Quelle que soit l’issue de la série finale, les Golden Knights de Vegas ont transformé l’image de la Ligue nationale et probablement celle de toutes les ligues professionnelles. Imaginez! Un club de l’expansion qui, dès sa première année, lutte pour l’obtention du titre marquant la suprématie de son sport.

Ce résultat incroyable est l’œuvre de chacun de ces joueurs, délaissés par leur ancien club, qui se sont oubliés individuellement pour former une équipe étonnamment soudée. Il y a longtemps que je n’ai pas été aussi enthousiaste avant un affrontement auquel le Canadien ne participe pas. C’est d’ailleurs le cas pour des dizaines de milliers d’autres amateurs de sport. 

Cette saison incroyable des Golden Knights prend surtout son origine à travers deux personnes qui ont dépassé toutes les attentes imaginables.

La première est, sans nul doute, l’entraîneur-chef Gérard Gallant. 

Permettez-moi un ici petit saut en arrière. Il y a quelques années, j’ai travaillé avec Michel Therrien, avant même qu’il ne devienne l’entraîneur-chef du Canadien de Montréal. Dans nos discussions, je lui avais demandé qui il recruterait au poste d’adjoint s’il était choisi par Marc Bergevin. Il m’a aussitôt répondu : Gérard Gallant. 

Je lui ai fait remarquer que Gallant visait aussi un poste d’entraîneur-chef d’une équipe.

« C’est pour ça que je le veux, a-t-il répliqué. Gérard a le talent, les capacités et veut faire sa marque, alors il va se dépasser tous les jours pour y arriver. Et j’ai besoin d’hommes comme lui pour nous aider à gagner! »

Michel Therrien avait raison. Gérard Gallant a largement contribué aux succès de l’équipe. Nous avons donc tous été contents pour lui quand il a été embauché par les Panthers de la Floride pour diriger leur club et nous avons tous été surpris quand ils ont décidé de ne plus retenir ses services malgré des résultats prometteurs. Vegas a fait un coup de maître en allant le chercher.

Gérard Gallant est un homme de peu de mots qui a su insuffler une âme à cette équipe de laissés pour compte. À l’une des premières rencontres avec ses hommes, Gerard leur a dit qu’il fallait s’amuser. Que tout passait par là. Or, les joueurs professionnels n’entendent jamais leur coach leur dire qu’il faut qu’ils aient du plaisir sur la glace. 

Gerard leur a aussi montré qu’ils avaient droit à l’erreur. Un joueur pouvait faire un mauvais jeu, l’entraîneur ne les punirait pas pour autant. Il leur a prouvé qu’ensemble ils pouvaient être invulnérables et a créé une chimie pour cimenter l’équipe. C’est ainsi que les Perron, Engelland, Marchessault, Smith, Bellemare, Karlsson et tous les autres ont uni leurs efforts et ont appris à gagner.

En étant, en quelque sorte, laissé de côté par leur ancien club, chacun de ces joueurs a connu les cinq blessures émotionnelles que sont la trahison, le rejet, l’abandon, l’humiliation et l’injustice. Mais ils sont passés au travers et en sont ressortis bien plus forts. 

Bravo!

L’autre pilier de cette équipe est, sans nul doute, Marc-André Fleury. Vous savez que j’aime profondément ce jeune homme, surtout qu’il vient de ma ville et que son père est l’un de mes grands amis. Alors c’est vrai que je ne suis pas totalement objectif. Cela dit, personne ne peut nier qu’il est le leader des Golden Knights.

Il en a été l’inspiration toute la saison et, depuis le début des séries, il est en mission. Il domine avec 12 victoires, un pourcentage d’efficacité de ,947, une moyenne de but alloué de 1,68 et quatre blanchissages. C’est inouï!

Au-delà de ces statistiques, c’est l’homme qui m’impressionne. Marc-André est un modèle qui peut influencer des milliers de jeunes joueurs. Il est généreux avec ses coéquipiers et n’hésite jamais à consacrer du temps pour les amateurs. Il a toujours fait preuve d’un grand professionnalisme. Il est responsable de ses actes, fait passer l’équipe avant lui et est exemplaire dans son éthique de travail. En plus, il est resté simple et ne se prend pas pour un autre. Il est assurément l’un des éléments majeurs qui expliquent les victoires des Golden Knights. Pour reprendre un terme à la mode à Montréal, on peut certainement dire que Marc-André Fleury a la bonne attitude, celle que tous les entraîneurs et directeurs généraux recherchent.

Alors oui, quel que soit le résultat de la série contre Washington, cette bande de joueurs a déjà gagné. Ils ont inspiré le goût du hockey dans une ville en plein désert et nous ont donné encore plus de raisons d’aimer ce sport extraordinaire. Voilà pourquoi je leur prédis la Coupe Stanley en 6 matchs!