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Quand un entraîneur-chef lance dans son point de presse d’après-match que son équipe a assez bien joué pour gagner, il impute à son gardien le poids de la défaite.

C’est exactement ce que Claude Julien a fait après le revers de 6-5 du Canadien aux mains du Lightning de Tampa Bay samedi soir.

 

Un revers crève-cœur, car oui, comme l’a affirmé avec raison l’entraîneur-chef du Canadien, ses joueurs ont bel et bien assez bien joué pour gagner. Ou à tout le moins pour récolter un point dans une défaite encaissée au-delà les 60 minutes réglementaires. Un point précieux quand on considère à quel point il est difficile dans le hockey d’aujourd’hui d’accéder aux séries.

 

En marquant cinq buts aux dépens d’Andrei Vasilevskiy, en disputant un meilleur match sur le plan de l’effort et de la cohésion que la meilleure équipe de la LNH, le Canadien méritait bien plus la victoire à Tampa que le gain qu’il s’est fait offrir gratuitement vendredi par les Panthers de la Floride.

 

Parce que Niemi a été Niemi, un gardien auxiliaire capable du meilleur par cours moments et du pire bien plus souvent, le Canadien n’a obtenu comme seule récompense que le droit de dire qu’il a mieux joué que la meilleure équipe de la LNH. C’est bon pour le moral, du moins ça le devrait, mais ça ne donne rien de rien pour améliorer sa place au classement.

 

Surtout que les Islanders de New York ont encore gagné et qu’en se « payant » John Tavares et les Maple Leafs 4-0, à Toronto s’il vous plaît, les Islanders n’accusent qu’un petit point de recul derrière le Canadien et la dernière place donnant accès aux séries. En prime, les Islanders ont deux matchs en mains.

 

Comme si ce n’était pas assez, les Penguins et les Bruins qui devancent Montréal ont aussi gagné. Tout comme les Panthers et les Rangers qui sont encore loin, mais qu’on ne peut encore compter comme battus. Bon! Il y a bien les Sabres qui ont perdu, mais comme ils ont poussé le match qui les opposait aux Bruins en prolongation, ils ont ajouté un point à l’avance qu’ils détiennent sur le Tricolore.

 

Un gardien bien trop généreux

 

Je sais que le hockey est un sport d’équipe et qu’il est injuste, du moins parfois, d’imputer le poids de la défaite à un seul membre de cette équipe.

 

Mais après avoir vu son équipe lui offrir des avances de 2-0, de 3-2 et de 5-4, Niemi se devait de trouver une façon de remercier ses coéquipiers.

 

Il ne l’a pas fait.

 

On peut difficilement lui reprocher le but de la victoire, un but marqué dans la lucarne par Adam Erne alors qu’il ne restait que 62 secondes à faire au match.

 

Mais ce but, on le sentait venir depuis un bon moment. Parce Niemi avait fait cadeau du cinquième filet en concédant un retour généreux sur un tir anodin de la pointe que le gardien du Canadien se devait de contrôler, parce qu’il était approximatif dans ses déplacements depuis le début du match, parce qu’il était périlleux dans ses sorties, parce qu’il était chancelant dans ses remises de rondelles vers ses défenseurs et que tous les arrêts semblaient difficiles à réaliser, Niemi a rendu tous ses coéquipiers nerveux autour de lui.

 

Et il était clair que le Lightning qui jouait alors avec beaucoup de confiance, peut-être même trop par moment, allait finir par en profiter.

 

C’est ce qui est arrivé.

 

Autour de Niemi, ses coéquipiers se sont rendus coupables d’erreurs. C’est clair.

 

Victor Mete doit, pour garder sa place dans la LNH, être en mesure de pallier sa petite taille et trouver une façon de remporter un corps à corps devant le filet. Ce qu’il a été incapable de faire sur le but égalisateur alors qu’Adam Erne, oui encore lui, a marqué sous ses yeux.

 

Je sais! Si Niemi n’accorde pas de retour, Mete ne se retrouve pas devant ce duel inégal. Et la faute la plus grave va au gardien. Mais quand même, un défenseur doit être capable de protéger son gardien. Ce que Mete n’a pas fait sur ce jeu.

 

Sur le but gagnant, le trio de Domi tout comme Weber et Mete ont semblé être bien plus des spectateurs que des acteurs alors qu’ils ont permis au Lightning de s’installer en zone ennemie et de marquer le but de la victoire.

 

Mais il était clair que tout le monde jouait alors bien nerveusement. Qu’au lieu de se dire qu’il était possible d’aller marquer pour s’envoler vers une victoire ô combien inattendue, il valait mieux faire le piquet autour du but afin d’espérer faire dévier un tir que Niemi ne semblait pas en mesure de stopper.

 

Jugement très sévère à l’égard du second gardien du Canadien? Trop sévère même?

 

Peut-être un brin. Mais en dix départs jusqu’ici cette saison, Niemi a toujours accordé au moins trois buts. Cinq fois, il en a accordé quatre et plus.

 

Au Minnesota le 11 décembre – sept buts accordés sur 23 tirs – ou encore à Edmonton le 13 novembre – six buts accordés 43 tirs, Niemi a été littéralement abandonné par son équipe. Personne ne l’a alors pointé du doigt après ces deux revers que le Canadien méritait pleinement. Totalement!

 

Mais samedi à Tampa, le Canadien méritait un meilleur sort. Un bien meilleur sort. Et si Niemi avait été simplement ordinaire, comme son vis-à-vis Andrei Vasilevskiy l’a été, au lieu d’accorder six buts, le Tricolore aurait ajouté un point, peut-être même deux à sa fiche.

 

Et dire que les détracteurs de Carey Price croient que le Tricolore serait aussi bien servi par Niemi qui coûte bien moins cher que par le gardien qu’ils aiment décrier à cause de son salaire...

 

Bien hâte de voir si Price, dont le séjour sur la liste des joueurs blessés prenait fin samedi, sera de retour à son poste dès le prochain match à Dallas où s’il atteindra le retour de l’équipe au Centre Bell le 3 janvier avec la visite des Canucks de Vancouver.

 

Qui arrêtera Tampa?

 

En comblant le recul initial de 0-2, en revenant de l’arrière trois fois plutôt qu’une dans le match, le Lightning a démontré, du moins en partie, pourquoi il n’a perdu que sept fois seulement en temps réglementaire cette saison. Pourquoi il n’affiche que neuf revers après 39 parties.

 

Cette équipe joue avec une confiance débordante.

 

C’était la 20e fois cette année que Tampa accordait le premier but dans un match. Sa fiche en pareille circonstance jusqu’ici cette année : 15 victoires, cinq revers.

 

C’est énorme, comme le confirme l’efficacité de ,750 du Lightning qui domine bien évidemment la LNH dans cette catégorie. Comme dans bien d’autres...

 

Trois autres clubs seulement présentent des dossiers supérieurs à ,500 jusqu’ici cette saison lorsqu’ils accordent le premier but. Les Jets sont les plus près du Lightning avec une fiche 11-7-0 (,611) alors que les Islanders de New York (9-8-0) et les Capitals de Washington (10-6-3) flirtent avec une moyenne de ,500. Ça vous donne une idée de la puissance et de l’énergie des «Bolts» lorsqu’ils puisent dans leurs réserves pour amorcer et compléter des remontées victorieuses.

 

Mais bon. Ça peut aussi jouer des tours. Car à se croire capable de toujours revenir comme le Lightning l’a fait aux dépens du Canadien, on finit par se frotter à un gardien moins généreux que l’a été Niemi samedi et on se retrouve avec une mauvaise surprise sur les bras.

 

Oui le match de samedi et la remontée victorieuse aux dépens du Tricolore ont confirmé tout le bien qu’on pense aux quatre coins de la LNH du Lightning. De la puissance à l’attaque et de la profondeur de cette équipe qui est certainement parmi les deux trois favorites pour gagner la coupe Stanley.

 

Mais parallèlement à tout ce que le Lightning et ses joueurs ont fait de bien et de bons samedi contre Montréal, ils ont aussi offert la réponse suivante à la question qui donc pourra arrêter le Lightning cette année.

 

La réponse que je vous offre est simple : le Lightning semble à mes yeux son plus dangereux ennemi. Il faudra que l’entraîneur-chef Jon Cooper attise le niveau de responsabilité de ses joueurs pour éviter un trop plein de confiance qui pourrait être néfaste.

 

Il faudra peut-être même que le directeur général Julien Brisebois complète une ou des transactions pour solidifier sa brigade défensive et surtout garder ses joueurs sur leur garde en leur faisant comprendre que s’ils se montrent trop complaisants en ne réalisant pas la chance qu’ils ont d’évoluer dans un aussi beau marché et au sein d’une aussi belle équipe, que certains pourraient se retrouver rapidement sous des cieux moins cléments et être remplacés par des joueurs qui offriront leur plein rendement pour mousser leurs chances d’évoluer dans un aussi bel environnement au sein d’une aussi bonne équipe.

 

En bref

  • Andrew Shaw, avec ses 10e et 11e buts de la saison, a été le meilleur attaquant du Canadien samedi. Avec vitesse, avec sa fougue surtout, il a très bien complété le travail de Jesperi Kotkaniemi qui a piloté le meilleur trio du Canadien à mes yeux samedi...

 

  • Parlant de Kotkaniemi, il a entendu le message lancé par tous ceux, et ils sont nombreux, qui veulent le voir utiliser davantage l’excellent tir dont il dispose. Après avoir frappé le poteau deux fois vendredi à Sunrise, Kotkaniemi a cadré cinq des sept tirs qu’il a décochés samedi à Tampa. C’est à ses dépens qu’Andreï Vasilevskiy a réalisé l’un de ses meilleurs arrêts de la soirée…

 

  • Parlant de Vasilevskiy, il n’a rien cassé devant la cage des Bolts lui non plus. Ses cinq buts accordés sur les 38 tirs du Tricolore, sont loin d’être à la hauteur de sa réputation. Mais Vasilevskiy a fait ce que Niemi a été incapable de faire pour le Canadien : des gros arrêts. Alors que le Canadien menait déjà 20 à mi-chemin du premier tiers, le gardien du Lightning s’est dressé devant Kotkaniemi pour réaliser un arrêt difficile et crucial qui a privé le Tricolore se prendre les devants par trois buts. On va s’entendre que la partie aurait alors été bien différente et que les chances de remontée victorieuse du Lightning auraient été bien plus faibles. Mais bon! Vasilevskiy sera encore candidat au trophée Vézina cette année alors que Niemi cherchera de l’emploi après la saison…

 

  • Pendant que son frère Jamie essuie les foudres de la haute direction des Stars de Dallas qui compare la qualité de son jeu à de la pomme de route, Jordie dispute de très bons matchs. Vendredi en Floride et encore hier à Tampa, Benn a été efficace. En plus de marquer son deuxième but de la saison et de récolter sa cinquième passe de la campagne, Benn a terminé le match avec un différentiel de plus3. Ce n’est pas banal…

 

  • Autres statistiques qui confirment la qualité de l’implication des joueurs du Canadien samedi, les 18 patineurs ont obtenu au moins un tir sur la cage défendue par Andrei Vasilevskiy. L’attaque à cinq a marqué – la deuxième unité dirigée par Jesperi Kotkaniemi a encore été la meilleure – pour une quatrième fois lors des cinq derniers matchs (4 buts en 15 occasions). Malgré tout, le Canadien n’a pas le moindre point à se mettre sous la dent...

 

  • Direction Dallas où le Tricolore complétera son long voyage des Fêtes lundi soir. Avec trois victoires déjà en poche, le Canadien est sûr de rentrer à la maison avec un résultat intéressant. D’où l’importance des deux points ramassés vendredi dans le sud de la Floride avant les deux gaspillés par Niemi samedi à Tampa...