Martin St-Louis est replongé dans ses souvenirs pour illustrer l’éveil des joueurs du Canadien, particulièrement celui des jeunes Cole Caufield et Nick Suzuki, depuis qu’il est débarqué derrière le banc il y a tout juste deux semaines

« À mes débuts dans la Ligue – il a été limité à quatre buts et 20 points en 69 matchs disputés en deux saisons avec les Flames de Calgary alors qu’il faisait la navette entre la LNH et les ligues mineures avant de passer au Lightning où il a finalement explosé à sa troisième saison – j’étais en mode survie. Les choses se sont améliorées quand j’ai pris la décision de vivre au lieu de survivre. Il y a une grosse différence entre les deux. Je veux que les gars vivent sur la patinoire », que St-Louis a indiqué après la victoire par jeu blanc de 4-0 aux dépens des Sabres de Buffalo mercredi.

Confinés dans un mode survie depuis le début de la saison, les joueurs du Canadien sont maintenant bien vivants.

Et comment!

Ils viennent de signer quatre victoires de suite.

Ces quatre gains acquis lors des six derniers jours égalent le nombre de victoires obtenues sous les ordres de Dominique Ducharme lors ses 33 derniers matchs à la barre du Tricolore. Une séquence de 102 jours. Séquence prolongée il est vrai par le congé des fêtes, par les matchs reportés sans oublier les pauses COVID et du Match des étoiles.

Mais quand même : avec un club guère plus fort que celui qui a amorcé la saison, un club toujours privé des Carey Price, Shea Weber, Joel Edmundson, David Savard, Jonathan Drouin, Mathieu Perreault et Jake Allen, un club qui a perdu Tyler Toffoli passé de Montréal à Calgary par le biais d’une transaction, St-Louis affiche quatre victoires en sept matchs alors que cette équipe s’est contentée de huit gains à ses 45 rencontres dirigées par Ducharme.

Suzuki brille, Caufield multiplie les points

Avec un but et une passe aux dépens des Sabres, Caufield a moussé à six buts et 10 points sa production offensive sous les ordres de St-Louis. Pour reprendre l’expression du nouvel entraîneur-chef, Caufield est définitivement bien vivant après avoir vivoté – un but et sept passes – au fil de ses 30 premiers matchs de la saison.

Ce qui est vrai pour Caufield l’est tout autant pour Suzuki.

Suzuki a marqué les deux premiers buts du Tricolore mercredi. Le deuxième sur un tir de pénalité obtenu en période médiane. Outre ce premier match de deux buts cette saison et les six points amassés depuis l’arrivée de St-Louis, Suzuki joue du très gros hockey. Il assume pleinement son rôle de centre numéro un. Un rôle qui lui va comme un gant alors que plusieurs fois cette saison, le jeune homme donnait l’impression de l’assumer par défaut tant ses performances étaient inégales. Souvent décevantes.

La victoire aux dépens des Sabres, comme les trois autres qui l’ont précédée, n’est toutefois pas uniquement attribuable à Suzuki, Caufield et Josh Anderson qui forme un premier trio de premier plan en ce moment. Un premier trio qui a été privé d’Anderson qui a retraité au vestiaire après avoir reçu un tir à la tête et qui n’est pas revenu au jeu ensuite.

La victoire aux dépens des Sabres, comme les trois autres qui l’ont précédée, est attribuable à un effort soutenu de l’ensemble de l’équipe. À du jeu rapide et vif à l’attaque. À du jeu efficace en défensive. Cette équipe démesurément désorganisée depuis le début de l’année joue présentement avec confiance, avec aisance, avec cohésion.

Samuel Montembeault, qui non seulement n’arrivait pas à gagner, mais pas même à compléter ses matchs tant il était généreux devant le filet dans un passé récent, a signé sa troisième victoire consécutive mercredi. Sa première par jeu blanc dans la LNH à son 25e départ dans l’uniforme du Canadien; à son 50e départ en carrière.

Un autre exemple d’un joueur qui est passé du mode survie à celui de bien vivant!

« Les gars achètent ce que je vends », a d’abord souligné le nouveau coach. Un coach qui apprend à chaque jour qui passe à mieux comprendre son équipe, à mieux connaître ses joueurs, à mieux les apprécier.

« Quand tu regardes un club de loin, quand tu suis les matchs à la télé, il te manque de l’information. Depuis que je suis arrivé, je réalise qu’il y a beaucoup de gagnants au sein de cette équipe. Qu’il y a plusieurs gars qui prennent soin du club. C’est le "fun" de voir à quel point la culture a beaucoup progressé et qu’elle a progressé rapidement. On a bien joué encore ce soir. On a été efficace. On a joué une très bonne première période. Ils ont eu quelques bonds favorables en deuxième, mais Samuel (Montembeault) était là pour faire les arrêts. J’ai aussi beaucoup aimé notre troisième. En plus d’être bon en défensive, on s’est aussi assuré de créer des jeux à l’attaque. »

« On devrait s’inspirer du Canadien »

La culture du Canadien a tellement progressé depuis l’entrée en scène de St-Louis que le gros attaquant Alex Tuch ne s’est pas gêné pour dire, après le sixième jeu blanc encaissé par les Sabres cette saison, que lui et ses coéquipiers devraient prendre exemple de leurs adversaires du Tricolore.

Oui! Oui! Vous avez bien lu.

« Cette équipe n’avait rien à voir avec celle que nous avons battue – gain de 5-3 le 13 février – lors de notre dernière visite ici. Ils avaient beaucoup d’entrain sur la patinoire. Ils ont donné le ton du début à la fin du match. Leur échec avant était phénoménal. Nous n’étions pas en mesure de rivaliser avec eux ce soir. Nous leur avons donné bien trop d’occasions de qualité A-1. Sans les arrêts d’Andy – Craig Anderson qui a volé des buts à Laurent Dauphin, Rem Pitlick et Artturi Lehkonen – le résultat aurait été bien pire. Le plus impressionnant dans tout ça, c’est que même en avant 4-0 en fin de match, Brendan Gallagher a bloqué un tir alors qu’il ne restait qu’une minute à faire. Nous avons besoin de ce genre d’implication dans notre vestiaire », que Tuch, qui a mis Montembeault à l’épreuve à cinq reprises mercredi, a défilé après la défaite.

Comme ses homologues Craig Berube, des Blues, Barry Trotz, des Islanders, et Sheldon Keefe, des Maple Leafs, l’entraîneur-chef des Sabres Don Granato a louangé le travail abattu par le Canadien tout en convenant de l’incapacité de son équipe d’égaler la qualité de l’effort déployé par les joueurs du Tricolore pour expliquer la défaite.

« La foule leur a donné de l’énergie et nous leur avons grandement facilité les choses en étant brouillon sans bon sens dans notre jeu. Nous avons multiplié les revirements coûteux dans notre zone ce qui a contribué à leur donner bien trop d’occasions de qualité de marquer. Nous étions incapables de réussir des transitions offensives de qualité. Nous avions l’air lents sur la patinoire et nous l’étions, car nos défenseurs étaient incapables de compléter des passes en direction de nos attaquants. Nous étions déconnectés sur la patinoire », a expliqué Granato dont le discours ressemblait étrangement à celui de Ducharme après les très nombreuses défaites encaissées par le Canadien sous sa gouverne.

L’entraîneur-chef des Sabres assurait toutefois que lui et ses joueurs ne se sont pas rendus coupables de regarder le Canadien de haut en raison des trois victoires – des gains de 5-1 et 4-1 à Buffalo et de 5-3 au Centre Bell – à ses dépens jusqu’ici cette saison.

« Nous n’avons pas manqué de respect au Canadien, nous avons manqué de "focus". Nous savions qu’ils venaient de gagner trois fois de suite. Nous savions que leurs partisans étaient de retour. Que cela leur donnerait de l’énergie. Nous n’avons simplement pas été assez bons pour rivaliser avec eux ce soir », que Granato a conclu.

Tir de pénalité

Responsable de l’infraction qui a poussé les officiels à offrir un tir de pénalité à Suzuki, Dylan Cozens a reconnu que les officiels ont pris la bonne décision.

« Je me suis retrouvé dans le trouble en raison d’un mauvais jeu en zone neutre. J’ai tenté de le rejoindre, mais j’étais battu. J’ai poussé son bras avec mon bâton et c’est ce qui lui a fait perdre la rondelle. Si j’avais été victime d’un jeu semblable, j’aurais voulu obtenir un tir de pénalité moi aussi, a convenu le choix de première ronde (7e sélection) de 2019.

ContentId(3.1402090):Canadiens: Nick Suzuki a été partout sur la patinoire (LNH)
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« Ce jeu illustre bien notre match. Nous n’avons pas offert les efforts nécessaires nous donner une chance de gagner. On savait qu’ils seraient prêts. On savait que nous devions l’être nous aussi. Mais nous ne l’étions pas. Notre niveau d’implication était tout simplement inacceptable », a conclu le joueur de centre qui vient de célébrer son 21e anniversaire de naissance.

Suzuki a obtenu le deuxième tir de pénalité offert à un joueur du Canadien jusqu’ici cette saison. Dauphin, le 27 janvier dernier lors de la visite des Ducks d’Anaheim au Centre Bell, avait lui aussi marqué. Il avait enfilé un quatrième but pour son équipe en troisième période, mais les Ducks l’avaient malgré tout emporté 5-4.

Suzuki a obtenu le 25e tir de pénalité accordé jusqu’ici cette saison. Il a été le sixième à marquer ce qui donne une efficacité de 24 %.

À titre de comparaison, 165 buts ont été marqués en 483 tentatives lors des séances de tirs de barrage jusqu’ici cette saison. Ce qui donne une efficacité de 34,16 %.

Entre les lignes

En plus d'Anderson, Paul Byron a quitté la rencontre après avoir été visiblement sonné à la suite d’une mise en échec encaissée lors de sa deuxième présence. Il a été conduit à l’hôpital par mesure préventive puisqu’il a déjà été foudroyé par les conséquences négatives de commotions cérébrales au cours de sa carrière. Byron disputait son 9e match de la saison mercredi...

Le Canadien a marqué le premier but de la rencontre dans un quatrième match de suite. Disons que cela contraste avec la fâcheuse habitude que le Tricolore avait développée depuis le début de la saison d’accorder ce premier but et de souvent en encaisser d’autres rapidement...

Le Canadien profitera d’un congé jeudi. Il reprendra l’entraînement vendredi avant de mettre le cap sur Ottawa où il croisera les Sénateurs samedi soir...