MONTRÉAL - Chris Lee et Dan O’Rourke n’ont pas coûté le match au Canadien dimanche. Ils ont fait bien pire : par leur incompétence et le manque de jugement qu’ils ont affichés au fil du match, ils ont terni l’image de la LNH.

 

Non seulement devraient-ils être retirés illico du groupe d’officiels que la Ligue a honorés en les invitant au sein du carré d’as, mais elle devrait carrément songer à les écarter pour de bon afin de rétablir un brin de crédibilité.

ContentId(3.1391125):Antichambre : « L'arbitrage, c'est hors de notre contrôle » - Paul Byron
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Pas question ici d’endosser les grandes théories du complot selon lesquelles Lee et O’Rourke ont été achetés par les Golden Knights ou pis encore qu’ils respectent simplement les demandes de la LNH qui tient mordicus à empêcher le Canadien d’atteindre la grande finale. Ces théories sont plus folles que l’incompétence affichée par les deux arbitres lors des deux derniers matchs.

 

Ça vous donne une idée!

 

Mais ça n’enlève rien au fait que Chris Lee et Dan O’Rourke ont été mauvais dimanche. Terriblement mauvais. Affreusement incompétents. Qu’ils ont offert une performance rien de moins que honteuse.

 

Des arbitres peuvent «voler» un match en distribuant des pénalités pour un tout ou un rien. Et c’est ce qui est le plus facile à faire, car au nombre d’accrochages, de coups de coude, de coups de bâton et de double-échec distribués au fil d’un match, les arbitres pourraient sévir 20 fois par période.

 

D’où l’importance de faire preuve de jugement. De déterminer quoi laisser passer, quoi punir sur-le-champ, quand sévir, quand être plus permissif. Arbitrer c’est bien plus qu’appliquer bêtement les règlements. C’est les appliquer avec un œil critique et aiguisé. C’est les appliquer avec l’expérience qui permet aux meilleurs de rester au-dessus de la mêlée et de toujours garder le plein contrôle du match qu’ils officient.
 

Vendredi soir lors du troisième match de la série Montréal-Vegas, Chris Lee et Dan O’Rourke ont rarement été en contrôle du match dont ils avaient la responsabilité. Dimanche soir, ils ne l’ont jamais été.

 

Seule consolation – j’espère que vous saisissez l’ironie ici – Lee et O’Rouke ont été aussi mauvais à l’endroit du Canadien qu’à l’endroit des Knights.

 

Tous les partisans du Canadien ont vu, revu et ont sans doute fait des cauchemars en revivant le coup de poing asséné au visage de Nick Suzuki devant les yeux de Chris Lee qui était tellement proche de l’action qu’il aurait dû porter un masque N-95, car il ne respectait pas la distanciation sociale, mais qui a décidé de fermer les yeux.

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Mais pour chaque complainte justifiée des partisans du Tricolore, les partisans des Golden Knights pouvaient en formuler d’autres tout aussi justifiées.

 

Lee et O’Rouke ont décerné quatre pénalités mineures dimanche. Ils en ont laissé passer 10, 15 peut-être même 20.

 

Les deux premières ont visé Shea Weber et Tomas Nosek qui se sont retrouvés au cachot pour conduite antisportive. Belle affaire! Weber aurait pu écoper deux ou trois autres pénalités mineures sur la séquence alors qu’il a asséné des doubles-échecs et frapper Nosek avec son bâton plusieurs fois. Pas plus fin, Nosek aurait dû être chassé pour deux ou trois infractions de rudesse. Il aurait aussi dû être soumis à un test d’intelligence pour avoir songé ne serait qu’une seconde à jeter les gants devant le capitaine du Canadien.

 

Lee et O’Rouke ont regroupé la demi-douzaine d’infractions qu’ils pouvaient reprocher à Weber et Nosek en deux belles petites minutes pour conduite antisportive.

 

Pourquoi ne pas les récompenser avec un petit coca-cola en canette bien froid tant qu’à y être?

 

En fin de deuxième, après avoir laissé passer mille et une infractions plus sérieuses, voire dangereuses, O’Rouke a décidé de chasser Nick Suzuki pour accrochage. Il y avait peut-être matière à punition sur le jeu. Peut-être. Mais comment un arbitre qui est censé faire partie de l’élite de la LNH peut décider de punir un geste aussi insignifiant aux sens propre et figuré après avoir fermé les yeux sur des gestes bien plus graves?

 

En prime, les arbitres ont commis le pire crime qu’un arbitre peut commettre lorsqu’ils ont décidé de chasser Alec Martinez quelques minutes plus tard pour un geste tout aussi insignifiant.

 

Belle manière de se reprendre.

 

Des décisions aussi aléatoires que celles prises par Lee et O’Rouke dimanche et surtout les décisions qu’ils n’ont pas prises mènent très souvent tout droit à des échauffourées sur la patinoire.

 

C’est normal! Ne sachant plus ce qui sera permis et ce qui ne le sera pas, les joueurs étirent l’élastique afin de se faire justice. Et l’élastique casse. On l’a vu en fin de deuxième alors que Lee, voyant qu’il avait perdu le contrôle du match – son seul éclair de génie de la rencontre – a décidé de renvoyer les deux clubs aux vestiaires bien qu’il restait deux secondes et des poussières à faire à la période.

 

Arbitrer c’est facile. Bien arbitrer c’est non seulement difficile; c’est un art.

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En finales d’associations, les arbitres qui sont de faction pour garder le contrôle de ces matchs les plus importants disputés depuis le début de la saison devraient justement être des artistes. Des artistes qui ont l’œil pour voir ce qui se passe devant eux et qui ont le jugement pour analyser ce dont ils sont les témoins.

 

Même les arbitres aux yeux et aux esprits les plus vifs peuvent commettre des erreurs. C’est vrai. Mais quand la sirène met un terme à un match après 60 minutes ou qu’un but décisif ne scelle l’issue d’une rencontre en prolongation, il est impératif qu’on puisse assurer sans le moindre risque de se tromper que les quatre membres du club de chandails zébrés ont commis beaucoup moins d’erreurs et que les joueurs des deux autres formations sur la patinoire.

 

Vendredi dernier et plus encore dimanche, Chris Lee et Dan O’Rourke ont commis plus d’erreurs que les joueurs du Canadien et des Knights réunis.

 

En laissant tout passer comme ils ont l’ont fait dimanche, en acceptant de voir des infractions évidentes être commises devant eux, Chris Lee et Dan O’Rouke ont dénaturé le sport qu’ils ont le mandat de respecter. Ils l’ont terni. Ils l’ont bafoué.

 

Et c’est inacceptable.

 

J’espère que la Ligue en conviendra et qu’elle prendra les mesures nécessaires pour éviter de confier ne serait-ce qu’une autre minute d’un match aussi important que ceux disputés dans le carré d’as à ces deux arbitres qui ne méritent pas de porter un uniforme qui devrait imposer le respect et non inciter la dérision.