Si vous êtes à la recherche d’un poste qui vous assure stabilité et longévité, évitez celui d’entraîneur-chef dans la Ligue nationale de hockey. Gerard Gallant et son adjoint, Mike Kelly, viennent d’être congédiés par les Golden Knights de Vegas. La direction a justifié sa décision parce que l’équipe venait de perdre un quatrième match consécutif.

Je n’entrerai pas dans ces considérations, car les responsables ont le droit de prendre les décisions qu’ils croient les meilleures. Je m’interroge cependant sur la réaction des autres entraîneurs de la LNH. N’oublions pas que Gerard avait pris les rênes de l’équipe en 2018, année où la concession était entrée dans la ligue. Il a alors mené ses joueurs à la finale de la Coupe Stanley, été récipiendaire du trophée Jack-Adams décerné à l’entraîneur ayant le plus contribué au succès de son équipe, et il cumule une fiche de 118-75-20 en trois saisons.

Nos routes se sont croisées quand il a travaillé avec le CH. J’ai alors appris à connaître un homme intelligent, extrêmement compétent et d’une curiosité insatiable. Il voulait toujours en apprendre plus sur le hockey. Il m’a si souvent questionné sur certains points de psychologie sportive, sur les différentes personnalités des joueurs, sur les moyens pour arriver à les motiver et ainsi de suite. Il voulait tout savoir parce que ça l’aidait à devenir un meilleur entraîneur, me disait-il.

Avec les joueurs, il se montrait exigeant, mais toujours juste et équitable, des qualités que respectent et apprécient tous ceux qui ont joué pour lui.

Cette année, les Golden Knights semblaient avoir un début peut-être un peu plus difficile et les dirigeants n’ont pas eu de patience. Ils ont décidé de réagir dès qu’une baisse de régime s’est produite. Je crois cependant que Gerard ne s’attendait nullement à cette annonce. Elle a d’ailleurs pris le monde du hockey par surprise.

Nous en sommes à la mi-saison et c’est déjà le 5e entraîneur qui est congédié. Je sais qu’il y en a sept, mais deux l’ont été pour des raisons qui n’ont pas de lien direct avec le hockey. Ça représente près de 20 % de tous les entraîneurs-chefs qui ont amorcé l'année.

Il est évident que ça ajoute une pression terrible à tous ceux qui occupent ces postes. Ils sont sur des sièges éjectables. Voilà d’ailleurs une situation qui dure depuis plusieurs années et qui ne semble pas toujours tenir compte des résultats de l’équipe. Les Golden Knights en sont un exemple, mais je pourrais aussi parler de Michel Therrien qui a été congédié par le CH alors que l’équipe était en tête de son association.

Alors oui, être entraîneur-chef au hockey est un emploi à risque. Il nécessite des compétences techniques colossales, mais aussi une bonne dose de psychologie pour motiver des jeunes millionnaires à en donner toujours plus. Il faut gagner à tout prix et, au moindre signe de faiblesse, le couperet peut tomber. Cela met une énorme pression sur leurs épaules.

Le plus étonnant, c’est qu’il y a toujours des candidats pour prendre la relève. Plus encore, ceux qui ont été limogés acceptent pratiquement toujours un nouveau défi s’il leur est proposé. Nous en avons une autre preuve avec les Golden Knights qui remplacent Gerard par Peter DeBoer qui avait lui-même été mis à pied par les Sharks de San Jose en décembre.

J’espère donc que Gérard se fera bientôt offrir (s’il le souhaite encore) un autre poste pour diriger dans la LNH. Il en a les qualités et, à mon avis, il le mérite.