipes de tête, il en manque un peu du côté offensif. Peut-être que Marc Bergevin décidera de bouger quelques éléments de son noyau, mais il est très difficile de juger de l’extérieur, car, croyez-moi, bien que nous pensons en savoir beaucoup, il y a tellement d’éléments à l’interne qui affectent certaines décisions que nous n’en connaissons pas assez.

Il y a un drôle de phénomène quand vient le temps d’expliquer la malchance qui s’acharne sur une équipe avec les blessures. Historiquement, quand les équipes commencent à avoir quelques blessures, celle-ci finissent souvent par se multiplier. Chaque saison nous voyons des équipes décimées par les blessures et nous disons souvent qu’elles sont tellement malchanceuses. Malheureusement, souvent des blessures en amènent d’autres, car quand une équipe est privée de quelques éléments, d’autres joueurs finissent par prendre les bouchées doubles et jouer des rôles auxquels ils ne sont pas habitués, ce qui les exposent à un plus grand risque de blessures. C’est dommage, mais l’effet domino nuit encore plus à l’équipe.

Pendant ce temps, plusieurs jeunes ont une opportunité de se faire valoir. Certes que c’est une opportunité pour ces jeunes joueurs, mais ce n’est pas nécessairement toujours une bonne chose. Premièrement, ils sont lancés dans la gueule du loup sans trop de support des vétérans établis autant sur la glace que hors glace. Deuxièmement, on leur confie des rôles qu'ils ne sont pas encore prêts à assumer, ce qui donne des matchs comme celui d’hier contre les Panthers de la Floride. Ce qui pourrait être délicat pour le CH, comme c'est le cas avec les Maple Leafs ou toute autre équipe qui misent sur les jeunes pour terminer une saison difficile, est de voir comment réagiront ces mêmes recrues l’an prochain.

Je m’explique. Plusieurs de ces joueurs ont été rappelés pour remplacer des blessés ou des joueurs échangés à la date limite des transactions et se font donner du temps de glace qu’ils n’auraient définitivement pas si l’équipe était dans la course aux séries. De plus, l’entraîneur est probablement moins exigeant et moins strict puisque la saison est déjà perdue. Dans ces conditions, l’entraîneur les « laisse faire leurs erreurs ». En raison de ces circonstances, ces jeunes n’ont pas la vraie expérience de la pression qui vient en performant dans la LNH et ils s’habituent à un temps de jeux qu’ils ont toujours eu dans les rangs juniors et dans les ligues mineures.

Transportons-nous en octobre prochain quand un ou deux joueurs qui perceront l’alignement n’auront fort probablement pas la même utilisation. La majorité de ceux qui sont avec le club en cette fin de saison se retrouvera encore une fois dans les ligues mineures. C’est quelque peu de l’utopie de penser que la majorité de ces jeunes sera dans la LNH. La question est: comment réagiront-ils? Seront-ils capables de performer en jouant 10-11 minutes par match avec la pression de ne pas faire perdre l’équipe? Ceux qui retourneront dans la LAH, seront-ils fâchés ou déçus?

Certains de ces jeunes joueurs auront profité de cette expérience pour s’établir dans la LNH, mais la majorité devra faire un autre pas vers l’arrière avant d’aller de l’avant. Il faudra gérer les attentes de tous ces joueurs en audition et être très franc avec eux pour éviter qu’ils se croient tous prêts pour la LNH la saison prochaine. Croyez-moi (ou pas), la plupart de ceux que nous voyons ne sont pas encore mûrs pour un poste à temps plein dans la LNH, car ils sont encore en mode de développement.