La dernière fois que le Canadien a quitté San Jose avec une victoire en poche, Alain Vigneault était à la barre de l’équipe. Oui ça fait longtemps. C’était en 1999. Le 23 novembre pour être plus précis. Le Canadien avait alors battu les Sharks 3-2 en prolongation.

Depuis, il s’est incliné sept fois de suite.

Et s’il joue comme il l’a fait hier lors de sa prochaine visite au SAP Center, la séquence négative se prolongera.

À la fin d’un long voyage et d’une séquence éreintante de sept matchs en 11 jours, le Canadien partait avec deux prises contre lui. Non seulement était-il fatigué, mais il croisait un gros club de hockey. Un club qui ne perd pas souvent – 5-1-1 à ses sept derniers matchs avant le duel contre le Tricolore – et qui perd encore moins souvent à la maison (23-4-4).

Ce n’était toutefois pas une raison pour leur donner le match comme le Canadien l’a fait hier alors qu’il s’est incliné 4-0, encaissant un deuxième blanchissage consécutif aux dépens des Sharks qui avaient battu le Tricolore 2-0 au Centre Bell le 26 octobre dernier.

Alors que son équipe profitait d’une attaque massive, Peter Budaj a mal contrôlé la rondelle après qu’il eut bloqué un tir de loin décoché par Logan Couture. En se relevant, le gardien du Canadien a laissé la rondelle libre et Tommy Wingels qui fonçait alors au filet en a profité pour la pousser derrière la ligne rouge.

Ça commençait mal.

Et c’est loin de s’être amélioré ensuite.

Budaj a évité le pire après sa bourde du début de rencontre permettant à son équipe de retraiter au vestiaire avec un petit déficit de 1-0 sur les bras. Mais l’émotion n’y était pas. La conviction non plus. Ça se sentait. Ça se voyait.

Tout le travail de motivation effectué dans le vestiaire au cours du premier entracte est vite tombé à l’eau en début de deuxième tiers alors que les Sharks ont doublé leur avance moins de deux minutes après la relance.

Déjoué par un tir de la pointe que Tommy Wingels – qui lui voilait la vue en plus – a fait dévier au passage, Peter Budaj a été rappelé au banc.

«J’ai mal paru sur le premier but. Je n’avais pas vu que le joueur avançait si vite vers moi et je me suis fait prendre. Mais sur le deuxième, je n’ai pas vu grand-chose. Je ne savais même pas si la rondelle avait dévié ou non», a plaidé Budaj après le match.

Lorsqu’on lui a demandé s’il comprenait la décision de le rappeler au banc, Budaj s’est contenté de dire qu’il la respectait.

Vrai que Budaj n’avait rien à se reprocher sur le but. Mais c’était quand même le deuxième qu’il accordait sur 11 tirs seulement. Et s’il ne peut porter à lui seul le blâme dans les trois revers qu’il a encaissés à Los Angeles, Phoenix et San Jose, l’adjoint de Carey Price rentre à Montréal dimanche avec un taux d’efficacité de 83,9 % au cours de ce voyage difficile.

C’est peu. C’est trop peu.

Pour secouer son équipe, et aussi son gardien auxiliaire, Michel Therrien a donc rappelé Budaj au banc et envoyé Dustin Tokarski en relève.

Ça n’a rien donné.

Car loin de profiter de ce changement pour se raplomber, les joueurs du Canadien n’ont pas même maintenu la cadence insuffisante pour rivaliser avec les Sharks qu’ils avaient affichée en première période.

Ils se sont bêtement effondrés.

Et les Sharks en ont profité pour accentuer leur avance à 3-0 alors que Logan Couture et Patrick Marleau ont orchestré une poussée qui a permis à Matt Nieto de marquer au terme d’un jeu qui a mis en évidence les carences défensives du duo composé de Douglas Murray et Mike Weaver.

«On s’en tirait pas si pire en première, mais notre deuxième période a été affreuse. Il n’y a pas d’autre mot à choisir», a convenu Daniel Brière.

«C’était navrant à voir. Nous venons de disputer peut-être notre pire match de l’année», a renchéri Max Pacioretty qui, comme ses compagnons de trio David Desharnais et Brendan Gallagher, a terminé sa soirée de travail avec un différentiel de moins-2.

Comme les mauvaises nouvelles viennent souvent en cascade, les Sharks ont coupé ce qui restait d’espoir au Canadien et à ses partisans déçus dans les gradins en marquant dès la 43e seconde du dernier tiers.

Un but magnifique de Logan Couture, à la suite d’une passe soulevée tout aussi magnifique réalisée par Matt Nieto, a scellé l’issue de la rencontre.

«On a connu un match difficile. C’est clair. Il y a plusieurs aspects de la partie que je n’ai pas aimés. Pas juste les buts en début de période», a indiqué Michel Therrien qui a donné une note de 50 % à son équipe au terme de son voyage de quatre rencontres dans l’Ouest américain.

«Nous avons disputé deux bons matchs pour amorcer le voyage – une défaite à Los Angeles et une victoire en tirs de barrage à Anaheim – mais ensuite la fatigue a pris le dessus», a commenté l’entraîneur-chef Michel Therrien en refusant toutefois de se réfugier derrière des excuses pour justifier la récolte de deux points en quatre rencontres.

«C’est un voyage frustrant, car nous n’avons pas disputé notre meilleur hockey. Notre effort n’était pas assez soutenu et nous ne nous sommes pas concentrés suffisamment à respecter notre plan de match», a ajouté le capitaine Brian Gionta.

Quoi dire de plus ?

Que le Canadien a besoin de repos.

Non seulement a-t-il été outrageusement dominé à forces égales et dans la majorité des facettes du jeu, mais le Canadien a été incapable de tirer avantage des quatre attaques massives qui lui ont offert les Sharks.

On a relevé quelques occasions ici et là, dont l’une par Thomas Vanek qui évoluait alors avec Tomas Plekanec et Alex Galchenyuk. Mais dans l’ensemble, le Canadien a été bien trop timide et beaucoup trop prévisible dans son jeu offrant à Antti Niemi une occasion en or de signer sa 31e victoire de l’année, sa troisième par jeu blanc.

S’il a effectué deux, trois, peut-être quatre arrêts difficiles au cours du match, Niemi a affronté 27 tirs. Ses coéquipiers en ont obtenu 33 sur Budaj (11) et Tokarski (22).

Après une nuit de sommeil à San Jose, le Tricolore profitera de la journée de dimanche pour effectuer l’envolée en direction de Montréal.

Les joueurs seront encore en congé lundi pour reprendre l’entraînement mardi à la veille de la visite des Bruins de Boston au Centre Bell.

Ce congé permettra à Carey Price de subir d’autres traitements et de se remettre de la blessure qui le garde à l’écart depuis son retour des Jeux olympiques de Sotchi.

S’il n’est pas encore acquis que Price sera devant le filet mercredi – la direction du Tricolore tient à afficher le plus de patience possible pour éviter que des complications viennent hanter le gardien en fin de saison ou en séries – il est évident que le Tricolore a besoin de son meilleur joueur s’il tient à maintenir sa place au classement.

Une place qui est menacée alors que les ennemis de Toronto n’accusent qu’un point de retard avec un match en mains.

Pas question de paniquer. Mais il est évident que le Canadien – comme toutes les autres formations de la LNH d’ailleurs – est loin d’afficher le même panache lorsqu’il est privé de son gardien numéro un.

Peter Budaj a offert de bonnes performances et sa part de victoires (8-7-2) lorsqu’il est venu en relève. Mais dès qu’il a été appelé à travailler sur une base régulière, ses lacunes ont vite pris le dessus.

«Carey est le meilleur gardien au monde et c’est évident que nous formons une meilleure équipe avec lui. Mais Peter ne peut être blâmé dans les deux dernières défaites. De la façon dont on a joué et avec le nombre de buts que nous avons accordés, même Carey n’aurait pas fait la différence», a conclu Daniel Brière.

Chiffres du match

4 : les Sharks et les Penguins dominent la LNH avec seulement 4 revers en temps réglementaire encaissés à domicile. Les Sharks ont subi quatre revers en prolongation à la maison, deux de plus que les Penguins…

6 : P.K. Subban a vu sa séquence de six points en quatre matchs (2 buts, 4 passes) prendre fin à San Jose samedi…

7 : Même s’il a été blanchi hier, Andrei Markov affiche une récolte de 7 points lors des sept matchs disputés depuis la fin de la trêve olympique. Il a ajouté un but victorieux en tir de barrage, mais ce but n’est pas comptabilisé au chapitre des statistiques personnelles…

12 : les Sharks disputaient samedi le 7e d’une série de 12 matchs de suite face à des clubs de l’Est : ils présentent un dossier de 5-1-1 jusqu’ici et une fiche de 17-6-3 en 26 rencontres cette saison contre des équipes de l’Association Est…

30 : Antti Niemi a signé samedi sa 31e victoire de la saison. C’est la troisième fois en quatre ans que le gardien finlandais atteint le plateau des 30 gains. N’eût été du lock-out, Niemi aurait facilement atteint le plateau des 30 gains puisqu’il en a obtenu 24 en 48 matchs. Marc-André Fleury est le seul autre gardien à afficher trois saisons de 30 victoires lors des 4 dernières années…

30/30 : Joe Pavelski revendique 32 buts et 30 mentions d’aide cette année. C’est la deuxième fois de sa carrière que Pavelski atteint le double plateau des 30 buts et 30 passes. Patrick Marleau (six fois), Owen Nolan et Jonathan Cheechoo (deux fois) sont les autres joueurs des Sharks à avoir réalisé l’exploit…

40 : Les Sharks ont signé samedi leur 41e victoire de la saison. C’est la 11e fois depuis la saison 2000-2001 que les Sharks atteignent ce plateau, égalant ainsi la marque des Red Wings qui sont le seul autre club à compter 11 saisons de 40 gains à leur actif au cours de cette période…

50 : Joe Thornton (9 buts, 52 passes) a fracassé le plateau des 50 mentions d’aide pour la 9e fois de sa carrière. Jaromir Jagr est le seul autre joueur actif dans la LNH à revendique 9 saisons de 50 passes et plus. Thornton affiche 839 passes en 1190 matchs alors que Jagr en compte 1041 en 1455 matchs…

99 : Alex Galchenyuk disputait son 99e match en carrière avec le Tricolore samedi…

900 : Daniel Brière disputait son 900e match en carrière samedi à San Jose, son 53e dans l’uniforme du Canadien. À l’image de ses coéquipiers, le Gatinois n’a pas connu un grand match. Il revendique 297 buts et 690 points en carrière, dont 11 buts et 21 points avec le Tricolore…