Le « Man Cave » ultime
La Fédération internationale de hockey sur glace m'a ouvert la porte de son bureau de révision, à Stockholm. J'ai donc eu la chance de rencontrer une équipe de gars dédiés, en charge d'appuyer le travail des officiels lorsqu'une demande de révision est faite sur une situation de jeu.
« C'est le 'man cave' ultime, lance Mike Hicks, qui supervise l'équipe en tant que responsable des opérations hockey. On s'enferme ici avec toutes ces grandes télévisions et nos angles de caméras ! »
Hicks est un vrai passionné du hockey. Il a d'abord travaillé comme officiel sur glace pendant plusieurs années au sein de la fédération internationale. Aujourd'hui, il agit comme responsable des opérations hockey et il supervise l'équipe responsable des révisions vidéos demandées en cours de matchs.
« Nous avons 24 angles de caméras différents et pour le dernier weekend de matchs, ce nombre passera à 27, souligne Hicks. Nous devons être concentrés. Nous avons une belle équipe qui travaille ensemble, dans le but de soutenir le travail des officiels. »
Justement, le passé d'arbitre de Mike Hicks lui permet de comprendre les enjeux que vivent ses collègues sur la patinoire. Quand une révision est demandée, les officiels entrent en communication avec l'équipe de révision et ils sont donc chanceux de pouvoir compter sur un partenaire d'expérience pour leur prêter main-forte.
« Nous pouvons vraiment aider à ralentir les choses pour les arbitres en place. Il y a beaucoup de pression sur leurs épaules et nous pouvons calmer les situations en leur rappelant les aspects importants à regarder. Nous pouvons ainsi trouver les meilleurs angles pour les aider à prendre la meilleure décision sur la patinoire. »
Un Québécois fait partie de cette petite équipe de cinq « coéquipiers », qui passent leur journée à scruter les matchs à la loupe. David Racicot est à l'emploi de l'IIHF depuis 2016. Il est responsable de la sécurité des joueurs. Son rôle lui demande donc d'avoir un œil aiguisé sur plusieurs situations de jeu.
« Tout contact, toute mise en échec, toute situation qui implique deux joueurs sur la glace se retrouve dans mon écran, souligne David.
« S'il est déterminé qu'un incident doit être révisé pour une suspension potentielle, nous prenons le temps de réviser le tout avec un comité de la sécurité des joueurs. »
David Racicot est avocat dans la vie de tous les jours au Québec. En 2016, il a travaillé conjointement avec Stéphane Quintal, qui agissait à l'époque comme directeur du département de sécurité des joueurs de la LNH. L'objectif était d'établir un comité similaire avec la fédération internationale de hockey. C'est à ce moment que Racicot a amorcé son mandat annuel avec la fédération et qu'il a pu commencer à voyager vers les différentes destinations où sont présentés les tournois…de Stockholm, à Prague, en passant par Helsinki, entre autres.
Chaque année, il met sa vie « sur pause » pour se lancer dans ce mandat stimulant.
« C'est vraiment un travail de passionné. Nous ne sommes pas ici pour l'argent, mais pour la passion du hockey. C'est un privilège de regarder 64 matchs du Championnat du monde et en même temps, c'est un investissement de temps, lance Racicot pendant notre entretien entre deux périodes d'un duel opposant la Lettonie et l'Autriche.
« J'ai donc l'occasion de combiner mes passions pour le sport et le monde juridique. »
Il peut paraître très glamour d'avoir un rôle du genre au sein de la fédération internationale. Il n'est certainement pas désagréable de découvrir de nouveaux pays dans le cadre de ses fonctions. Mais le fait demeure que le groupe mis en place ne compte pas les heures de travail et fait preuve d'un haut niveau de dévouement.
« Nos journées sont bien remplies. Notre premier match est à midi et le dernier se termine vers 23 heures, raconte David Racicot. Nous devons être à l'affût pendant les matchs. Ce n'est pas un mandat que nous prenons à la légère, on s'amuse bien sûr, mais notre travail demande beaucoup de sérieux. »
Il est bien vrai que ce travail doit être fait avec sérieux. Si l'ambiance dans la salle de révision est détendue et que les collègues ricanent entre eux pour détendre l'atmosphère pendant les entractes, tout ce beau monde reprend un niveau de concentration élevé pendant l'action et on peut pratiquement entendre une mouche voler.
Pas le choix d'être concentrés, parce que la pression est bien présente pour ce Championnat du monde de hockey et que chacune des décisions prises peut avoir des conséquences importantes entre une victoire et une défaite.