VICTORIAVILLE – La situation n’est pas idéale, Louis Robitaille ne poussera pas la note jusqu’à prétendre le contraire. Mais l’entraîneur-chef des Tigres de Victoriaville a la preuve, à l’intérieur de son propre vestiaire, qu’il n’est pas impossible de s’extirper d’un trou comme celui que son équipe s’est creusé.

En s’inclinant 2-1 devant le Titan d’Acadie-Bathurst, mardi soir, les Tigres se sont placé la tête sous la guillotine. Ils accusent maintenant un déficit de 0-3 dans cette demi-finale des séries de la LHJMQ et risqueront l’élimination ce soir alors qu’ils seront les hôtes du quatrième match de la confrontation au Colisée Desjardins.

 

Dans l’histoire du circuit junior québécois, seulement cinq équipes ont réussi l’exploit de survivre à des probabilités aussi défavorables. Robitaille croit que celle qu’il dirige peut devenir la sixième. Au cœur de sa foi : les vétérans Étienne Montpetit et Vincent Lanoue, qui ont vécu l’euphorie d’une telle remontée il y a trois ans alors qu’ils portaient les couleurs des Foreurs de Val-d’Or.

 

« On ne commencera pas à sortir des répliques des Red Sox de Boston ou des Kings de Los Angeles quand ils ont gagné la coupe Stanley. On a un gardien de but qui l’a vécu, a souligné Robitaille après la défaite des séries mardi. On a un groupe uni, un groupe soudé. J’ai souvent dit que c’est le meilleur esprit d’équipe que j’ai vu en tant qu’entraîneur, et même en tant que joueur. Cette gang-là n’abandonnera pas. »

 

Au printemps 2015, Montpetit était un gardien de 17 ans à sa première saison complète dans la LHJMQ quand il avait hérité du poste de numéro 1 au beau milieu d’un désastre. Même s’il avait accordé cinq buts en relève à Keven Bouchard dans le deuxième match de la série de deuxième tour contre le Drakkar de Baie-Comeau, une lourde défaite de 9-1, l’entraîneur Mario Durocher avait décidé de lui réitérer sa confiance et d’en faire son titulaire.

 

« Je ne suis jamais ressorti du filet par la suite », s’est souvenu le cerbère mercredi matin lors d’un bref entretien dans les quartiers généraux des Tigres.

 

Malgré une performance de 33 arrêts dans le match suivant, Montpetit et les Foreurs avaient été battus 6-3. Les raisons d’y croire étaient rares. Quand le Drakkar est rentré au premier entracte avec une avance de trois buts dans le match numéro 4, c’était pratiquement dans la poche.   

 

« On a marqué un premier but, puis un but chanceux. Le momentum a changé de côté et on a arrêté de regarder en arrière à partir de ce moment-là. On avait quand même une bonne équipe, on avait de l’offensive. On savait qu’on pouvait battre ces gars-là de l’autre côté. Aussitôt qu’on a pris notre élan, on a arrêté de douter et c’est ce qui a fait la différence. »

 

La ligne est souvent bien mince entre la victoire et la défaite. Mardi soir, le Titan a inscrit le but de la victoire sur un tir en apparence inoffensif. Le retour a dévié sur un défenseur avant de se retrouver dans le fond du filet.

 

« Ils ont profité de leur chance, des bonds chanceux. C’est peut-être cette petite étincelle que ça nous prend pour que le vent change de côté, compare Montpetit. Avec la puissance offensive qu’on a ici à Victo, on peut faire des ravages. Si jamais on reprend le momentum, on peut vraiment être dangereux. »

 

Auteur du seul but des siens dans le match numéro 3, Lanoue passe près de s’étouffer quand on lui demande s’il croit que les Tigres ont ce qu’il faut pour sauver leur peau.

 

« Ben oui! On est déjà meilleurs qu’on était cette année-là à Val-d’Or. C’est juste d’y croire, de ne pas lâcher. Si on y croit, tout peut arriver », lance le défenseur sur un ton convaincu.

 

« S’il y a une équipe qui peut faire ça cette année, c’est nous », assure Montpetit.

 

Les Foreurs de 2015 avaient finalement gagné leur match numéro 4 en deuxième période de prolongation grâce à un but de Julien Gauthier. Alexis Pépin avait joué les héros dans un contexte similaire lors de la partie ultime.

« Je m’en rappelle comme si c’était hier », rêvasse Lanoue, confiant de voir encore une fois un coéquipier prendre le beau rôle.

 

« On en a beaucoup pour vrai, des gars clutch. Tout le monde peut faire ça. J’ai hâte de voir », s’enthousiasme-t-il.

 

Les joueurs du Titan ne voudront pas tomber dans le piège qui a coulé le Drakkar en 2015. Pour les prévenir du risque qui les guette, le vétéran défenseur Olivier Galipeau pourra certainement leur partager ses propres histoires puisqu’il partageait le vestiaire avec Montpetit et Lanoue lors de cette remontée féérique qui s’était conclue en Abitibi.  

 

« C’est sûr qu’on est dans une très bonne position, mais c’est un classique, c’est toujours la quatrième la plus difficile à gagner, réalisait le capitaine du Titan, Jeffrey Truchon-Viel, mardi soir. Mais évidemment, on veut finir ça le plus vite possible. On veut gagner ça demain. »​

 

Ce présent tableau réalisé par mon collègue Stéphane Leroux montre les équipes qui sont parvenues à effectuer un retour lorsqu'elles accusaient un déficit de 0-3 dans une série.

 

1985

Drummondville c. Trois Rivieres

1/4 finale

(Michel Parizeau c. André Dupont)

1987

Longueuil c. Laval

1/2 finale

(Guy Chouinard c. Claude Thérien)

2001

Cap-Breton c. Chicoutimi

1/8 finale

(Pascal Vincent c. Alain Rajotte)

2012

Halifax c. Québec

1/4 finale

(Dominique Ducharme c. Patrick Roy)

2015

Val-d'Or c. Baie-Comeau

1/4 finale

(Mario Durocher c. Marco Pietroniro)