C'est samedi après la partie du Canadien que vous pourrez voir la nouvelle émission "Les agents libres" à RDS avec l'animateur Jean-Claude Gélinas, émission à laquelle j'ai l'honneur de participer.

J'ai déjà participé à quelques enregistrements, dont un dans un salon de quilles, mais j'ignore quelle facture exacte aura l'émission. Je suis persuadé toutefois que les gens vont rire. Moi, j'ai eu beaucoup de plaisir à tourner et depuis ma participation à l'émission "C'est pas fini" avec Michel Beaudry, je me sens de plus en plus à l'aise. Qui sait, je suis peut-être en route pour remporter un Oscar!

Je peux vous dire que les gens vont de nouveau entendre mon fameux "Saaaaaluuuuut" qui est devenu un peu ma marque de commerce depuis l'an dernier. Évidememment, il y aura encore des blagues sur la bière. D'ailleurs, à la suite des sketches présentés l'an passé dans l'émission de Michel Beaudry, il y a beaucoup de gens qui m'accostent et qui me demandent à la blague, bien sûr, si c'est vrai qu'il faut commencer par la bière légère pour devenir joueur de hockey.

Les gens qui connaissent Yvon Lambert savent qu'il est ce qu'on qualifie de bon vivant et que je suis catalogué comme un buveur de bière. Je veux que les gens sachent que je ne cherche nullement à banaliser la consommation de la bière en faisant des blagues. L'an dernier, ma femme Danielle, qui est aussi ma gérante, s'inquiétait de l'impact de ces blagues sur mon image, ce qui a conduit à une rencontre au sommet avec Michel pour discuter de la situation.

On a décidé de poursuivre dans la même veine car je ne suis pas du genre à marcher tout croche ou à tomber endormi sous l'effet de l'alcool et je n'ai croisé personne qui me reprochait mes blagues sur les bières. Quand je travaillais à temps plein pour le Canadien, je n'ai jamais eu de plainte. Ça fait partie de mon image et c'est bon pour mon marketing personnel mais je le répète, je n'encourage pas la consommation.


Les tours

L'humour a toujours fait partie de ma vie. Durant ma carrière avec le Canadien, on s'est toujours amusé à se jouer des tours pendables. J'ai souvent été la victime de Guy Lapointe, qui était le principal joueur de tours de l'équipe.

Un jour, alors qu'on rentrait à Montréal en avion, j'ai constaté qu'une de mes bottes avait disparu pendant que je dormais. Une fois arrivé à Dorval, alors qu'il faisait tempête, j'ai été obligé, avec l'aide des agents de bord, de me confectionner une botte de fortune avec des taies d'oreiller et de parcourir une distance d'environ 150 pieds dans la neige. Inutile de préciser que les gars ont bien ri de moi quand je me suis pointé à l'aérogare où ma botte m'attendait.

Guy Lapointe ne manquait pas une occasion de se payer ma tête. Lors d'un entraînement, il me dit un jour, "Yvon, je vais lancer la rondelle dans le coin. Tu n'auras qu'à te dépêcher pour aller la récupérer." Alors, c'est que j'ai fait, mais toutes les fois que je me retrouvais dans le coin, Serge Savard et Larry Robinson venaient me ramasser et je me retrouvais sur mon séant. Le sapré Lapointe à la ligne bleue se bidonnait comme un petit fou. Savard et Robinson, qui étaient de connivence avec Pointu, ont bien rigolé aussi. Moi, je ne rigolais pas.

Après la conquête de la coupe Stanley en 1978, Guy Lapointe s'est immiscé derrière le comptoir de ma brasserie à Drummondville, lors d'une petite fête que j'avais organisée, et il a vidé les comptoirs à friandises en criant aux clients, "Prenez, c'est sur le bras à Yvon".


Pas de camaraderie à l'époque

De nos jours, les joueurs changent souvent d'équipe, se connaissent et fraternisent entre eux. Dans les années 1970, il n'était pas question de fraterniser avec l'ennemi durant l'été. La rivalité Montréal/Boston était tellement intense, par exemple, que je ne voulais rien savoir des joueurs de l'autre équipe, même les francophones.

On respectait les gars des Bruins, mais on ne fraternisait pas hors glace. Quand on se croisait à l'occasion l'été, on se saluait mais c'était tout. Le sentiment d'appartenance et la hargne étaient trop forts.

Moi, j'étais fier de jouer pour le Canadien et Gilles Gilbert, par exemple, était fier de défendre les couleurs des Bruins. À cette époque, on croisait souvent Boston dans les séries et nous les battions toujours. En 1979, j'ai eu la chance de marquer le but gagnant contre lui lors du septième match de la demi-finale et par la suite quand je le rencontrais pendant la saison estivale, je m'empressais d'aller lui serrer la pince et de le remercier pour le taquiner!

Il est important de dire toutefois que c'est grâce à lui si la série avait atteint sa limite. Don Cherry, l'entraîneur des Bruins, avait décidé de remplacer Gerry Chevers après nos deux premières victoires pour confier le filet à Gilles, qui avait multiplié les prouesses pour forcer la série jusqu'au septième match.

Quand je revois Gilles, ce n'est plus pareil. On fraternise pas mal plus. Il vient me donner la main en faisant semblant de pleurer tout en regardant ma bague de la coupe Stanley. Puis, inlassablement, il me répète la même chose, "Ça aurait dû être la mienne!"

En terminant, je vous remercie de votre accueil sur le RDS.ca. Je tiens à vous dire que j'ai lu tous les commentaires publiés au sujet de ma première chronique et que j'en suis très flatté.


*propos recueillis par RDS.ca