LAVAL – Quand un joueur ECHL reçoit une offre pour retourner dans la Ligue américaine de hockey, c’est plutôt rare qu’il la refuse. Voilà pourtant ce que Yannick Veilleux avait choisi de faire parce qu’il avait perdu une grande partie de son plaisir à jouer au hockey en se contentant de miettes dans la LAH.

 

De l’extérieur, c’est difficile à croire en observant son rendement de six points (quatre buts, deux aides) en six parties depuis qu’il s’est laissé convaincre, en décembre, par une deuxième expérience avec le Rocket de Laval.

 

S’il file le parfait bonheur présentement, c’est justement lors des débuts du Rocket que sa passion a commencé à s’effriter. Veilleux venait de connaître une saison plutôt positive avec le club-école du Canadien à St. John’s.  

 

« Dans mes dernières rencontres là-bas avec Sylvain (Lefebvre, qui était l’entraîneur), je m’attendais à plus que ça pour la suite des choses. J’avais finalement signé un contrat à deux volets pour la LAH et l’ECHL. Ç’a fait mal à ma confiance un peu. En plus, on perdait beaucoup à nos débuts à Laval et c’était presque juste le premier trio qui comptait des buts », s’est rappelé Veilleux.

 

Durant l’été suivant cette saison, en 2018, Veilleux s’est entraîné avec Sébastien Bordeleau, un spécialiste des habiletés offensives pour retrouver tout son aplomb avec sa nouvelle équipe, les Americans de Rochester. Mais, encore une fois, il a hérité d’un rôle mineur étant même laissé de côté plus souvent qu’à son tour avant le congé de Noël.

 

Un changement plus drastique s’imposait à l’été 2019 surtout que lui et sa copine Laurie étaient maintenant les heureux parents d’un petit garçon. Un départ vers l’Europe a été envisagé, mais les offres obtenues au printemps n’étaient plus vraiment dans le portrait  en juillet.

 

« Cette année, je voulais que mon gars me regarde en me voyant heureux. Jusqu’à maintenant, ça va bien », a-t-il confié avec une franchise évidente.

 

« Je me suis dit que j’allais revenir une dernière année en Amérique du Nord en voulant avoir du plaisir avant tout, dans l’idée de retrouver le fun de jouer au hockey. Le fait d’avoir touché beaucoup de rondelles dans la ECHL et d’avoir retrouvé un peu mon swagger du junior, je pouvais me dire de nouveau ‘Hey, c’est le fun de jouer au hockey’. Ça m’a beaucoup aidé quand je suis revenu ici  », a raconté le colosse de six pieds deux pouces et 205 livres en souriant.

 

Veilleux a tout de même hésité longtemps avant de se laisser tenter. Il craignait une rechute au niveau du plaisir et des statistiques après avoir amassé 19 points (6 buts et 13 aides) en 22 matchs avec Kalamazoo.   

 

« Au début, je n’étais pas certain, ça faisait quelques appels que je recevais pour aller dans la Ligue américaine et j’avais juste répondu que ça ne me tentait pas d’y retourner pour vivre la même chose : jouer cinq à dix minutes sur le quatrième trio », a expliqué le gaucher qui a connu des saisons de 9, 48, 58 et 73 points dans la LHJMQ.

 

« Il m’a dit qu’il avait refusé des opportunités depuis le début de la saison parce qu’il avait été un brimé par le hockey. Les gens ont souvent l’impression que le hockey professionnel, c’est très beau, que c’est la vie de rockstar et de superstar, mais ce n’est pas ça. Ce n’est pas un monde toujours facile », a relaté Bouchard.

 

Avec son approche directe et humaine, l’entraîneur du Rocket lui a présenté ses arguments.

 

« Ma discussion a été très franche avec lui, on pensait qu’il serait important au sein de notre équipe. On se bat pour une place en séries et on était très décimés dans la formation. Je lui ai dit que je lui donnerais l’occasion de se prouver sans faire de promesse. Il m’a rappelé en me disant que ça l’excitait et qu’il voulait venir. Son attitude est extraordinaire depuis le début et son jeu aussi. Il m’a dit qu’il trippait et qu’il s’amusait. Ici, personne ne va jouer dans son dos, on ne va pas manipuler la situation, ce sera clair », a enchaîné l’ancien défenseur.

 

« Joël m’a dit qu’il avait une belle opportunité pour moi. Qu’il était un gars fair : que si je lui en donnais et que je travaillais fort, il allait m’en donner. Travailler fort a toujours été dans mon ADN. Jusqu’à présent, il m’en donne beaucoup », a convenu le choix de quatrième ronde des Blues en 2011.

 

Veilleux n’est pas heureux uniquement en raison de son rendement sur la patinoire. Il avait entamé l’année en solitaire au Michigan alors que sa conjointe et son fils devaient le rejoindre après Noël.  

 

« En Europe, ils regardent beaucoup les statistiques. Je me disais, est-ce mieux que je remonte dans la Ligue américaine et que ma production baisse en jouant un match sur deux ou trois? Ça pourrait me nuire pour l’an prochain. Après, je me suis dit que je ne suis pas seul dans cette situation et que je dois penser à ma famille aussi », a détaillé Veilleux qui ne cache pas son intention de poursuivre sa carrière en sol européen à partir de la saison prochaine.

 

Quand on additionne le tout, ça produit souvent de bons résultats sur la patinoire.

 

« Tout s’est placé, ça va bien avec la famille, je suis content à la maison et j’arrive toujours ici avec le sourire. Mon garçon continue de voir mes parents, ma sœur, mon frère. J’apprécie chaque journée », a conclu Veilleux qui devrait recevoir une offre intéressante en Europe s’il poursuit dans la bonne direction avec le Rocket.