Oui le Canadien a encore perdu. Il a perdu pour la 25e fois en 32 matchs cette saison. Une quatrième en prolongation.

Mais voilà : le score final importe peu, voire pas du tout.

En fait non! Le score final importe beaucoup. Car s’il est vrai que le Canadien a perdu, le simple fait qu’il ait perdu en prolongation, à Tampa, contre le Lightning lui vaut des accolades. Presque des éloges.

Je sais, le Canadien a échappé une victoire à la régulière alors que Corey Perry, encore lui, a nivelé les chances avec 20 secondes à faire en troisième période.

Je sais, le Canadien a échappé un point alors qu’Ondrej Palat, encore lui, a donné la victoire aux « Bolts » 36 secondes seulement après le début de la prolongation.

Mais l’issue décevante de la partie de mardi pèse moins lourd dans l’analyse que je fais que cette rencontre que la quantité d’efforts déployés par le Canadien et la qualité du travail abattu.

Par les jeunes du Tricolore et aussi du Rocket, son club-école, il est nécessaire ici de préciser. Par des jeunes qui ont fait fi du fait que le Tricolore soit débarqué chez les champions en titre de la coupe Stanley avec l’un des alignements les plus faibles des 10, 15, 20, 25 dernières années. Peut-être même l’un des plus faibles de son histoire.

Sur papier bien sûr.

Car sur la glace, ces jeunes ont démontré que l’ardeur, la fierté, le caractère et toutes ces petites choses qui permettent parfois de combler un manque de talent évident et un manque d’expérience plus évident encore.

Ce qui est arrivé mardi soir à Tampa Bay.

Ryan Poehling a été, à mes yeux, le meilleur attaquant du Canadien. Il a patiné avec ardeur. Il a patiné la tête haute. Il a joué du hockey intelligent. Du hockey 100 fois meilleur que celui qu’il offrait lors du dernier camp d’entraînement. Du hockey 25 fois meilleur que celui qu’il offrait lorsqu’il a été rappelé.

Poehling a bien dirigé l’action au sein de son trio. Un trio complété par Rafaël Harvey-Pinard et Cole Caufield. Un trio qui a été le meilleur du Canadien.

Harvey-Pinard a profité de son premier match en carrière pour enfiler son premier but en carrière. Kale Clague a aussi marqué un premier but dans la LNH. Lukas Vejdemo a marqué à son premier match cette saison avec le Tricolore. Un but offert en cadeau par ses compagnons de trio Michael Pezzetta et Cédric Paquette qui ont fait tout le travail pour lui permettre de marquer dans une cage déserte.

La pression exercée par Jake Evans, Alex Belzile et Jesse Ylönen a contribué à créer le revirement dont s’est rendu coupable Victor Hedman et qui a permis à David Savard de marquer un but magnifique qui a lancé le Canadien en avant 4-3 avec moins de sept minutes à faire en troisième. Un but qui était le premier du défenseur québécois en 50 matchs de saison régulière. Son premier depuis le 30 mars 2021 alors qu’il défendait les couleurs des Blue Jackets de Columbus qui affrontaient... le Lighnting de Tampa Bay.

Le Canadien tel qu’il s’est présenté sur la patinoire du Amelie Arena mardi soir aurait dû se faire manger tout rond par le Lightning.

L’ardeur déployée par tous ces jeunes a non seulement permis d’éviter le pire, elle a permis aux partisans d’afficher un brin de fierté à l’endroit d’un club qui n’en a pas attisé beaucoup depuis le début de la saison.

Et ça, c’est une victoire en soi.

Vrai que le Lightning comptait sa part de blessés et de joueurs placés sur la touche par la COVID-19.

Mais à ceux et celles qui seraient portés à croire que les « Bolts » ont pris le Canadien à la légère et qu’ils ont fonctionné sur le 110 et non le 220, je soulignerais que Brayden Point a salué son retour avec jeu avec deux marqués sur les 12 tirs qu’il a décochés, dont six ont atteint la cible.

J’ajouterais que Steven Stamkos a cadré six des huit tirs qu’il a décochés.

Que le Lightning a tiré 64 fois en direction du but du Canadien, que 37 tirs ont atteint la cible, que les joueurs des « Bolts » ont asséné 37 mises en échec (34 pour le CH) qu’ils ont volé 10 rondelles et se sont rendus coupables de trois revirements seulement.

Tampa n’a peut-être pas disputé un grand match, mais le Lightning ne donnait pas l’impression non plus de jouer avec le Canadien, comme un chat joue avec une souris. Loin de là. Il jouait pour gagner et il a dû puiser dans sa banque de talent et d’expérience pour transformer la défaite qu’il était sur le point d’encaisser en victoire.

Montembeault sensationnel

De Harvey-Pinard, à Poehling, en passant par Alexander Romanov qui a disputé un match sensationnel mardi (27 présences totalisant 26 min 53 s d’utilisation, deux tirs, trois mises en échec – dont une qui aurait dû lui valoir une pénalité – quatre tirs bloqués, une rondelle volée) sans oublier les Caufield, Pezzetta, Belzile, Clague, Vejdemo, Ylönen, Sami Niku, Evans et Corey Schueneman qui a atteint la LNH pour la première fois lui aussi mardi, les jeunes du Canadien ont su profiter de l’occasion qui leur était offerte de démontrer qu’ils peuvent, ou pourront un jour, assumer un rôle avec le grand club dans la grande ligue.

Cela dit, tout ce que ces jeunes ont fait de bien et de beau a été mis encore plus valeur grâce à Samuel Montembeault qui a été rien de moins que magistral devant la cage du Tricolore mardi.

Fumant sur plusieurs des 32 arrêts qu’il a effectués, parfois un brin, voire deux, chanceux devant son filet, Montembeault a permis au Canadien de passer à 20 secondes de causer ce qui aurait pu représenter la plus grande surprise de la saison dans la LNH.  Montembeault a fait plus que sa part avec ses 32 arrêts, dont 11 réalisés alors que Tampa jouait en attaque massive. Il a effectué quelques-uns de ses plus beaux arrêts aux dépens d’Alex Killorn qui l’a mis à l’épreuve trois fois sur des échappées partielles obtenues après que le Québécois eut brisé des jeux du Tricolore.

Ses poteaux lui sont venus en aide quatre ou cinq fois. Et que dire du petit bout du manche de son bâton qui, deux fois plutôt qu’une, a privé Point de réaliser son deuxième tour du chapeau en carrière?

Comme les autres jeunes qui ont lancé des messages clairs, mardi soir, Montembeault a démontré mardi qu’il méritait de défendre la cage du Tricolore plus qu’une petite fois par mois.

Où étaient Drouin et les autres vétérans?

Au-delà le concert d’éloges que mérite les jeunes venus à la rescousse d’un club miné par les blessures et la COVID, il est nécessaire d’adresser quelques reproches à quelques vétérans qui se sont contentés de faire acte de présence à Tampa mardi pendant que leurs jeunes coéquipiers se donnaient corps et âme pour éviter le pire.

Jonathan Drouin a obtenu deux occasions de marquer en première période. Après, on ne l’a pas vu souvent au centre de l’action.

Il n’est pas normal que des gars comme Harvey-Pinard (9:28), Ylönen (10:33), Pezzetta (11:10), Poehling (11:37), Vejdemo (13:01), Caufield (13:37) aient trouvé le moyen d’être plus impliqués dans le match et de se faire remarquer pour les bonnes raisons plus souvent que Drouin qui a pourtant passé près de 21 minutes sur la patinoire.

Et ce qui est vrai pour Drouin l’est aussi pour Nick Suzuki et Brendan Gallagher qui formaient le seul trio de la LNH du Canadien mardi soir. Et ce vrai trio LNH s’est fait damer le pion en matière de quantité et de qualité de travail par des trios de la Ligue américaine.

Ça n’a pas de bon sens!

Suzuki a joué de malchance sur le but de Perry qui a envoyé le match en prolongation. Le jeune centre s’est sacrifié quelques secondes avant le but en bloquant un tir frappé. Il a ensuite été atteint par la rondelle sur un dégagement qui a alors avorté permettant à Perry de marquer.

Mais au-delà cette malchance, Suzuki a encore trop souvent paru en retard sur des jeux : autant en attaque qu’en défensive.

Et je veux bien croire que Gallagher s’est fait refuser un but que l’entraîneur-chef Dominique Ducharme et plusieurs partisans considéraient – et considèrent encore – bon, mais au-delà ce jeu controversé, Gallagher ne s’est pas vraiment imposé.

Avec comme résultat que ce trio qui aurait dû être celui qui donne le ton au match, celui qui dicte le rythme et l’impose aux plus jeunes est plutôt le trio qui a été à la remorque des jeunes.

À la ligne bleue, on ne peut rien reprocher à Savard qui a assumé son rôle de défenseur numéro un au chapitre de l’expérience.

Son partenaire Romanov a peut-être été meilleur globalement. Et si c’est le cas, c’est tout à l’honneur du jeune russe et d’aucune façon une source de reproche à l’endroit du vétéran québécois.

Mais il n’est pas normal que Brett Kulak ait moins bien paru que tous les membres de la brigade défensive du Tricolore mardi. Surtout que ces jeunes n’ont pu être protégés par le dernier changement alors que le match était disputé à Tampa.

Kulak et le « premier » trio ont mal paru mardi. Pas juste parce qu’ils ont mal joué. Mais surtout parce qu’ils sont loin d’avoir déployé l’ardeur au jeu démontrée par des gars de la Ligue américaine qui se comptaient chanceux et étaient heureux d’évoluer dans la LNH… eux!

Il ne faudrait pas que ce soit encore le cas jeudi en Caroline. Sans quoi ça pourrait devenir gênant pour ces vétérans.

Entre les lignes

– Gallagher a-t-il été victime de sa réputation sur le but qu’on lui a refusé? Initialement, je le crois oui. Car l’arbitre qui a immédiatement refusé le but était trop loin de l’action pour rendre une décision juste et éclairée...

– Mais attention! Une fois le jeu analysé lentement avec les reprises, il devient clair que Gallagher, malgré le fait qu’il soit en contact avec le défenseur du Lightning, utilise bel et bien son bâton pour repousser la jambière droite de Maxime Lagacé et ainsi l’empêcher d’au moins tenter d’effectuer l’arrêt. Grâce à ces reprises, il semble clair que la bonne décision a été rendue et que le Canadien méritait la pénalité écopée pour une contestation renversée...

– La fin de match de mardi vous a laissé un affreux goût de déjà vue? Les buts de Perry et de Palat vous ont rappelé de mauvais souvenirs? C’est normal. Le 7 décembre, au Centre Bell, Perry est venu hanter le Canadien en créant l’égalité (2-2) avec 129 secondes à faire en troisième période. Eh oui! C’est Palat qui avait ensuite donné la victoire aux Bolts alors qu’il ne restait que 38 secondes à faire au dernier tiers...

– Les 18 points affichés par le Canadien après 32 matchs cette saison représentent la récolte la plus timide de son histoire à ce stade-ci de la saison...

– Sans surprise, ses sept victoires représentent aussi le plus faible total de gains de son histoire après les 32 premiers matchs d’une saison...

- Le différentiel négatif de moins-44 (70 buts marqués, 114 buts accordés) est le pire de l’histoire du Tricolore après ses 32 premières rencontres d’une saison...