Ne manquez pas l'émission Trajectoires mettant en vedette Yves Racine, mardi soir dès 19 h sur RDS et RDS Direct

Parsemée de hauts et de bas, la carrière d’Yves Racine ne s’est pas déroulée comme il s’était imaginé au départ. Le défenseur a roulé sa bosse dans la LNH avant d’aboutir avec le Canadien, où il a vécu des années agitées, avec les congédiements de Jacques Demers et Serge Savard, puis l’échange de Patrick Roy. Racine n’a jamais ménagé ses efforts et le tout se reflète sur le chemin de sa carrière.

Passionné de hockey qui est tombé dans la marmite comme Obélix, Racine a grandi à Charlesbourg en tant que fan des Nordiques. Il a été marqué par la rivalité Canadiens-Nordiques qui en était à son paroxysme dans les années 80. Lorsqu’il enfilait ses patins à la patinoire de son quartier, Racine s’imaginait dans la Ligue nationale. Son expérience au Tournoi International de Hockey Pee-Wee de Québec a attisé le feu. Puis au niveau Midget, Racine transforme une déception en une expérience positive. Victime des coupures au camp des Gouverneurs de Sainte-Foy au Midget AAA, il met ensuite les bouchées doubles au niveau AA et se fait rappeler par les Gouverneurs un mois plus tard. En peu de temps, Racine parvient à sortir du lot et dès sa deuxième année avec les Gouverneurs, il devient l’un des meneurs de son équipe.

À l’âge de 16 ans, Racine savoure un championnat avec les Gouverneurs. Prochaine étape : la LHJMQ. Une semaine avant le repêchage, son nom pointe au sommet des listes de recrutement. Comme prévu, les Chevaliers de Longueuil le sélectionnent au tout premier rang. Autonome et discipliné, il se débrouille bien à Longueuil, loin du nid familial. Travailleur acharné sur la patinoire, Racine est récompensé pour ses efforts. Dès sa saison recrue, il est utilisé à toutes les sauces par son entraîneur Guy Chouinard et le défenseur amasse 50 points. L’arrivée de Racine à Longueuil coïncide avec le retour en force des Chevaliers qui terminent au sommet de leur division en 1986-87. Leurs succès se poursuivent en séries. Ils disputent une demi-finale historique face à de grands rivaux, le Titan de Laval, avant de battre les Saguenéens de Chicoutimi pour soulever la première coupe du Président de l’histoire de la concession. Par la suite, l’équipe se dirige au tournoi de la coupe Memorial. Même si le tournoi est décevant pour Longueuil qui ne signe aucun gain, Racine fait tourner les têtes des recruteurs de la LNH.

Une progression fulgurante

Après une seule saison junior, son nom est placé parmi les premiers dans la liste des recruteurs. Ce sont les Red Wings de Detroit qui jettent leur dévolu sur lui au premier tour, 11e choix au total. L’été 1987 est très mouvementé pour Racine qui participe au camp des Red Wings avant de retourner dans le junior. Durant l’entre-saison, les Chevaliers déménagent à Victoriaville et deviennent les Tigres. La progression de Racine se poursuit et il devient le quart-arrière de son équipe, amassant 94 points. Racine s’y plait à Victoriaville et ça paraît! La saison suivante, il parvient à se tailler une place au Championnat du monde de hockey junior 1989, qui se déroule en Alaska, où le Canada termine au quatrième rang. Racine complète ensuite sa dernière saison junior avec une récolte de 108 points. Les Tigres peuvent rêver aux grands honneurs mais ils subissent une élimination crève-cœur face au Titan en finale.

Le lendemain, Racine reçoit un appel qui met un baume sur cette défaite alors qu’il est invité par les Red Wings à joindre leur club-école à Adirondack, pour aider en pleine course aux séries de la Ligue américaine. Une expérience concluante puisque Racine et les Red Wings vont jusqu’au bout et soulèvent la coupe Calder.

Bienvenue dans la LNH!

Lors de la saison 1989-90, Racine reçoit l’appel de l’entraîneur-chef des Red Wings de Detroit, Jacques Demers. Le défenseur fait ses valises pour la capitale automobile où il fait partie d’une équipe à l’avenir prometteur. Il récolte 13 points en 28 matchs à sa saison recrue. Puis, la saison suivante, il explose avec 47 points et termine au quatrième rang des pointeurs à Detroit. Le Québécois devient un rouage important au sein de sa formation et tout baigne dans l’huile pour lui! Cependant, les choses se gâtent en 1993. L’atmosphère autour de l’organisation change après une élimination hâtive en séries. Par conséquent, Racine n’a plus le même rôle dans la formation. Froidement, pendant un match en octobre 1993, son entraîneur-chef et directeur général Bryan Murray lui annonce qu’il est échangé aux Flyers. Son expérience à Detroit prend fin abruptement après quatre saisons.

« C’est sûr que Detroit était une très belle organisation, mais Philadelphie l’était autant. Donc, pour moi, l’arrivée s’est quand même assez bien faite à Philadelphie. Il y avait une équipe qui tend à devenir aussi, avec Eric Lindros qui était là depuis quelques années. Mike Ricci, Rod Brind’Amour. Donc, il y avait quand même une bonne équipe. Je voyais une opportunité de devenir le numéro un ou le numéro 2 en défense »

Le bonheur à Philadelphie, le choc à Montréal

C’est avec les Flyers qu’il connaît sa saison la plus productive avec 52 points en 1993-94. Il vit des moments heureux à Philadelphie.  Par contre, une surprise l’attend à l’été alors qu’il frappe des balles sur un terrain de golf. Le DG du Canadien, Serge Savard, lui annonce qu’il a fait son acquisition en retour de Kevin Haller. Racine est sous le choc car il se voyait à long terme avec les Flyers.

Même s’il est accueilli par un visage familier en Jacques Demers, qui est alors l’entraîneur-chef du tricolore, Racine trouve sa première saison difficile à Montréal où l’équipe ne fait pas les séries pour la première fois depuis 1970. Le défenseur est insatisfait de son utilisation.

Pour ajouter à son désarroi, la colère gronde au début de la saison suivante, à la suite des congédiements de Jacques Demers et Serge Savard, suivis de l’histoire Patrick Roy-Mario Tremblay. Les répercussions se font sentir dans la chambre des joueurs et Racine en a assez! Dans le marché de Montréal où chaque mot est pesé avec minutie, il ne cache pas sa frustration devant les caméras et demande à être échangé mais il aboutit plutôt au ballottage.

Les Sharks le réclament en1996 et il termine l’année en force. La saison suivante, les Sharks lui annoncent qu’ils ne peuvent le garder en raison de son salaire. Racine vit alors les moments les plus difficiles de sa carrière alors qu’il est envoyé dans la Ligue américaine. Les années suivantes seront marquées par de nombreux déménagements : il évolue avec les Flames en 1996-97 puis avec le Lightning en 1997-98. Après neuf saisons et en raison de l’insécurité concernant son avenir dans la LNH, Racine décide de prendre le chemin de la Finlande. L’aventure Européenne qui durera six ans, lui permettra de retrouver une stabilité et de passer plus de temps avec sa famille.

 Il n’y a pas que le hockey dans la vie! Après 15 saisons au hockey professionnel, Racine, qui a la bosse des affaires, est de retour au Québec. Il est maintenant copropriétaire d’une entreprise dans laquelle il travaille avec ses enfants. Rempli d’émotions lorsqu’il parle de sa famille, Racine, qui est maintenant âgé de 52 ans, est exactement là où il voulait être dans son après-carrière.