MONTRÉAL - Pendant 60 minutes samedi soir, à Winnipeg, c’est le Canadien et non les Jets qui a dicté le rythme du match.

 

Rapides, incisifs, efficaces, les joueurs du Tricolore ont cadré 41 des 78 tirs qu’ils ont décochés au cours des trois périodes réglementaires. Tout n’était pas parfait, mais c’est le Canadien qui était la meilleure équipe sur la glace, ou celle qui jouait le mieux.

 

Vrai que l’indiscipline a offert des attaques massives qui ont finalement permis aux Jets d’ouvrir la marque à mi-chemin en période médiane.

 

Vrai aussi que Nick Suzuki a joué de chance en déjouant Connor Hellebuyck d’un tir décoché du coin de la patinoire pour niveler les chances moins de cinq minutes plus tard. Un tir qui n’aurait jamais dû déjouer le gardien des Jets tant l’angle était fermé, voire inexistant.

 

Mais contre des Jets redoutables en attaque et en dépit l’affreuse séquence d’une victoire lors des sept derniers matchs (1-4-1-1) qui aurait pu le paralyser au dernier tiers, le Canadien a maintenu le rythme. Il a foncé. Il a patiné. Il a travaillé. Défensivement, Jake Allen a été très solide en relève à Carey Price. Bien qu’il ait accordé deux buts sur les 19 tirs des Jets, Allen a réalisé quelques arrêts solides. Il a fait ce que Carey Price n’a pas fait assez au cours de ses dernières sorties : il a donné une réelle chance de gagner à son équipe.

 

Tout ça pour dire que contrairement à ce qui lui était arrivé jeudi après s’être offert des avances de 2-0 et de 3-1, le Canadien n’a pas cassé.

 

Il jouait même pour gagner.

 

Pourquoi alors a-t-il perdu?

 

Parce qu’une fois en prolongation, tout a changé. Au lieu de continuer à imposer le rythme, le Canadien s’est mis en mode défensif. Au lieu de jouer pour gagner comme il l’avait du début à la fin de rencontre, il a joué pour éviter de perdre.

 

Avec les résultats qu’on connaît. Un revers de 2-1. Un deuxième revers en deux matchs pour le nouvel entraîneur-chef Dominique Ducharme. Un cinquième revers de suite (0-2-2-1), un huitième lors des 10 derniers matchs (2-5-2-1).

 

Les Jets attaquent, le CH se défend

 

Face à des Jets qui ont envoyé trois attaquants sur la patinoire – Paul Stastny, Kyle Connor et Nikolaj Ehlers – pour amorcer la prolongation, Dominique Ducharme a répliqué avec Phillip Danault, Joel Armia et Jeff Petry.

 

Au cours des 36 secondes qui ont séparé la mise en jeu initiale perdue par Phillip Danault et le but gagnant enfilé par Paul Stastny, les Jets ont forcé Jake Allen à effectuer deux arrêts et ils ont touché le poteau à la droite du gardien du Canadien sur leur meilleure occasion.

 

Danault, Armia et Petry n’ont pas touché à la « puck » et le Canadien a encaissé sa troisième défaite consécutive cette saison en prolongation.

 

Inversement, les Jets ont signé leur quatrième gain en prolongation de l’année.

 

« Nous avons été chanceux de nous rendre jusqu’en prolongation. Les gars de l’autre côté ont joué un très bon match. Ils ont été meilleurs que nous et pas seulement au chapitre des tirs au but. Ils ont été les plus actifs sur la patinoire », a convenu l’entraîneur-chef Paul Maurice.

 

Mais une fois en prolongation, Maurice a misé sur les forces de son équipe.

 

« Nous avons une confiance solide à l’endroit de notre gardien. Connor (Hellebuyck) a accordé un vilain but. Mais quand un gardien de son niveau accorde ce genre de but, tu sais que l’équipe de l’autre côté devra travailler très fort pour le déjouer une deuxième fois tant il voudra se reprendre ensuite », que le coach des Jets a dit.

 

Pourquoi Dominique Ducharme a-t-il adopté une stratégie défensive pour amorcer la prolongation au lieu de maintenir le rythme que son club avait dicté au cours des 60 premières minutes de jeu?

 

Parce qu’il voulait s’assurer de prendre rapidement le contrôle de la rondelle.

 

« Je savais qu’ils avaient trois attaquants sur la patinoire et c’est justement pour cette raison que j’ai envoyé Phil (Phillip Danault) sur la patinoire pour la première mise en jeu. Nous avions une stratégie prête si on obtenait le contrôle de la rondelle en commençant, mais on ne l’a pas eu. Si nous avions obtenu la rondelle contre leurs trois attaquants, nous aurions eu de bonnes chances de tirer avantage de la situation. « Army » (Joel Armia) avait été l’un sinon notre meilleur attaquant lors des deux derniers matchs et on avait Jeff en arrière », a expliqué Dominique Ducharme.

 

Pourquoi ne pas avoir misé sur Nick Suzuki? Sur Alexander Romanov qui avait connu un match solide? Sur des gars plus rapides? Sur des gars qui ont plus de touches offensives que Danault qui est toujours en quête de son premier but cette saison et d’Armia qui a marqué quatre fois, mais qui a regroupé ces buts en deux rencontres seulement?

 

« Le trio de Suzuki avait joué beaucoup dans les dernières minutes de la troisième période », a simplement plaidé Ducharme.

 

Avant de justifier sa sélection de joueurs envoyés en prolongation, Dominique s’est d’abord assuré d’indiquer qu’il n’avait pas encore eu le temps d’installer toutes les modifications qu’il entend apporter à titre d’entraîneur-chef. Mais il a convenu qu’il avait l’intention d’instaurer une nouvelle philosophie en marge de la manière dont son équipe joue à trois contre trois.

 

On va attendre la prochaine prolongation avec impatience afin de voir si le Canadien prendra vraiment les moyens pour éviter de perdre un point comme il l’a fait encore samedi.

 

Un point que le Canadien récupérera un moment donné a répliqué Dominique Ducharme.

 

« On a perdu un point qu’on méritait ce soir. Mais ce point, il va nous revenir un moment donné. Je crois beaucoup au fait que le hockey récompense les bonnes performances. Un moment donné, on va obtenir un point dans le cadre d’un match au cours duquel on aura moins bien joué que ce soir. Il va nous revenir ce point. J’ai aimé la réaction de joueurs ce soir. La confiance s’est installée tout au long de la partie. Je suis content de voir comment on s’est comporté », a conclu le nouvel entraîneur-chef du Canadien.

 

Entre les lignes

 

Nick Suzuki a marqué son cinquième but de la saison samedi. C’était la cinquième fois qu’il marquait le premier but de son équipe dans un match. Les quatre premières fois, il avait donné des avances de 1-0 au Tricolore...

 

-      Avant de perdre la mise en jeu initiale de la prolongation devant Paul Stastny, Phillip Danault affichait une efficacité de 50 % avec sept mises en jeu gagnées et sept de perdues. La même efficacité que Nick Suzuki qui en a toutefois disputé 24...

 

-      Statistiquement, c’est Jake Evans qui a été le meilleur samedi avec une efficacité de 56 % : cinq mises en jeu gagnées sur les neuf disputées. Une des mises en jeu perdues par Evans en zone défensive lors d’un désavantage numérique a coûté le premier but des Jets. Un but marqué par Nikolaj Ehlers à l’aide d’un tir vif décoché dès que la rondelle est passée du cercle de mise en jeu à la gauche de Jake Allen à la lame de son bâton...

 

-      Le Canadien a écopé de trois pénalités en période médiane samedi. Jeff Petry était au cachot pour avoir fait trébucher Nikolaj Ehlers lorsque ce dernier a ouvert la marque. Il s’est aussi rendu coupable d’une obstruction à la ligne bleue des Jets. Un geste qui a mis un terme hâtif à l’une des deux attaques massives du Canadien. Shea Weber a été le premier puni en tout début de deuxième période. Ces six minutes de pénalités placent toujours le Canadien parmi les clubs les plus punis de la LNH...

 

-      Note positive pour la défensive du Tricolore, elle a réussi à blanchir Mark Scheifele samedi. Le Canadien a ainsi stoppé à six la série de matchs consécutifs de Scheifele avec au moins un but (six) et à 11 sa séquence de matchs consécutifs avec au moins un point (8 buts, 10 passes)...

 

-      Le Canadien rentre à Montréal dimanche. Il reprendra l’entraînement lundi afin de se préparer en vue des duels contre les Sénateurs qui seront au Centre Bell mardi et les Jets qui feront escale à Montréal jeudi et samedi...​