Étonnamment, en ce début de saison, Joel Armia s’avère être le meilleur buteur chez le Tricolore, ayant déjà fait vibrer les cordages à six reprises. Ce fait d’armes est d’autant plus impressionnant considérant que le Finlandais a dû s’absenter, pendant quelques rencontres, en raison d’une blessure.

Pourtant, lors de sa première campagne avec le Canadien, Armia n’avait inscrit que 13 buts en 57 parties. Ce fut d’ailleurs un sommet en carrière à ce chapitre pour l’attaquant.

Alors, comment expliquer cette récolte offensive bonifiée du numéro 40 de la Sainte-Flanelle en ce début de calendrier? S’agit-il d’une anomalie statistique ou plutôt d’une tendance qui devrait s’inscrire dans la durée?

Cette année, Joel Armia exploite mieux l’enclave, ce qui est cœur de ses succès offensifs, alors que le principal intéressé a inscrit cinq de ses six filets depuis cet emplacement. Par le passé, le Finlandais tirait beaucoup plus fréquemment depuis la périphérie et conséquemment faisait moins souvent scintiller la lumière rouge.

Au mois d’octobre 2019, pour un même temps d’utilisation à forces égales, Armia se hisse au deuxième rang chez le Tricolore quant au nombre de tirs cadrés depuis l’enclave. Plus précisément, 62% des tentatives de tirs d’Armia ont pour origine l’enclave cette saison, comparativement à 52% lors de la campagne précédente.

Il s’agit d’une hausse significative qui explique directement la production offensive accrue du Finlandais.

Aujourd’hui, la clé pour marquer dans la LNH est de tirer depuis l’enclave. Les gardiens sont tellement performants que seuls les lancers décochés depuis des angles optimaux et une courte distance peuvent battre avec régularité ces athlètes d’exception. C’est pourquoi plus de 84% des buts marqués dans le circuit Bettman cette année ont pour origine l’enclave.

Seuls les meilleurs francs-tireurs sont capables de déjouer fréquemment les cerbères depuis la périphérie, comme en témoignent les statistiques avancées, alors que les quatre joueurs ayant réussi cet exploit le plus souvent, la saison dernière, furent Alex Ovechkin, Tyler Seguin, Patrick Kane et Evgeny Kuznetsov.

Cela justifie dans quelle mesure il est primordial pour un joueur tel qu’Armia de cadrer ses tirs depuis l’enclave.

Comment expliquer qu’Armia décoche un nombre beaucoup plus important de lancers depuis la zone payante cette année?

Le Finlandais est doté d’une excellente vision du jeu, ce qui lui permet de se libérer en zone offensive. Pour un même temps de glace à égalité numérique, aucun autre joueur du CH ne reçoit davantage de passes qu’Armia en zone offensive. Non seulement Armia capte de nombreuses passes en territoire adverse, mais une proportion impressionnante de celles-ci sont captées dans l’enclave. C’est lors de ces occasions qu’Armia parvient généralement à tirer depuis la zone privilégiée.

Étant désormais flanqué de Jonathan Drouin et de Max Domi, qui sont assurément les deux meilleurs fabricants de jeux du club, dès qu’Armia est laissé sans surveillance dans l’enclave, il est aussitôt alimenté par une passe savante sur laquelle il est en mesure de capitaliser.

Ainsi, c’est en grande partie la qualité améliorée des compagnons de trio d’Armia qui explique la hausse de la production offensive du Finlandais cette saison.

Joel Armia a toujours été un joueur extrêmement intelligent sur la patinoire et c’est cette même qualité qui explique d’ailleurs que sa contribution défensive soit plus qu’intéressante. Sa plus belle arme est son efficacité.

Plus précisément, pour un même temps d’utilisation à forces égales, Armia trône au premier rang chez les avants du CH quant aux jeux défensifs réalisés et au deuxième rang pour le nombre de rondelles libres récupérées.

Non seulement le numéro 40 parvient à soutirer le disque à ses opposants, il est également en mesure de récupérer la rondelle, ce qui permet réellement de contrer les menaces adverses. Si l’opposant perd le contrôle du disque, mais le récupère dans les secondes qui suivent, la menace offensive n’est pas véritablement contrée.

Armia parvient à briller défensivement principalement en utilisant à bon escient son gabarit imposant.

Il applique des mises en échec qui permettent de séparer le porteur du disque et la rondelle, ce qui devrait normalement être l’objectif de cette action. Autrement dit, Armia ne tente pas d’intimider ses adversaires avec cette manœuvre, privilégiant l’efficacité à un contact percutant où le joueur se serait déjà défait de la rondelle.

De même, Armia utilise sa grande portée pour harponner le disque à ses adversaires.

En somme, Joel Armia est un hockeyeur extrêmement brillant et efficace qui parvient toujours à tirer avantage de ce qui lui est offert. Défensivement, ses qualités physiques lui permettent de tirer son épingle du jeu et offensivement, il est opportuniste, saisissant sa chance d’évoluer aux côtés d’attaquants talentueux.

Il est peu probable qu’Armia finisse la saison à titre de meilleur marqueur du Canadien de Montréal, mais s’il continue de foncer au filet tout en évoluant avec des joueurs capables de l’alimenter avec brio dans la zone payante, il serait fort surprenant que le Finlandais ne connaisse pas sa meilleure campagne sur le plan offensif.