On dit que la position de défenseur au hockey en est une qui requiert énormément de patience lorsque vient le temps de parler du développement de l'athlète. Après deux saisons professionnelles partagées entre Montréal et Hamilton qui ont soulevé plus de questions qu'elles n'ont donné de réponses en ce qui concerne Nathan Beaulieu, le jeune homme semble finalement prêt à faire le prochain pas dans son cheminement.

Utilisé en compagnie de Sergei Gonchar au sein du deuxième duo de défenseurs des Canadiens depuis trois matchs, trois victoires, il gagne en confiance. Il est par moments le plus utilisé à forces égales, il affronte de meilleurs trios adverses, il gagne du galon. Beaulieu profite certainement de toute l'expérience du vétéran de 40 ans qui l'épaule et qui est qualifié par ses pairs et ses entraîneurs d'excellent communicateur, un mentor parfait quoi. Le choix de première ronde de 22 ans du Tricolore a aussi fait son propre examen de conscience et c'est ce processus qui lui est le plus bénéfique.

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Il a lui-même parlé de réveil en faisant allusion à son plus récent renvoi dans la Ligue américaine de hockey. Il n'y avait pas de plan pour son prochain rappel, pas d'échéancier. Un billet aller simple pour Hamilton. Un pas en arrière sans perspective claire du moment de son prochain match dans la LNH. Il y avait aussi Gonchar et Bryan Allen, deux défenseurs expérimentés dont la présence ajoutait à l'incertitude installée, qui s'étaient amenés tous les deux depuis le début de la saison. Un début de saison en deçà des attentes pour Beaulieu après avoir gagné sa place vers la fin du calendrier préparatoire.

Nathan Beaulieu, fier des statistiques accumulées à tous les niveaux où il a évolué, devait désormais oublier la feuille de pointage et se concentrer à reprendre confiance en devenant un défenseur fiable, constant et déterminé. Avec les Bulldogs d'abord. Les points viendront, les habiletés offensives ne le quitteront pas.

De toutes les raisons qui peuvent expliquer sa progression, il y en a une qui a attiré mon attention. Il y a bien sûr son immense talent, deux années professionnelles d'expérience et de maturité. Il y a aussi qu'i ne se laisse pas piler sur les pieds. Mais il y a également deux anciens défenseurs dans l'organisation des Canadiens qui ont percé l'alignement d'une équipe de la LNH à un jeune âge avant d'avoir à aller parfaire leur apprentissage quelques saisons plus tard lors d'un passage dans la LAH.

Jean-Jacques Daigneault, l'actuel entraîneur en charge des défenseurs du Canadien, a joué dans la LNH à 18 ans pour les Canucks. Une fois avec les Flyers, il avait près de 250 parties à son actif dans la LNH lorsqu'on lui a montré le chemin de Hershey avant de passer aux Canadiens où il a joué à Sherbrooke, le club-école. Il en jouera 750 de plus une fois de retour dans la grande ligue.

Marc Bergevin avait 19 ans lors de son premier match avec les Blackhawks. Il avait plus de 300 parties LNH sous la cravate lorsque les Islanders l'ont rétrogradé à Springfield de la LAH. Il en jouera plus de 900 supplémentaires, si on inclut les séries, avant de mettre un terme à sa carrière. Un processus bénéfique pour les deux à défaut d'être plaisant.

Ils se sont assis tous les deux avec Nathan Beaulieu à New York en novembre lors du renvoi à Hamilton du défenseur. Deux alliés pour Beaulieu qui lui ont partagé leur parcours.

Le message était clair mais pas fataliste. Plutôt positif même. On lui a relayé le message que l'organisation ne baissait pas les bras, ne se décourageait même pas un brin, mais qu'elle voulait le voir se prendre en main. Une bonne attitude allait maintenant être obligatoire. Non pas que celle de Beaulieu était excécrable; il devait comprendre que rien ne lui était dû mais que du même souffle il n'avait qu'à forcer la main de l'organisation s'il voulait cette chance de se faire valoir qu'il réclamait tant. Une organisation qui a prouvé qu'elle n'hésitera pas à faire de la place pour se rajeunir à des positions clés si sa jeunesse le mérite.

Pour le moment, l'expérience fonctionne. Beaulieu est plus solide. Il ne s'attarde pas qu'à l'attaque et aux statistiques. Il ne tente pas de survivre pour avoir droit à une autre présence, il ne joue plus avec la crainte de commettre des erreurs. Il joue, un point c'est tout. Il relance l'attaque, il prend des décisions, il fait face aux adversaires.

Il y a encore beaucoup à apprendre pour un défenseur de 22 ans qui n'en est qu'à ses premiers véritables pas dans la LNH, mais chose certaine, avec l'encadrement approprié au bon moment, on semble être sur le bon chemin.