Roger McQueen : l'énigme qui fait peur

BUFFALO – Aucun joueur n'avait plus à gagner que Roger McQueen au récent Camp d'évaluation des espoirs de la LNH à Buffalo.

La semaine durant, il a dû répondre à une question brûlant les lèvres de tous. Des directeurs généraux de la LNH jusqu'aux journalistes, chacun voulait avant tout savoir qu'une chose.

Es-tu correct Roger?

L'interrogation était légitime. Incommodé par une persistante blessure au dos, l'imposant joueur de centre de 6 pi 5 po et 197 lb des Wheat Kings de Brandon n'a joué que 17 matchs cette saison dans la Ligue junior de l'Ouest (WHL).

Un bien petit échantillon pour évaluer le potentiel d'un joueur qui, au début de l'automne, pouvait rêver d'être le premier appelé le soir du 27 juin au Peacock Theater de Los Angeles.

Car dans les premières semaines de la campagne, il en avait toutes les allures.

Après huit matchs, McQueen avait déjà marqué huit buts et glané trois mentions d'aide. Les équipes de la LNH salivaient à l'idée d'ajouter à leur banque d'espoirs ce joueur de centre géant doté d'habiletés hors du commun.

C'était avant que ses problèmes de dos ne viennent tout remettre en question.

Contraint de soigner une fracture de la colonne vertébrale entre les vertèbres L4 et L5 dans le bas de son dos, McQueen a raté près de cinq mois d'activités avant de finalement effectuer un retour au jeu le 4 mars dernier.

Le temps de jouer neuf matchs avant la fin du calendrier régulier et trois autres une fois en séries, McQueen s'est à nouveau retiré de l'action pour soigner une blessure musculaire liée à la précédente.

Aux équipes qui l'ont convié pour une discussion pendant le « Combine », McQueen s'est fait rassurant au sujet de sa guérison, affirmant être aujourd'hui à 100 % de ses capacités et sans douleur depuis la fin du mois d'avril.

« C'est maintenant derrière moi. Les docteurs avec qui j'ai fait affaire cette année ne voient pas cette blessure revenir. J'ai dit les choses telles qu'elles sont aux équipes. Je ne venais pas ici pour leur mentir. C'est réglé et je suis heureux d'avoir pu passer à autre chose », a juré McQueen en mêlée de presse après s'être soumis à chacun de tests physiques du Camp d'évaluation.

« Je peux encaisser les contacts sur la patinoire depuis un mois et demi. Mon dos est 10 sur 10, enfin! Jamais dans les trois dernières années je ne me suis senti aussi bien que maintenant », a répété celui qui a commencé à éprouver des douleurs en août 2023, alors qu'il représentait le Canada à la Coupe Hlinka Gretzky.

Reste à voir si ces paroles suffiront à convaincre les clubs de la LNH de le repêcher hâtivement.

Le spectre de Cayden Lindstrom

Dans leurs plus récentes projections, nos confrères de TSN Craig Button et Bob McKenzie l'identifient comme une sélection du top-10 en le répertoriant respectivement 5e et 7e.

« Roger McQueen est le plus grand risque de ce repêchage, mais il pourrait très bien devenir le meilleur joueur de cette cuvée », écrivent pour leur part les experts du site Elite Prospects au sujet de celui qu'il classe également 5e, vantant notamment sa carrure, ses mains de magiciens, son tir précis, ses aptitudes de fabricant de jeu et son jeu défensif.

« S'il avait joué toute l'année, j'ai l'impression qu'il serait pas mal plus haut que ça [dans les classements]. Je l'ai vu joué à 16 ans, c'est un cheval. Mais avec ce qui est arrivé à Cayden Lindstrom cette année, ça fait un peu peur », a reconnu un dépisteur de la LNH sondé par le RDS.ca.

Lindstrom, c'est cet espoir que les Blue Jackets de Columbus ont couru le risque de sélectionner au 4e rang du dernier repêchage malgré toute l'incertitude engendrée par une mystérieuse blessure au dos dont il n'était à ce moment toujours pas remis. Il était en fait loin de l'être, a-t-on depuis appris.

Repêché tout juste avant Ivan Demidov des Canadiens de Montréal, Lindstrom n'a pas joué un seul match durant le calendrier régulier des Tigers de Medicine Hat, effectuant son retour au jeu que vers la fin du parcours éliminatoire des siens. Il n'a finalement joué que quatre matchs en séries, et trois autres à la Coupe Memorial.

Or, de gros joueurs de centre n'ayant pas que leur gabarit pour attributs, ça ne court pas les rues dans le hockey d'aujourd'hui. Si bien qu'une équipe risque de se laisser tenter par le profil de McQueen. D'autant plus qu'il se dit dorénavant en pleine santé.

« McQueen pourrait devenir intéressant même s'il n'a pas beaucoup joué. Je l'avais dans mon top-3, nous a révélé un autre éclaireur. Il pourrait surprendre s'il n'y a pas d'inquiétudes pour sa santé, notamment en raison de son gabarit. Il était sur un pace pour faire beaucoup de dommages. »

Ce n'est que partie remise, espère McQueen. Et pourquoi pas dans la LNH aussitôt que l'an prochain?

« Je ne pense pas trop au repêchage, je ne suis pas trop inquiet de ce qui pourrait survenir. Je suis juste excité à l'idée de me joindre à une équipe et tenter de percer la formation. Ce sera mon objectif en me présentant au camp d'entraînement. Jouer et tenter ma chance. »