LAVAL – Puisque sa progression a été fulgurante dans la NCAA, Cayden Primeau a paraphé son premier contrat avec le Canadien, mais ça n’empêche pas qu’il doit retourner sur le campus de l’Université Northeastern. C’est ce qui explique son rôle de spectateur pour le dernier droit de la saison avec le Rocket de Laval.

 

Jeudi matin, après avoir effectué une séance d’exercices avant l’entraîneur des gardiens du Rocket, Marco Marciano, Primeau a rencontré les médias pour la première fois dans son nouvel environnement à Laval. L’entraîneur Joël Bouchard en a dévoilé davantage sur le contexte derrière sa décision de ne pas l’envoyer dans la mêlée lors de l’un des cinq matchs restants.

 

« On le laisse venir ici pour passer du temps avec Marco et pour côtoyer les joueurs, mais il est encore un étudiant jusqu’à la fin de cette année scolaire. Il doit retourner la semaine prochaine pour finir des examens. Même s’il devient professionnel, il a investi dans son parcours universitaire et c’est important pour lui de finir ses cours comme il faut. C’est la raison pour laquelle il ne joue pas, on n’a aucune pratique la semaine prochaine parce qu’on a tellement de matchs », a précisé Bouchard.

 

« Les gens posaient la question ‘Mais pourquoi?’ Il a une grosse saison et on pense souvent qu’il y a moins de matchs universitaires, mais il n’a eu aucune pause à Noël et il est retourné sur les bancs d’école. On est contents de l’avoir ici, on va le laisser aller finir son école quand on va partir sur la route », a ajouté l’entraîneur en faisant référence à sa participation convaincante au Championnat mondial de hockey junior avec les États-Unis.

 

Le risque ne semblait tout simplement pas justifié pour les dirigeants de l’organisation du Canadien puisque Primeau aurait été exposé à un calibre différent sans même avoir pratiqué avec le Rocket.

 

Cela dit, le séjour de Primeau avec le Rocket ne se limitera pas à quelques exercices sur la patinoire et des conversations avec les entraîneurs et ses coéquipiers.

 

« On veut aussi lui donner un plan pour l’an prochain pour qu’il puisse commencer à travailler cet été sur la glace et à l’extérieur », a mentionné Bouchard, qui est heureux de voir des jeunes comme Primeau et Ryan Poehling être insérés dans le programme de développement du club.

 

Aux yeux de Primeau, tout cela fait bien du sens et il s’assure d’apprécier le moment.

 

« C’est plaisant d’être ici et de finalement voir le calibre de la LAH. Tout est arrivé si vite, mais je suis juste excité. Je vais m’ennuyer de mon équipe universitaire, sauf que je suis emballé par cette occasion d’expérimenter ce niveau », a confié Primeau, qui a assisté au match du Rocket, mercredi soir, peu de temps après son arrivée.

 

« On comprend tous que je suis ici pour l’expérience », a ajouté celui qui doit compléter quatre cours en droit pénal et psychologie.

 

Même si le Rocket a été exclu des séries, on a pu aisément conclure que les espoirs du Canadien étaient entre bonnes mains sous la supervision de Bouchard et ses adjoints. Toutefois, le cas de Primeau n’est pas typique, surtout parce qu’il s’agit d’un gardien et d’un athlète qui a quitté les rangs universitaires plus vite que n’importe qui l’avait anticipé.

 

Mais Bouchard assure qu’il ajustera la gestion de développement comme il le fait avec tous ses protégés.

 

« Je m’occupe du développement et on doit gérer chaque joueur d’une façon différente. C’est notre travail de s’adapter. Ils n’ont pas tous le même niveau de maturité, la même capacité physique, la même expérience, le même talent et le même rôle. Il aura 20 ans l’an prochain et il vivra une adaptation, donc on va s’assurer de l’encadrer du mieux qu’on peut. Il aura également sa part de responsabilités comme les autres joueurs », a-t-il répondu.

 

Voilà pourquoi Bouchard demeure très prudent à son sujet. C’est vrai que les autres gardiens qui se situent derrière Carey Price dans l’organigramme du Canadien n’ont pas encore affiché l’étoffe pour camper le rôle d’adjoint à Montréal en 2019-2020, mais Bouchard refuse d’aller trop vite.

 

« On ne peut pas mettre la charrue devant les bœufs, ce ne serait pas juste pour le jeune joueur. Marc [Bergevin] est très intelligent comme directeur général. Il a de l’expérience pour savoir quand c’est le temps de boucher des trous dans sa réalité. De notre côté, ce qu’on veut, c’est emmagasiner le plus de joueurs que l’on peut. Quand même qu’on aura cinq gardiens, on veut en avoir le plus possible et c’est la même chose pour les défenseurs et les attaquants pour que ceux-ci deviennent des joueurs de la LNH. Après, c’est à Marc de gérer dans quelle équipe ça se fera », a proposé Bouchard.

 

Il y a un an, Jim Madigan, l’entraîneur de Primeau à l’Université Northeastern, avait évoqué le scénario que son gardien puisse quitter le niveau professionnel au terme de sa troisième saison. Finalement, le plan a progressé plus vite que prévu, mais Bouchard n’est pas tant préoccupé par cet aspect.

 

« Ce n’est pas différent d’un joueur qui évoluerait dans la Ligue canadienne de hockey (LCH), il est exactement dans le même groupe d’âge que Josh Brook ou Cale Fleury l’an passé. S’il avait été dans la LCH, il aurait fini son année de 19 ans et il aurait monté pro. Vu qu’il était du côté universitaire, les gars sortent plus tard habituellement, mais il a déjà accompli beaucoup dans le hockey universitaire et sur la scène internationale. S’il était resté deux ans de plus là-bas, il n’aurait pas ces deux années d’expérience au niveau professionnel. Il n’y a pas d’université du hockey, tu dois le vivre, te frotter aux meilleurs, tomber et te relever pour développer ton caractère. Il n’y a pas de prix au millage qu’on aura la chance de travailler avec lui », a maintenu l’entraîneur.

 

Primeau se sentait prêt pour ce saut

 

Au repêchage de 2017, Primeau avait dégringolé en septième ronde (au 199e rang sur 217) en raison de commentaires négatifs d’un entraîneur USHL à son endroit. Moins de deux ans plus tard, il se retrouve avec un contrat en poche bien avant de nombreux joueurs de cette cuvée.

 

« C’est une source de motivation, mais pas d’une façon négative. Je ne dis pas que je veux prouver aux autres qu’ils avaient tort, mais plutôt de démontrer que Montréal avait vu juste. Ils ont eu confiance en moi et j’en suis reconnaissant », a indiqué Primeau.

 

Il y a un an, il racontait au RDS.ca qu’il avait surtout progressé quant à sa capacité à bien défier les tireurs et à jouer plus avancé dans son demi-cercle lors de sa saison recrue. Pour sa deuxième année, il considère que sa plus grande évolution a été du côté psychologique. Avec de tels atouts, le saut vers le hockey professionnel ne semblait plus trop imposant.

 

« Je sentais que j’étais prêt pour cette prochaine étape », a déclaré le fils de Keith Primeau, qui serait fort excité ces temps-ci selon ses dires.

 

Parmi ses inspirations, Primeau avait ciblé Pekka Rinne pour son côté athlétique, Price pour son contrôle, de même que Price et Sergei Bobrovsky pour son approche active et agressive. Bien sûr, il a hâte de pouvoir apprendre en épiant Price de très près.  

 

« Quand tu peux être dans une organisation avec un athlète de ce calibre, c’est rare et tu dois profiter de chaque moment », a conclu Primeau, qui n’a pas encore rencontré le numéro 31 du Canadien.