Après un match facile, très facile, peut-être même trop facile mardi soir, à Detroit, j’avais hâte de voir comment le Canadien amorcerait une rencontre qui s’annonçait plus difficile à New York contre les Rangers.

 

La réponse est tombée vite. Et elle était loin d’être bonne cette réponse en ce sens que le Canadien s’est fait déclasser complètement dès la première mise en jeu.

 

Impossible ici d’écrire qu’il s’est fait surprendre. Car mercredi, les Rangers ont donné beaucoup d’ennuis à la meilleure équipe de la LNH forçant le Lightning à plonger dans ses ressources pour l’emporter en prolongation.

 

Après une journée de congé mercredi, le Canadien s’est donc fait avertir plusieurs fois jeudi et encore vendredi de l’importance de prendre les Rangers au sérieux. De respecter leur vitesse. Leur caractère. Leur ténacité.

 

Même s’il était bien reposé, même s’il était bien préparé et surtout bien conscient du défi qui l’attendait, le Canadien n’a pas été dans le coup du début à la fin du premier tiers.

 

Si les Rangers n’ont pu marquer plus d’un but, c’est parce que Carey Price a joué comme la pierre angulaire qu’il est. Un gros arrêt ici, deux très gros là-bas et le pire était évité. Malgré ces arrêts importants, Price a indiqué après la rencontre qu’il ne se sentait pas à son mieux au cours de la première période. Ça ne paraissait pas. Mais alors pas du tout.

 

En deuxième?

 

Le Canadien n’a pas mieux amorcé l’engagement qu’il n’avait amorcé le match. Et encore, c’est Price qui a sauvé les fesses de son équipe en effectuant un arrêt de la jambière sur une glissade vers sa gauche. Pas un arrêt du désespoir. Un arrêt solide, un vrai de vrai, sur un déplacement contrôlé au terme duquel le gardien qu’une majorité des joueurs de la LNH considèrent toujours – selon un sondage mené par nos collègues de site The Athletic – comme celui qu’ils voudraient voir derrière eux dans un septième match d’une finale de la coupe Stanley s’est dressé devant Vladislav Namestnikov.

 

Le Canadien était alors totalement emboîté.

 

Un club, deux visages

 

Pourquoi le Canadien était-il autant emboîté? Pourquoi devait-il s’en remettre autant à Carey?

 

ContentId(3.1310389):Canadiens : Hattutemppu Joel Armia! (LNH)
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Parce que le Canadien est vulnérable quand il croise une équipe qui est aussi rapide que lui. Parce qu’il est incapable de se mettre en marche quand l’opposition est féroce. Plus agressive. Plus soutenue. Comme on l’a vu lundi dernier au New Jersey.

 

Quand l’adversaire a le malheur d’ouvrir la porte au CH, il sait en profiter. Et comme il a le talent nécessaire pour marquer, on a alors l’impression que ce club est en mesure de réaliser de grandes choses. De se rendre loin.

 

Mais quand c’est difficile, on se demande s’il peut atteindre les séries.

 

Comme c’est souvent le cas quand le Canadien est en panne et/ou qu’il s’en remet beaucoup trop aux arrêts de son gardien, Brendan Gallagher est alors arrivé en renfort pour survolter une batterie à plat.

 

Secoué quelques minutes plus tôt à la suite d’une collision avec Chris – encore lui – Kreider, Gallagher aurait pu être envoyé en salle de repos pour déceler une possible commotion.

 

Une chance pour le Canadien, il a pu garder sa place au banc et vite reprendre sa place ensuite sur la glace.

 

Et là, à la façon Gallagher, il a foncé au filet et oui a marqué le but dont le Canadien semblait avoir besoin pour réaliser que oui, le match était bel et bien commencé, et même qu’il était en train de lui filer entre les doigts.

 

Chanceux Gallagher sur ce 28e but de la saison? Un brin ou deux oui. Car la rondelle a trouvé Tomas Tatar plus que Tomas Tatar a trouvé la rondelle qu’il a ensuite envoyée dans l’enclave au cas ou Gallagher y serait. Eh oui! Gallagher y était.

 

Ça s’appelle mettre les chances de son côté.

 

La victoire a suivi.

 

À une victoire de Jacques Plante

 

Où serait le Canadien sans les arrêts de Carey Price?

 

La réponse est facile à trouver. Il serait nulle part. En fait oui: il serait en plein marasme, là où il a failli s’enliser plus tôt cette saison lorsque Price a admis que le physique et la concentration n’étaient pas à point.

 

Mais depuis que Price a retrouvé forme et confiance, il a repris sa place au sein l’élite des gardiens de la LNH.

 

En multipliant les arrêts, en enfilant les victoires, il est maintenant à trois victoires des meneurs de la Ligue: Frederik Andersen, des Leafs, et Marc-André Fleury, des Golden Knights, qui en revendiquent 30.

 

Price a encore été la pière maîtresse

Plus encore, Price est maintenant à une victoire du record de gains en carrière pour un gardien du Canadien. Ce record est de 314 victoires et il appartient depuis longtemps, mais plus pour longtemps à Jacques Plante.

 

Pas question de prétendre que Price est meilleur que Plante. Les époques sont différentes, les règles et les défis le sont aussi.

 

Mais au-delà les comparaisons aussi boiteuses soient-elles, il n’en demeure pas moins que Price prouve à quel point les succès de l’équipe sont directement reliés à ses succès personnels.

 

C’est pour cette raison qu’il doit être devant le filet une fois encore samedi malgré la situation de deux matchs en deux soirs.

 

Contre des Penguins qui soufflent dans le cou du Tricolore et avec des Hurricanes qui ne perdent plus et qui sont sur le point de le dépasser, le Canadien doit mettre toutes les chances de son côté.

 

Qu’on donne tous les congés d’entraînement qu’il voudra à Price pour lui permettre de retrouver son souffle, de garder sa concentration aiguisée et de ménager ses chevilles, ses genoux ou l’ensemble de son « bas du corps ».

 

Mais qu’on le garde devant le filet le plus souvent possible. Surtout quand c’est nécessaire.

 

« Si Carey est frais et dispo demain, peut-être qu’on va considérer sa présence devant le filet demain », a indiqué Claude Julien après le match.

 

J’espère que ça veut bel et bien dire qu’il sera devant la cage.

 

Surtout que Price lui-même semblait bien prêt à relever le défi lorsqu’on lui a posé la question après sa 313e victoire : « on verra demain, mais c’est possible ».

 

Ce n’est pas seulement possible, c’est nécessaire!

 

L’effet Gallagher

 

Carey Price peut faire tout ce qu’il est humainement possible de faire à son bout de la patinoire, mais il ne peut marquer à l’autre bout. Du moins rarement…

 

Ce qui m’amène à vous poser la même question avec un nom différent en guise de conclusion: où diable serait le Canadien sans les buts importants de Gallagher?

 

Je ne sais pas. Mais j’ai nettement l’impression qu’il ne serait pas au plus fort de la lutte pour une place en séries.

 

Gallagher est une valeur plus que sûre

Le Canadien aurait facilement pu se faire sortir du match par des Rangers plus aiguisés, plus acharnés, simplement meilleurs en première période vendredi.

 

Mais Gallagher a encore été là pour marquer le gros but qui a lancé l’équipe.

 

« On peut toujours se fier sur lui », a souligné Claude Julien après le match.

 

Je ne sais pas pour vous, mais je crois qu’il s’agit là d’un des plus beaux compliments qu’un coach puisse faire à un de ses joueurs.

 

En bref

 

  • Dans la foulée des arrêts de Price et du but « rampe de lancement » qu’a marqué Gallagher, il est important de souligner l’éveil offensif de Joel Armia qui a atteint le plateau des 10 buts en réalisant le tout premier tour du chapeau de sa carrière. Armia a profité d’un bon favorable sur son premier et il a marqué dans un filet désert sur son troisième. Mais quand même. Il joue avec assurance et aplomb ce qui aide la chance à être de son bord et non contre lui...

 

  • Joel Armia a imité Andrew Shaw qui a lui aussi réalisé son premier tour du chapeau en carrière mardi à Detroit. C’était la première fois que des joueurs du Canadien réalisaient des tours du chapeau dans deux matchs consécutifs depuis Andrei Kostitsyn et Maxim Lapierre les 27 et 29 décembre 2008...

 

  • Sur son deuxième but, Armia a démontré sa force et son habileté à bien protéger la rondelle lorsqu’il l’a contrôlée en zone ennemie. Sur ce jeu, Jesperi Kotkaniemi a aussi récolté sa 21e passe de la saison, son 32e point de la saison. KK n’a pas disputé un grand match vendredi. Il s’est rendu coupable de quelques pertes de rondelles et un manque de communication avec Jordie Benn sur les mandats à remplir en repli défensif a coûté en partie le premier but des Rangers. Mais ces erreurs font partie de l’apprentissage. Et quand on voit la recrue réaliser des jeux comme celui qui a mené au deuxième but d’Armia, on se dit que le Canadien doit s’assurer de prendre bien soin de bien le développer et de vivre avec ses erreurs parce qu’il a vraiment un joyau à polir entre les mains...

 

  • Bien qu’il semble incommodé par une blessure, Shea Weber a passé près de 24 minutes sur la patinoire vendredi. Il a atteint la cible cinq fois sur les sept tirs qu’il a décochés il a bloqué cinq tirs et a été crédité d’une mise en échec...

 

  • Le Canadien a bousillé deux avantages numériques vendredi. En fait on peut dire un seul puisque lors de la deuxième supériorité numérique, Jeff Petry a écopé une pénalité après 22 secondes seulement. Une bonne pénalité s’il en est une, puisque Mika Zibanejad allait profiter d’une échappée, n’eût été geste illégal de Petry. Le CH a été blanchi à ses trois derniers matchs (0 en 6) et il n’affiche qu’un but en supériorité numérique à ses neuf dernières rencontres (1 en 21)...

 

  • Acquis des Jets en retour de Kevin Hayes, Brendan Lemieux a marqué son premier but avec les Rangers contre le Canadien. Il avait d’ailleurs marqué l'un des deux buts des Jets lors de leur récente visite au Centre Bell. Lemieux a obtenu six tirs au but, un de moins que son coéquipier Vladislav Namestnikov qui a dominé les joueurs des deux camps avec 7...