La performance du Canadien, jeudi soir contre les Bruins, a été impressionnante à plusieurs chapitres, surtout compte tenu de l’enjeu au classement de la division Atlantique et du fait que l’équipe de Michel Therrien se butait à une formation mieux reposée qu’elle. Le Tricolore disputait un sixième match en neuf jours, et pourtant cela n’a pas eu d’incidence sur l’effort et l’exécution, particulièrement lors des 40 dernières minutes.

Le Canadien a joué avec tellement de conviction et d’assurance durant sa récente séquence de neufs parties sans défaite en temps réglementaire qu’il vient d’envoyer haut et fort un message à travers la ligue : il fait bel et bien partie de l’élite des formations dans l’Est. Mis à part le rôle prépondérant de Carey Price, c’est la structure de l’équipe qui me convainc qu’il n’est aucunement question ici d’un feu de paille. Certains affirmeront qu’il est impossible de prétendre appartenir à la crème de la LNH sans compter sur un ou plusieurs attaquants parmi les meilleurs pointeurs du circuit.

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C’est pourtant sans l’apport d’une super étoile offensive que les derniers adversaires du CH, les Bruins, ont connu du succès au cours des trois ou quatre dernières saisons. Dans le moment, seuls David Krejci et Milan Lucic (à égalité au 60e rang des pointeurs avec 21 points) sont au-dessus de la barre des 20, et pourtant, il fait peu de doute que la troupe de Claude Julien forme l’une des machines les mieux huilées du circuit Bettman. L’offensive est bien répartie sur plusieurs trios, et on fonctionne en unités de cinq.

Avec trois lignes capables de trouver le fond du filet avec régularité, un duo d’arrières que j’oserais qualifier de meilleur de la LNH présentement et un sérieux prétendant au trophée Vézina entre les poteaux, je n’anticipe pas un ralentissement de sitôt. J’ajouterais que pour la première fois depuis belle lurette, le Tricolore mise sur un quatrième trio polyvalent, à la fois capable d’intimider au plan physique et assez habile – dans le cas de Prust et Moen – pour bénéficier de 8 à 10 minutes de jeu par match sans nuire à l’équipe.

Je me dois de souligner l’efficacité avec laquelle Therrien utilise son duo de gardiens depuis le début de la saison. La division des tâches entre Price et Peter Budaj devant les filets a été brillamment orchestrée par l’entraîneur chef, de sorte que l’on n’a nullement l’impression que l’élément « fatigue » fera partie de l’équation pour Carey cette année comme cela a pu être le cas par le passé.

Un coup de génie

La décision de jumeler le jeune Brendan Gallagher à David Desharnais et Max Pacioretty a été un véritable coup de génie. Même s’il ne produit pas avec la même constance qui le caractérisait sur le trio des jeunes en début d’année, Gallagher a apporté une étincelle et une dose de confiance offensive qu’on croyait parties pour de bon à deux joueurs clés du CH à l’attaque. Sa rapidité fait reculer les défensives adverses, et crée de l’espace additionnel pour que les deux autres se repèrent avec aisance en zone offensive.

Pendant ce temps, les choses commencent à débloquer pour Daniel Brière en ce qui a trait à sa contribution offensive, et ce, en dépit de son temps d’utilisation réduit. Il n’y a pas de réelle explication à son faible temps de jeu, lui qui a passé 7:45 sur la glace lundi, puis 9:33 jeudi. Il ne joue  pas sur la première vague d’avantage numérique, et n’est pas un membre de la brigade en infériorité numérique. Connaissant l’importance qu’il accorde à la victoire et aux succès des siens, il serait bien étonnant qu’il décide d’aller cogner à la porte de l’entraîneur Therrien.

Pendant ce temps, une autre facette qui, à mon sens, a fait une différence notable durant la première portion du calendrier est l'entente exceptionnelle qui s’est installée entre Therrien et son équipe d’adjoints. Non seulement a-t-il su bien s’entourer avec la présence des Gerard Gallant, Jean-Jacques Daigneault, Clément Jodoin et Stéphane Waite, d’excellents hommes de hockey qui apportent tous une contribution non-négligeable, mais on sent réellement qu’on a affaire à un groupe d’amis qui éprouvent du plaisir à coacher ensemble et qui poussent dans la même direction. Ça se reflète sur la patinoire lorsqu’on voit un groupe de joueurs uni, où chacun connaît pleinement sa place.

Une autre scène à glacer le sang

L’affrontement de jeudi a donné droit à une autre scène pénible à regarder lorsque le défenseur Johnny Boychuk a donné contre la bande après une mise en échec de Max Pacioretty. En plus de refroidir les ardeurs des joueurs des deux équipes, l’incident, j’en suis persuadé, a dû tracasser l’attaquant du CH pendant plusieurs minutes. Pacioretty n’a pas la réputation d’un joueur salaud, ayant lui-même subi un sérieux traumatisme il y a presque trois ans, et le comité de discipline de la LNH a déjà indiqué qu’il ne sévirait pas à son endroit.

Il demeure néanmoins que Boychuk était dans une position de vulnérabilité, et qu’il tournait le dos à son rival. Généralement, lorsque l’assaillant voit les numéros de sa victime – et c’était le cas hier à mon avis –, il y aura toujours un niveau de danger. La ligne est mince quand vient le temps de juger ce type mise en échec par derrière, mais au final, mon verdict aurait été la même que celui qu’a fait connaître la LNH vendredi après-midi.

*Propos recueillis par Maxime Desroches