Sommaire

Le Canadien ne s’est pas assuré d’une place en séries en gagnant lundi soir à Calgary... mais pas loin.

En battant les Flames 2-1 dans le cadre d’un match dont le score final primait et de loin sur la qualité du spectacle, Dominique Ducharme et ses joueurs ont aussi, et peut-être surtout, calmé la tempête qui les aurait secoués tout au long de l’envolée vers Montréal s’ils avaient perdu une troisième fois de suite à Calgary. Une tempête que les critiques sur tous les fronts auraient attisée jusqu’au prochain match.

L’accalmie risque d’être de courte durée puisque ce sont Auston Matthews et les Maple Leafs qui seront au Centre Bell mercredi soir. S’ils stoppent une fois encore à une la série de victoire du Tricolore, la fureur repartira de plus belle.

Mais d’ici là, cette victoire ô combien nécessaire offre quand même au Canadien une avance de six points avec un match en mains sur les Flames.

Avec encore huit matchs à disputer, les Flames ne peuvent donc récolter plus de 61 points. En amassant 11 points lors de ses neuf dernières parties, le Canadien leur fermerait la porte au nez. Et comme les Flames ne jouent même pas pour ,500 (10-12-0-0) depuis que Darryl Sutter a pris la relève à Geoff Ward, les chances qu’ils gagnent leurs huit derniers matchs sont plutôt minces.

Ce qui aidera la cause du Canadien.

«La défaite de ce soir fait mal, c’est clair. Nous garderons un œil sur les résultats du Canadien, mais en même temps, nous devons d’abord et avant tout gagner sinon ça ne servira à rien de regarder ce qui se passera du côté de Montréal. On doit gagner notre prochain match. Et une fois ce match gagné, on devra gagner celui qui suivra. Nous savons très bien dans quelle position nous nous retrouvons. Mais il y a toujours de l’espoir», a reconnu le capitaine des Flames Mark Giordano.

Le mot espoir est aussi sorti de la bouche d’Elias Lindholm, de celle de Sean Monahan et aussi du gardien Jacob Markstrom. Mais bien qu’ils aient tous prononcé le mot espoir, on sentait l’omniprésence du désespoir dans leurs propos.

ContentId(3.1387787):LNH : Canadiens 2 - Flames 1 (hockey)
bellmedia_rds.AxisVideo

Et les Canucks? Vrai qu’ils ont encore 14 matchs à disputer. Mais ils viennent de perdre deux fois contre Ottawa. Ça n’aidera pas leur cause surtout qu’ils devront se taper quatre fois des séquences de deux matchs en deux soirs d’ici la fin du calendrier. Ils disputeront aussi 12 matchs en 19 jours au mois de mai. Un rythme infernal. Leurs chances de rejoindre et de dépasser le Canadien sont aussi minces à mes yeux que celles des Flames.

Entrée réussie pour Caufield

En plus de calmer la tempête qui lui pendait au-dessus de la tête, la victoire de lundi à Calgary permet à Cole Caufield d’obtenir toute l’attention qu’il mérite après une entrée pleinement réussie.

« La pire chose pour Caufield aurait été de scorer un but »

Même s’il n’a pas marqué!

Vénéré avant même qu’il ne donne un premier coup de patin dans la LNH, l’Américain de 20 ans a disputé un très bon match de hockey. Il n’a pas le moindrement semblé impressionné par le fait de se retrouver sur une patinoire dans la Ligue nationale alors que tous les yeux – ceux des partisans du Canadien bien sûr – étaient rivés sur lui afin d’épier ses moindres gestes, de relever ses bons coups, de souligner ses erreurs. Il n’a pas semblé le moins du monde intimidé par ses adversaires – on aurait juré que la pose épaule contre épaule avec Johnny Gaudreau dont il suit les traces depuis des années lors de la mise en jeu initiale était arrangée avec le gars des vues – par ses coéquipiers, par le fait d’être envoyé sur la patinoire en avantage numérique.

Cole Caufield est un marqueur. C’est parce qu’il a toujours marqué à profusion qu’il a été repêché en première ronde – 15e sélection – en 2019 par le Canadien. C’est pour la même raison qu’il a reçu le trophée Hobey Baker à titre de joueur de la dernière année dans les rangs universitaires américains.

Un marqueur, ça doit marquer. Je le sais très bien. Mais je persiste à croire que le fait de ne pas avoir marqué dès son premier match est peut-être la meilleure chose qui pouvait lui arriver.

Premièrement, ça calmera les ardeurs des uns, et les attentes des autres. Deuxièmement, ça nous a permis de réaliser que Caufield n’est pas seulement un marqueur. Qu’il est capable de jouer au hockey. Qu’il est capable de s’impliquer ; d’orchestrer des attaques vers la zone ennemie ; de partager les responsabilités avec ses compagnons de jeu au lieu de les laisser suer sang et eau en attendant qu’ils lui offrent des occasions de marquer.

C’est tout ça que j’ai aimé du premier match de Cole Caufield. J’ai aussi beaucoup aimé sa capacité de dégainer rapidement. Outre son premier tir, le premier du match si je ne m’abuse, qui est venu de l’enclave, les quatre autres qu’il a décochés l’ont été d’angles assez fermés. Trois ont quand même touché la cible. Caufield surprendra moins souvent les gardiens de la LNH qu’il surprenait les gardiens qu’il affrontait dans la NCAA avec des tirs du genre. Mais en dégainant comme il l’a fait, il a affiché une confiance en lui qui est importante. Qui est nécessaire pour réussir à marquer dans la LNH.

Bien qu’il ait tiré d’angles difficiles qui étaient loin de mousser ses chances de marquer, ces tirs ont permis de prolonger des attaques en zone ennemie alors que ses coéquipiers ont pu foncer sur des retours.

Caufield a aussi complété un bel échange avec Danault et Tatar sur une entrée en territoire pour ensuite demeurer en mouvement continuel afin d’offrir des options de passes à ses coéquipiers ou de foncer sur des rondelles libres. Rien de spectaculaire vous direz. Mais c’est justement le genre de hockey qu’un jeune doit offrir pour se faire une place au sein du vestiaire.

Caufield a aussi raté une réception de passe. Il a ouvert la porte à une poussée des Flames en première période lorsqu’il est entré en collision avec Erik Gustafsson. Comme le reste de l’équipe, il a été visible en première période, très effacé en période médiane et prudent au dernier tiers. Mais d’une présence à une autre, il était au diapason avec ses coéquipiers au lieu d’être un boulet pour Danault et Tatar.

Et ça, c’est peut-être la plus belle note qu’on puisse lui donner dans le cadre de ce premier match.

Pour les buts, ils viendront. Le gars a une touche et une vitesse qui lui permettra sans l’ombre d’un doute de marquer dans la LNH. Combien de fois? Le temps le dira.

Romanov écope

Pour dégager assez d’argent sous le plafond salarial et ainsi insérer le contrat de Cole Caufield, le Canadien a dû envoyer Alexander Romanov au sein de l’équipe de réserve.

Une décision vertement critiquée, mais une décision nécessaire en raison des règles régissant les mouvements de personnel et des contraintes financières imposées par la LNH.

Le retrait de Romanov a permis au Canadien de soustraire son salaire (1 117 500 $) de la masse salariale. Ce retrait combiné au coussin de 343 334 $ dont le Canadien disposait hier en raison de la présence de Brendan Gallagher sur la liste des blessés à long terme donnait une marge suffisante (1 460 834 $) pour ajouter le salaire de Caufield (1 200 833 $) à la masse salariale du club.

En passant, le salaire initial de Caufield – incluant les primes qui doivent être comptabilisées parce que le Canadien profite d’un allègement en raison de la présence de Gallagher sur la liste des blessés à long terme – est passé de 1 308 333 $ à 1 200 833 $ parce que la prime de 107 500 $ qu’il aurait touchée s’il avait disputé 20 matchs cette saison – 14 dans les paramètres de la saison écourtée – n’est plus atteignable.

C’est compliqué. Je sais.

Mais attention : ça se complique davantage lorsqu’on se demande pourquoi le Canadien a «sacrifié» Romanov et non des joueurs qui semblent moins utiles comme le vétéran Eric Staal ou les nouveaux venus à la ligne bleue John Merrill et Eric Gustafsson?

Techniquement, le Canadien aurait pu soumettre Staal, Merrill, Gustafsson ou tout autre joueur au ballottage et souhaiter qu’il soit réclamé afin de soustraire son contrat de la masse. Mais une fois boudé par les autres clubs – les chances que l’un ou l’autre soit réclamé étaient presque nulles – Staal, Merrill, Gustafsson ou tout autre joueur qui était de la formation régulière le 12 avril dernier, à 15 h, lorsque le couperet est tombé sur la période des transactions aurait dû réintégrer la formation.

Pourquoi? Parce que la LNH interdit de céder ces joueurs dans les mineures – le club de réserve est l’équivalent d’un club-école en matière de gestion de personnel – pour permettre de créer de l’espace sous le plafond. Seuls les joueurs qui étaient dans les mineures – ou l’équipe de réserve – lorsque le couperet est tombé sur la période des transactions peuvent être ainsi sacrifiés.

Outre Romanov, Cayden Primeau, Jake Evans, Cole Caufield, Xavier Ouellet et Paul Byron étaient au sein du club de réserve à 15 h le 12 avril dernier. Mais parce que Paul Byron était blessé hier, il devait demeurer avec le grand club.

C’est d’ailleurs en raison de l’incertitude associée aux états de santé de Byron, de Jonathan Drouin et de Tomas Tatar que le Canadien a pu rappeler Caufield par mesure d’urgence.

Une mesure très favorable pour le Canadien qui conserve donc le quatrième et dernier rappel régulier dont il dispose jusqu’à la fin de la saison régulière.

Le Canadien pourra utiliser ce dernier rappel pour «remonter» Romanov avec le grand club s’il décide de le faire. Mais comme le Canadien a déjà sept défenseurs disponibles au sein de sa formation, il pourrait aussi décider de garder Romanov avec le club de réserve pour insérer Caufield ou Evans avec son dernier rappel régulier.

Il est important de préciser que Caufield et Evans, tout comme Cayden Primeau, sont avec le «grand club» en raison des urgences reliées aux blessures de Carey Price, Jonathan Drouin et Paul Byron. Lorsque ces urgences seront passées, ils devront d’abord être retournés au club de réserve avant que l’état-major décide, ou non, de les rappeler.

Evans et Allen dans l’ombre

Même si toute l’attention était centrée sur Cole Caufield lundi et que le petit gars a pleinement réussi sa rentrée avec le Canadien, il est important de souligner la qualité du match disputé par les deux Jake du Tricolore : Allen devant le filet ; Evans au centre du quatrième trio.

Le premier a été une fois encore très solide en relève à Carey Price. Rien de spectaculaire, rien de miraculeux, mais du travail bien fait dans des circonstances pas évidentes. Allen n’a fait face qu’à 22 tirs. Et ce n’est pas comme si plusieurs de ces tirs s’étaient traduits par de sensationnelles occasions de marquer. Mais dans le cadre d’un match qu’il se devait de gagner, le gardien a donné une chance à son équipe d’y arriver.

«Il passe sous le radar, mais Jake a encore été très solide ce soir», c’est d’ailleurs assuré de souligner l’entraîneur-chef Dominique Ducharme.

Le deuxième a été meilleur encore. Du moins à mes yeux. En 20 présences totalisant 13:34 de temps d’utilisation, Evans a joué avec vitesse, détermination, et conviction. Sa vitesse et celle d’Artturi Lehkonen a grandement aidé la cause d’Eric Staal qui a pu se concentrer sur ses responsabilités de fermer l’enclave alors que ses deux coéquipiers pourchassaient sans relâche leurs rivaux pour les pousser à l’erreur.

En prime, Evans a bourdonné autour de filet de Jacob Markstrom donnant au quatrième trio une utilité évidente tout au long du match.

Evans a aussi été très actif et efficace en situation de désavantage numérique bien qu’il était sur la patinoire lorsque les Flames ont profité d’une de leurs trois attaques massives pour niveler les chances en première période.

En jouant comme il l’a fait lundi, Jake Evans a une fois encore démontré qu’il mérite sa place au sein du quatrième trio du Tricolore sur une base régulière. Il l’obtiendra peut-être l’an prochain...

Entre les lignes

-Tyler Toffoli a marqué son 25e but de la saison lundi. Il partage le 4e rang de la LNH avec Brad Marchand, derrière Auston Matthews (34), Connor McDavid (28) et Mikko Rantanen (26). Ce cinquième but gagnant de l’année le place sur un pied d’égalité avec Josh Anderson chez le Canadien. C’était aussi la 7e fois cette saison qu’il marquait pour donner une avance d’un but à son équipe...

-Shea Weber a mis un terme à une séquence de 21 matchs – depuis le 10 mars à Vancouver – sans avoir touché le fond du filet en donnant les devants 10 au Canadien lundi soir. Le capitaine a marqué son sixième de la saison, son quatrième en avantage numérique, en déjouant Jacob Markstrom d’un puissant tir frappé.

-C’était un 106e but en attaque massive en carrière pour Weber. Il occupe le premier rang chez les défenseurs actifs et le 10e rang dans l’histoire pour le nombre de buts en attaque massive marqués par un défenseur. Raymond Bourque, avec 173, trône au premier rang...