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Faites votre bulletin des joueurs

 

Les premières réactions après la dégelée de 5-2 encaissée au New Jersey étaient de lancer : il faut mettre ce match à la poubelle; ce n’était qu’une mauvaise soirée alors que rien ne fonctionnait pour nous; on doit oublier cette partie et penser tout de suite à la prochaine.

 

Au contraire!

 

Il est important de garder ce match, aussi affreux soit-il, bien en tête afin d’en tirer les leçons qui doivent être tirées. C’est essentiel en fait. Sans quoi le deuxième quart de saison qui part bien mal on va se le dire sera bien moins intéressant, encourageant, voire enivrant que le premier.

 

Ce ne sont pas des champions potentiels de la coupe Stanley qui ont fait aussi mal paraître le Canadien mercredi soir. Ce sont les Devils du New Jersey. Des Devils qui étaient bon derniers dans l’Est avant la mise en jeu initiale.

 

Oui les Devils sont bons à la maison. De fait, ils affichent maintenant sept victoires au Prudential Center où ils n’ont perdu qu’une fois en temps réglementaire jusqu’ici cette saison (7-1-2).

 

Mais si les Devils ont amélioré leur fiche en hachant finement le Canadien, c’est parce que l’entraîneur-chef John Hynes et ses adjoints ont regardé les matchs du Canadien depuis le début de la saison, qu’il a identifié les forces et surtout les lacunes de cette formation et qu’il s’est assuré de bien préparer ses joueurs pour qu’ils tirent profit des lacunes du Canadien.

 

Comment les Devils s’y sont pris? En mettant une pression soutenue sur les défenseurs du Canadien.

 

Avec des Devils dans le visage, dans le dos et dans les jambes – pour le peu de jambes que le Canadien avait mercredi soir –, les défenseurs ont passé la soirée à perdre des rondelles dans leur territoire. De Schlemko à Reilly, de Ouellet à Mete, de Jordie Benn à Jeff Petry, les défenseurs du Canadien se sont passé la rondelle comme s’il s’agissait d’une grenade dégoupillée : ils ne la voulaient pas. Quand ils l’avaient, ils la tiraient n’importe où. Mais voilà, ils étaient tellement lents dans leur exécution que ces grenades leur ont sauté souvent au visage.

 

Autopsie des buts concédés

 

En plus de perdre des batailles le long des bandes, en plus de perdre des rondelles, les joueurs du Canadien ont aussi perdu les joueurs des Devils en couvertures défensives.

 

Un revirement imputable à Xavier Ouellet a ouvert la porte à un tir de la pointe dévié par Kyle Palmieri, oublié devant Price, a permis aux Devils de marquer le premier but du match.

Sur le deuxième des Devils, Schlemko était presque appuyé sur Carey Price au lieu de s’occuper de la circulation devant le but. Et comme il avait le dos tourné au jeu, il n’a jamais vu Nico Hischier qui a ainsi pu profiter d’une belle passe dans l’enclave de Taylor Hall pour déjouer Price.

 

Sur le troisième, Taylor Hall a tiré dans une cage déserte alors que les Devils ont hypnotisé le Canadien en échangeant la rondelle avec rapidité et finesse.

 

La réaction de Brendan Gallagher sur ce jeu résume parfaitement ce qui s’est passé sur ce but. De fait, cette réaction illustre parfaitement l’allure du match. Réalisant qu’il venait d’oublier Hall dans l’enclave pour lui offrir un but facile, Gallagher s’est donné deux ou trois coups de manche de bâton sur le front en guise de représailles au mauvais jeu dont il venait de se rendre coupable. Phillip Danault aurait pu s’en donner quelques coups lui aussi…

 

Sur le quatrième but, quatre des cinq joueurs du Canadien étaient bêtement campés du côté gauche de la patinoire. Seul à droite, Andrew Shaw était en déséquilibre. Il n’a rien pu faire pour priver les Devils de ce but.

 

Price dans tout ça?

 

Parce qu’il a été déjoué par un tir qu’il aurait dû bloquer, on peut imputer à Carey Price la responsabilité du cinquième but des Devils.

 

Mais encore là : les quatre joueurs qui écoulaient alors une pénalité pour le Canadien se sont séparés – je parle ici de Schlemko, de Ouellet et de Shaw – pour offrir à Pavel Zacha une voie directe vers Price. Le temps d’un jeu, le joueur des Devils a dû ressentir les sensations vécues par Moïse lorsque la mer Rouge s’est ouverte devant lui.

 

Bon! J’exagère un peu. Mais si peu!

 

Parlant de Price, je croyais que Claude Julien le rappellerait au banc après le quatrième but. Pas qu’il était responsable d’une débandade dont il était bien plus la victime, mais je me disais qu’il valait mieux le sortir de là pour éviter de miner les gains en matière de confiance attribuables à ses trois dernières sorties.

 

Julien l’a laissé devant le but. Il a maintenu sa décision après le cinquième but. Le mauvais but. Il l’a même retourné en troisième période alors qu’il était clair que l’issue de la rencontre était décidée.

 

« Il y a des gardiens qui veulent se battre pour passer au travers des situations difficiles et c’est ce que Carey voulait faire. Il a démontré beaucoup de caractère, c’est pour ça qu’on l’a gardé devant le filet », a indiqué Claude Julien après la rencontre.

 

Price a donc eu son mot à dire. Pas que c’était nécessaire.

 

Mais comme le Canadien a accordé quatre buts et plus 11 fois en 22 matchs depuis le début de la saison et 9 fois lors de ses 12 dernières rencontres et que ces statistiques qui n’ont rien de positif pèsent plus sur les jambières de Price que sur celles de tous ses coéquipiers, la situation est loin d’être évidente pour le gardien vedette.

 

Leçons à tirer

 

Les manchettes des experts

Fatigué le Canadien? Peut-être un peu. Et c’est vrai que les voyages dans l’Ouest ne sont jamais faciles. C’est vrai aussi qu’il est au milieu d’une séquence difficile de quatre matchs en six soirs et de cinq en huit. Mais jusqu’ici, le Canadien a profité d’un calendrier favorable.

 

Comme l’opposition qu’il affrontera au fil des prochaines semaines, le calendrier sera lui aussi de plus en plus difficile. Il faudra donc prendre les moyens pour composer avec cette fatigue. Ou mieux encore : la surmonter.

 

Après les belles surprises du premier quart de la saison, il est clair que les adversaires du Canadien ont compris qu’il faut éviter de permettre au Tricolore d’utiliser sa vitesse. Il faut éviter de donner l’occasion aux défenseurs qui n’ont pas beaucoup de talent et pas beaucoup plus de vitesse d’effectuer des transitions rapides vers l’avant. Les défenseurs du Tricolore doivent donc s’attendre à de plus en plus de pression semblable à celle imposée par les Devils mercredi.

 

Oui le retour de Shea Weber va aider. Ce retour permettra de faire descendre les autres défenseurs d’une chaise. Mais même en descendant d’une chaise, plusieurs des défenseurs du Canadien occuperont encore des chaises trop hautes pour eux pour éviter qu’ils n’aient le vertige.

 

ContentId(3.1299075):L'histoire du match : Canadiens-Devils (LNH)
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Et ce n’est pas Karl Alzner qui aplombera la défensive. Une défensive qui en a eu plein les patins au New Jersey et qui n’aura pas un match facile vendredi à Buffalo où les Sabres surfent sur une séquence de sept victoires de suite.

 

Et vous savez quoi? Plus la saison avancera, plus ça se compliquera, plus les lacunes du Canadien en défense seront évidentes et plus ses adversaires sauront en profiter.

 

Alors que plusieurs observateurs croient que Marc Bergevin doit céder des défenseurs parce que sa brigade compte déjà trop d’arrières, il me semble qu’il est plus que temps pour le directeur général du Canadien de profiter de l’espace dont il profite sous le plafond pour trouver du renfort s’il veut que son club qui a ravivé de l’espoir dans le cœur de ses partisans lors des 21 premiers matchs, continue à le faire.

 

En bref

 

  • Rare bonne nouvelle dans le camp du Canadien mercredi, Max Domi a marqué son 11e but de la saison. Ce but est loin de faire contrepoids à l’affreuse performance défensive du Tricolore, mais il a permis à Domi de prolonger à 11 sa série de matchs consécutifs avec au moins un point. Une séquence au cours de laquelle il a marqué six buts et récolté 15 points. Après avoir rejoint Vincent Damphousse mercredi en prolongeant sa séquence à 10 matchs, Max Domi s’approche de Pierre Turgeon qui a établi la dernière séquence de 13 matchs consécutifs avec au moins un point (11 buts, 20 points) en 1994-1995…

 

  • Pour un deuxième match de suite et la troisième fois seulement cette saison, Jesperi Kotkaniemi a passé plus de 16 minutes sur la patinoire mercredi face aux Devils. Bien qu’il ait été limité à un seul tir et qu’il ait terminé la soirée avec un différentiel de moins1, c’est Kotkaniemi qui a disputé le plus de mises en jeu avec 16 : quatre de plus que Michael Chaput, six de plus de Phillip Danault dont Claude Julien a espacé les présences en troisième et huit de plus que Max Domi. Domi a été le plus efficace (6 en 8) suivi de Chaput (8 en 12) et de Kotkaniemi (10 en 6)...

 

  • Plus intéressant encore pour Kotkaniemi, il s’est retrouvé au centre de Brendan Gallagher et Tomas Tatar en relève à Phillip Danault qui a connu une sortie difficile après avoir été beaucoup sollicité lors des deux dernières parties.

 

  • Jonathan Drouin a marqué le premier but du Canadien. L’ailier gauche affiche une récolte de cinq buts et 10 points à ses neuf derniers matchs…

 

  • On a aussi vu la recrue au sein de la première attaque massive. Remarquez que cela n’a pas changé grandchose puisque le Canadien a été blanchi en deux occasions. Selon les statistiques officielles, le CH a obtenu deux tirs à cinq contre quatre, mais je ne les avais pas même remarqués tant l’attaque massive a été passive face aux Devils…

 

  • Michael Chaput a disputé son premier vrai match en carrière avec le Canadien. En relève à Matthew Peca, le Québécois n’a pas donné au 4e trio complété par Nicolas Deslauriers et Charles Hudon un élan supplémentaire. Mais bon, les trois joueurs n’ont pas été pris en défaut sur les buts des Devils. C’est ça de gagné…
ContentId(3.1299063):LNH : une rare contre-performance du Canadien
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« Défensivement, on doit être meilleurs »