Je sais que bien des partisans aiment mieux voir le Canadien perdre le plus souvent possible afin de maximiser ses chances d’obtenir le premier choix au prochain repêchage, ou à tout le moins, la sélection la plus hâtive possible.

 

Mais, à un moment donné, il faudra bien en gagner une. Ou deux! Ne serait-ce que pour garder le moral ou s’offrir quelques petites raisons de croire que ça ira mieux l’an prochain. Remarquez que ça pourrait difficilement aller plus mal l’an prochain que cette année.

 

Mais bon!

 

Le Canadien était en voie de gagner hier. Pas question ici de prétendre que le Tricolore méritait de gagner. Ça non. Très mauvais en défense, très généreux dans les rondelles offertes en cadeau à l’adversaire, très mollasson le long des bandes, le Canadien ne devait qu’à Carey Price et aux gros arrêts qu’il a multipliés le fait d’être en avant 1-0 après la première période. D’être encore dans le match en fin de période médiane. D’être à 90 secondes ou à peu près de signer un premier gain en six matchs, une première victoire sur la route après six revers de suite, un deuxième gain à ses 12 dernières parties loin du Centre Bell.

 

Mais il a perdu.

 

Pourquoi?

 

Parce qu’à force d’aider la cause des Flyers bien plus que celle de leur gardien, les défenseurs du Canadien ont fini par avoir raison de Carey Price.

 

Karl Alzner, qui a disputé un autre très mauvais match mardi, peut-être même l’un de ses pires de la saison – je sais, on a l’embarras du choix – n’a donné aucune chance à Carey Price sur le but égalisateur. Un but de Jakub Voracek marqué avec 85 secondes à faire en troisième alors que les Flyers venaient à peine de rappeler leur gardien au banc à la faveur d’un sixième attaquant.

 

La rondelle venait de la pointe. Le tir de Voracek était bon, sans plus. Pacioretty, qu’on n’avait pas vu souvent avant ce jeu, a fait dévier la rondelle en tentant de la bloquer. Du moins, je crois qu’il tentait de le faire. Et Alzner, debout comme un piquet devant son gardien, a laissé filer le disque entre ses patins. Price n’a jamais eu le temps de réagir.

 

En prolongation?

 

Joe Morrow a donné temps et espace à Jakub Voracek qui a su en profiter. Il me semble que Morrow aurait dû savoir qu’il était périlleux d’offrir à Voracek de tirer comme il l’a fait de la zone payante tout en lui servant d’écran. Je veux bien croire que 55 des 68 points que Voracek revendique cette saison sont des passes et non des buts. Je veux bien croire que Morrow a des aptitudes offensives, mais quand même…

 

Que faisait-il alors sur la patinoire en prolongation?

 

Bonne question!

 

Ma réponse est simple. Malgré toutes les lacunes, eh oui elles sont nombreuses, Morrow est plus mobile que Jordie Benn, que Karl Alzner, que David Schlemko. Loin d’être bon, il est quand même globalement moins mauvais que Benn, Alzner et Schlemko. Benn et Alzner avaient d’ailleurs effectué des présences depuis le début de la prolongation. Il fallait donc éviter de trop jouer avec le feu.

 

Mais bon, ça n’a pas empêché le Canadien de se brûler.

 

Des bonnes nouvelles à tirer dans la défaite?

 

Le retour en forme et en santé de Philip Danault; l’implication d’Artturi Lehkonen qui, même s’il n’a pas marqué – Galchenyuk lui a offert une occasion en or en prolongation avant la poussée qui a mené au but gagnant des Flyers – a cadré quatre des neuf tirs décochés au cours du match; la performance de Carey Price qui a repoussé 30 des 33 tirs des Flyers.

 

Parlant de tirs, les 27 obtenus par le Canadien sont loin d’offrir une bonne idée de la domination des Flyers dans le cadre du match. Oui les Flyers n’ont cadré que six tirs de plus que le Canadien, mais ils en ont décoché 79, soit 24 de plus que le Tricolore. Cette inégalité démontre beaucoup plus fidèlement le contrôle du jeu qui a favorisé les Flyers.

 

Revenons à Carey Price : le gardien a bien des choses à se faire pardonner. Bien, comme dans beaucoup! Et il faudra plus qu’une bonne sortie comme celle d’hier pour faire oublier ses vilaines parties multipliées cet hiver.

 

Mais quand même. Pour une première fois depuis longtemps, une rare fois même, Carey Price était en voie de voler une victoire hier soir. Il a dû se contenter d’un point – sur les huit disponibles lors de cet autre voyage désastreux – mais c’est quand même ça de gagner. Ou de perdu si on analyse les matchs du Tricolore comme le fond les amateurs qui veulent plonger le plus bas possible au classement général.

 

Mes observations sur cette 37e défaite (29 en temps réglementaire) en 60 matchs jusqu’ici cette saison

  1. Danault signale sa présence
  2. Encore une pénalité coûteuse
  3. Défenseurs trop lents et trop dangereux
  4. Plus de Mete et c’est tant mieux
  5. À quand le retour de Jerabek?

Chiffre du match : 49 – Les Flyers poursuivent leur ascension fulgurante au classement. Confinés au 28e rang du classement général le 3 décembre dernier au terme de leur séquence de 10 revers de suite – 5 en temps réglementaire, 4 en prolongation et 1 en tirs de barrage – ils occupent aujourd’hui la 11e place. Mieux encore, ils sont troisièmes dans la division métropolitaine, deux points seulement derrière les Penguins de Pittsburgh qui ont disputé un match de plus, et trois points des Capitals de Washington et du premier rang. Fort d’une séquence de 23 victoires en 34 matchs (23-8-3) disputés depuis le 3 décembre, les Flyers ont rejoint les Golden Knights de Las Vegas avec une récolte de 49 points. Seuls les Bruins de Boston (50 points avant le match qui les opposait aux Oilers à Edmonton mardi soir) ont fait mieux dans la LNH…

 

Danault signale sa présence

 

Phillip Danault n’a pas récolté de point à son premier match disputé depuis qu’il a reçu à la tête un tir frappé décoché par Zdeno Chara le 13 janvier dernier.

 

Au centre d’un trio complété par Alex Galchenyuk et Charles Hudon, Danault a toutefois auréolé son retour au jeu de plusieurs jeux intéressants. On a d’ailleurs noté une complicité qui mérite d’être développée avec Charles Hudon.

 

Utilisé avec parcimonie après une absence de 15 rencontres, Danault a passé un peu moins de 15 minutes (20 présences) sur la patinoire. Il a gagné quatre des six mises en jeu qu’il a disputées. Il a aussi bloqué deux rondelles, ce qui est sans l’ombre d’un doute salutaire considérant le fait qu’il ait subi les contrecoups d’une commotion cérébrale en raison d’une rondelle égarée.

 

Dans ses commentaires d’après match, Danault a insisté sur le fait qu’il profitait de bonnes jambes, d’un bon cardio et surtout qu’il n’avait pas ressenti de crainte sur la patinoire. Il sera intéressant de voir s’il saura maintenir le rythme, car c’est souvent après deux ou trois parties que les joueurs qui ont raté plusieurs matchs en raison d’une blessure sont frappés par un manque à gagner de forme physique.

 

Encore une pénalité coûteuse

 

Comme c’est arrivé trop souvent lors du voyage qui a pris fin mardi, trop souvent cette saison point à la ligne, le Canadien a miné ses chances de victoires en écopant de bêtes pénalités.

 

Après s’être offert une avance de 1-0 en fin de premier tiers, le Canadien a ouvert la porte aux Flyers lorsque Jordie Benn s’est accroché à un adversaire. Une pénalité de paresse alors que le lourdaud défenseurs n’a pas été en mesure de composer avec la vitesse de Tomas Konecky qui ne représentait pourtant pas une menace sur le jeu.

 

ContentId(3.1264405):LNH : le Canadien à 85 secondes d'une victoire face aux Flyers
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Benn a ouvert la porte aux Flyers. Ses coéquipiers sur la patinoire pour écouler sa pénalité l’ont fait tout autant.

 

Pris hors position à la ligne bleue du Canadien alors qu’il s’est sorti du jeu pour venir appuyer Paul Byron le long de la bande où s’était aussi aventuré Karl Alzner, Tomas Plekanec a laissé tout le côté gauche de la zone défensive ouvert. Seul devant Carey Price, Jeff Petry a tenté de s’avancer vers Claude Giroux pour lui compliquer la tâche, mais l’as fabricant de jeu a vite refilé la rondelle à Nolan Patrick, fin seul dans l’enclave, qui a tiré dans une cage déserte avant qu’Alzner ait eu le temps de revenir à sa position.

 

Plekanec et Byron se sont repris en troisième alors qu’ils ont combiné leurs efforts – et ceux de Brendan Gallagher leur compagnon de trio – pour redonner une avance d’un but au Tricolore. Byron a profité d’une belle passe de Plekanec pour inscrire son 14e de la saison. Byron a donc cinq buts de plus que Jonathan Drouin, deux de plus qu’Alex Galchenyuk et deux seulement de moins que Max Pacioretty.

 

Trouvez l’erreur…

 

Défenseurs trop lents et trop dangereux

 

David Schlemko a offert une occasion de marquer en or à Jakub Voracek en lui offrant la rondelle en cadeau avec un affreux revirement dont il s’est rendu coupable dans les premiers instants du match. Jordie Benn, Jeff Petry, Karl Alzner, Joe Morrow et Victor Mete l’ont imité en cours de partie.

 

Les statisticiens de la LNH en fonction au Wells Fargo Center n’ont relevé que 11 revirements commis par le Canadien. Ils en ont oublié au moins le double.

 

Parce qu’ils sont trop lents, les défenseurs du Canadien perdent plus de courses aux rondelles libres dans leur territoire qu’ils en gagnent. Parce qu’ils sont trop généreux – ou simplement parce qu’ils manquent de talent – ils servent plus de passes parfaites à leurs adversaires qu’à leurs coéquipiers. Ça donne des occasions de marquer en or et des buts qui font parfois mal paraître leurs gardiens pris par surprise, ou au dépourvu. Parce qu’ils sont trop dangereux dans leur couverture défensive autour du filet, ils laissent des adversaires prendre des positions de commande pour sauter sur des rondelles libres et/ou voilent la vue de leur gardien.

 

Des combinaisons perdantes on sera tous d’accord. Du moins je l’espère…

 

En deuxième période, les défenseurs du Canadien ont été rien de moins qu’atroces dans leur zone. Autant en couverture défensive qu’en tentative de contrôle de la rondelle.

 

En début de troisième période, lors d’une séquence qui s’est prolongée sur une bonne minute – une éternité – les Flyers ont profité du fait que cinq fois, cinq fois de suite, cinq fois en une minute, les cinq joueurs du Canadien sur la patinoire – Jonathan Drouin, Max Pacioretty, Artturi Lehkonen, Jordie Benn et Jeff Petry – ont touché à la rondelle sans arriver à la sortir de leur zone. Pis encore, ils l’ont soit remise aux Flyers ou laissés les Flyers les battre de vitesse pour en reprendre le contrôle.

 

Cette séquence illustre à merveille la mollesse du Canadien en zone défensive depuis le début de la saison. La mollesse du Canadien point.

 

Après ce désastre collectif, les défenseurs ont sorti les rondelles plus souvent par les baies vitrées. Rien pour aider la cause des attaquants. C’est un fait. Mais au moins, ça n’aide pas non plus l’adversaire en lui faisant cadeau de rondelles dans la zone payante. On se console comme on peut…

 

Plus de Mete et c’est tant mieux

 

Jeff Petry a été le défenseur le plus utilisé du Canadien mardi soir à Philadelphie. C’est normal. D’ici le retour au jeu de Shea Weber – pourquoi se presser, la saison est terminée et peut-être vaudrait-il mieux lui donner rendez-vous en septembre prochain seulement – Petry est le meilleur arrière du Canadien.

 

ContentId(3.1264386):Claude Julien : « On jouait assez bien pour gagner » (Canadiens)
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Il a d’ailleurs marqué son 9e but de la saison en se rendant devant le filet des Flyers où il a fait dévier un tir de Karl Alzner. Neuf buts pour Petry : c’est le même nombre de buts que Jonathan Drouin ça non? Eh oui!

 

Petry a passé plus de 26 minutes sur la glace. Karl Alzner et Jordie Benn, qui ont partagé le travail avec Petry, ont passé 21 :02 et 19 :35 sur la glace. C’est trop. Beaucoup trop même.

 

Mais on peut se consoler à l’idée que Victor Mete a passé 19 minutes sur la patinoire hier soir. À Philadelphie, contre des Flyers qui sont toujours gros et physiques devant le filet adverse – même en dépit l’absence de Wayne Simmonds – les 19 minutes offertes à Mete représentent une bonne nouvelle.

 

De un, c’est près de 4 minutes de plus que son utilisation moyenne par match depuis le début de l’année. De deux, il est temps qu’on lui offre de genre d’utilisation pour qu’il apprenne et tire profit de la situation difficile de son équipe cette année.

 

Mete est déjà bon. Il a un très bon patin. Une bonne vision. De bonnes mains. Il fait des erreurs, il n’est pas le plus solide devant le filet et le long des rampes. C’est vrai. Comme il est vrai qu’il commet sa part d’erreurs de match en match.

 

Puis après?

 

Ce n’est pas comme s’il mettait en péril les chances du Canadien d’accéder aux séries. Ce n’est pas non plus comme si on devait contrôler son temps d’utilisation pour s’assurer de récompenser les vétérans qui l’entourent.

 

De tous les défenseurs actuels avec le Canadien, Mete est le plus important en ce sens que c’est lui qu’on doit développer. C’est lui qu’on doit utiliser le plus souvent possible pour s’assurer qu’il soit le plus prêt possible à faire face au défi plus difficile qui l’attendra l’an prochain alors qu’on lui demandera d’être encore meilleur qu’il ne l’a été à sa première année.

 

On commence à voir plus souvent Mete sur la patinoire (trois parties de plus de 18 minutes lors des cinq derniers matchs du Canadien) et c’est tant mieux. Espérons que cette tendance se maintiendra.

 

À quand le retour de Jerabek?

 

Parlant de défenseur qu’on aimerait voir plus souvent, qu’est-ce qui se passe avec Jakub Jerabek?

 

Mardi à Philadelphie, il a raté une huitième partie de suite. Est-ce qu’il est blessé au haut du corps, au bas du corps ou au milieu du corps et que le Canadien ne nous aurait pas informés?

 

Je ne peux pas croire…

 

S’il n’est pas blessé, pourquoi diable ne joue-t-il pas?

 

Il n’est peut-être pas meilleur que Joe Morrow, David Schlemko, Jordie Benn ou Karl Alzner. Mais il n’est certainement pas plus mauvais.

 

Comme on devrait le faire avec Mete, avec Hudon, avec Lehkonen et avec tous les jeunes susceptibles d’aider la cause du Canadien dans l’avenir, avec tous les joueurs qui doivent encore convaincre l’état-major du mérite de les garder ou de les libérer, Jerabek devrait être sur la glace bien plus souvent que sur la galerie de presse.

 

On sait que ce que Morrow, Schlemko, Alzner et Benn peuvent donner. Ou ne pas donner.

 

Mais le sait-on vraiment de Jerabek? J’en doute. D’où l’importance il me semble de profiter des 22 derniers matchs de la saison pour l’utiliser le plus possible lui aussi afin d’avoir un meilleur portrait de ce qu’il peut faire et de ce qu’il ne peut pas faire.

 

Je ne peux croire une seconde que le Canadien reviendra l’an prochain avec Morrow, Schlemko, Benn et Jerabek au sein de sa brigade défensive. Ce serait suicidaire. À mes yeux, il faudra que deux, voire trois, de ces quatre défenseurs soient remplacés par des meilleurs.

 

Si Jerabek est le meilleur du groupe, c’est sur la glace qu’il faudra qu’il le prouve. En tenant pour acquis bien sûr que le Canadien a bel et bien l’intention de lui offrir la chance de le prouver.

 

Mais avec la défensive sur laquelle il compte soir après soir, l’état-major serait bien mal avisé de ne pas s’assurer d’avoir le portrait complet des forces et des faiblesses du défenseur que la direction était bien fière d’avoir sorti de la KHL le printemps dernier.

 

Mais bon…