Anze Kopitar joue au guide touristique cette semaine.

Sa mère Mataja et son frère de 14 ans Gasper sont arrivés en Californie pour leur premier séjour aux États-Unis. Ils passeront le temps des Fêtes avec lui.

La fin de semaine dernière, avant l'arrivée des membres de sa famille, Kopitar préparait déjà leur itinéraire. «La plage, Universal Studios, Disneyland», énumérait-il dans le vestiaire du Staples Center, un brin d'excitation dans sa voix. Pour une fois, il avait l'air d'un adolescent.

Même s'il vient tout juste d'avoir 19 ans, Kopitar dominait toutes les recrues de la LNH avant qu'Evgeni Malkin ne débute sa saison. Partout, que ce soit parmi ses coéquipiers dans le vestiaire, sur la route, sur la glace, ce n'est pas seulement la taille du jeune Slovène (6 pieds 4 pouces, 220 livres) qui impressionne, mais sa maturité.

Fermez les yeux et vous juriez que vous êtes en train de parler à un homme de 30 ans, ce qui n'est probablement pas étranger au chemin qu'il a dû parcourir pour se rendre où il est.

Kopitar a grandi à Jesenice, un village près des frontières italienne et autrichienne, à l'époque où la Slovénie faisait partie de la Yougoslavie.

Au début des années 1990, les troupes yougoslaves ont tenté de mettre des bâtons dans les routes de la Slovénie, qui voulait redevenir une nation indépendante. En 1992, alors que Kopitar était âgé de 5 ans, les Nations Unies ont finalement reconnu l'indépendance de la Slovénie.

"Évidemment, nous étions effrayés, mais tout s'est finalement bien passé, dit Kopitar. La guerre n'a duré qu'une dizaine de jours et ça ne nous a pas affectés. Après, tout le monde était heureux."

C'est environ à cette époque qu'il a commencé à s'initier au hockey, un sport que son père, Matjaz, a pratiqué et enseigné. "Le hockey n'était pas très populaire en Slovénie. Le soccer et le basketball passaient toujours en avant", se rappelle-t-il.

Pour Anze toutefois, le hockey est vite devenu numéro 1.

"Mon père m'avait fait une patinoire de la grandeur de cette pièce, raconte-t-il en désignant la chambre des joueurs des Kings. Chaque jour, en revenant de l'école ou de la garderie, j'enfilais mes patins et je jouais."

À 15 ans, il jouait avec des hommes et c'était évident qu'il était à la croisée des chemins. Son père était l'entraîneur de l'équipe locale, qui faisait partie d'une ligue autrichienne, mais Kopitar avait déjà l'œil sur de plus grands défis.

"J'avais atteint mes objectifs dans mon pays et je savais que je devrais aller ailleurs pour continuer à avancer." Il avait tout juste 17 ans quand il s'est rendu en Suède, à Sodertalje. Il a d'abord joué avec une équipe junior, ensuite dans une ligue élite.

"C'était difficile parce que ma famille n'était pas avec moi. J'étais laissé à moi-même, mais je me suis habitué. J'aimais tellement le hockey que j'étais prêt à payer le prix."

Les Kings de Los Angeles l'ont repêché au 11e rang du repêchage de 2005, et ce n'est pas exagéré de se demander si c'est ce mot dans sa biographie - Slovénie - qui l'a fait tomber à l'extérieur du Top 10.

"Je crois que c'est une des raisons, dit Kopitar en souriant. Mais finalement, je suis content d'être sorti plus tard, parce que le mode de vie de L.A. est dur à battre. Je suis vraiment heureux."

Il est encore seul dans son appartement de Hermosa Beach depuis que son colocataire, Patrick O'Sullivan, a été renvoyé dans la Ligue américaine au début de l'année. Il a développé une amitié avec son compatriote Sasha Vujacic, le garde des Lakers, et on peut les entendre parler en slovène quand ils se croisent au complexe d'entraînement des deux équipes.

Vendredi, ses 27 points le plaçaient au deuxième rang des pointeurs chez les recrues, trois points derrière Malkin. Le joueur des Penguins semble une valeure sûre pour mettre la main sur le trophée Calder s'il demeure en santé, mais au moins Kopitar sera dans la course.

"Nous voyons souvent des jeunes joueurs arriver et être vraiment bons avec la rondelle en zone offensive, dit le capitaine des Kings, Mattias Norstrom. Mais Anze ressemble à un joueur de centre expérimenté. Il est très responsable en territoire défensif et prend soin de remettre la rondelle à ses ailiers avant d'appuyer l'attaque. Si on regarde ses statistiques, on serait porté à croire qu'il triche pour se porter à l'attaque, mais c'est plutôt l'inverse."

Et à propos de sa maturité?

"C'est un jeune joueur respectueux, dit Norstrom. Il a probablement été le plus jeune dans toutes les équipes dont il a fait partie. Il écoute nos conseils, respecte tous ses coéquipiers. Puis quand il arrive sur la glace, il perd toute forme de respect. Avec ses feintes et ses coups d'épaules, il se moque de ses adversaires."

Son entraîneur Marc Crawford était avec les Nordiques de Québec quand Peter Forsberg a fait son entrée dans la LNH à 21 ans (il en paraissait 17). Selon lui, Kopitar est "très mature, il a les deux pieds sur terre. Nous n'avons rien à voir là-dedans. C'est évident qu'il a été bien élevé."

Les Kings démontrent toute leur confiance en Kopitar en lui donnant une vingtaine de minute de temps de glace par match. Le jeune homme est exactement ce dont ils avaient besoin dans un marché sportif surpeuplé. Kopitar pourrait devenir le nouveau visage de la concession et un trophée Calder ne pourrait certainement pas nuire.

"En ce moment, je n'y pense même pas, jure Kopitar. L'équipe en arrache un peu et je veux faire tout ce que je peux pour pouvoir participer aux séries. Si, en bout de ligne, on devait me récompenser avec le Calder, je serais très heureux."