Entraîneur de rigueur possédant une intensité hors du commun, Guy Boucher sera-t-il remercié de ses services pour les mêmes raisons qu’il a été embauché? Si on en juge par la nature des propos du directeur général, Pierre Dorion, vendredi dernier, Boucher n’est certainement pas naïf.

 

Conscient des risques du métier et de l’obligation de résultat, Guy Boucher est conscient de son entourage. On doit avouer cependant que de passer des mots « vote de confiance », à quelques reprises en cours de saison, à « son travail sera réévalué à la fin de la présente saison » change la donne. Pour plusieurs, ce changement de vocabulaire réduit de façon très considérable les chances de retour de Boucher derrière le banc de la formation ottavienne l’an prochain.

 

Loin de vouloir voir ce changement se produire ou même souhaiter le départ de celui qu’il n’y a pas plus tard qu’un an, redonnait crédibilité et lustre à une franchise qui en avait grandement besoin, mais je dois avouer que cela m’inquiète.

 

Comme mentionné en septembre dernier lors d’un précédent billet intitulé « Tout se jouera dans un espace de 25 centimètres », le principal défi de Boucher, et de son personnel, était d’entrer une fois de plus dans l’espace de 25 centimètres de chacun de ses protégés. Un défi de taille.

 

Il faut reconnaître que les Sénateurs d’Ottawa auront passé d’un extrême à l’autre très rapidement au sein de ce milieu si compétitif, et ce, pour un ensemble d’éléments. Certains nous interpellent, tandis que d’autres nous échappent tout simplement.

 

Même si le sens des responsabilités et de l’imputabilité doit appartenir à tout un chacun, autant au niveau de la direction et du coaching que du personnel de joueurs dans ce triste constat d’échec, la réalité est tout autre.

 

Considérant le poids exercé par les leaders et joueurs d’influence dans ce vestiaire, comme un peu partout à travers la Ligue nationale de hockey, Guy Boucher n’avait pas un environnement de travail évident.

 

Aujourd’hui, de mon point de vue l’entraîneur des Sénateurs risque d’être l’agneau sacrifié par la formation des Sénateurs d’Ottawa, et ce, à n’importe quel moment à partir du dernier match du calendrier régulier, qui sera disputé le 7 avril prochain à Boston.

 

Ce genre de pratique n’a malheureusement rien d’anormal dans la phase de remise en question. L’exercice que s’apprête à faire le directeur général Pierre Dorion dans le processus d’évaluation demandera rigueur et isolement.

 

Il devra bien composer avec les difficultés qu’un tel exercice peut représenter, aspect qu’il a déjà débuté en se déplaçant régulièrement à l’extérieur de l’environnement de l’équipe pour des fins de recrutement, mais fort possiblement aussi de réflexion.

 

Il s’agit d’un recul nécessaire, des actions qui demanderont du temps avec certains joueurs, le moment venu. Des joueurs qui représenteront le noyau de la formation au cours des prochaines années, question de bien prendre la température de l’eau, mais surtout de mieux comprendre les problématiques de la dernière campagne.

 

Pierre DorionUn droit qui lui appartient totalement considérant qu’il est le grand responsable de l’ensemble du département des opérations hockey et des décisions qui en découlent dans le cadre de ses fonctions.

 

L’importance de bien faire ses devoirs, notamment à l’aube d’amorcer un changement de direction important au niveau des orientations futures organisationnelle, est primordiale.

 

Pierre Dorion devra prendre le temps de se libérer du regard des autres et de ne pas rechercher l’accord de l’extérieur. Son meilleur conseiller sera lui-même lorsque viendra le temps de faire un choix, positif ou négatif, par rapport à son personnel hockey.

 

Accepter le retour de Guy Boucher pour une 3e saison à la barre des Sénateurs, exigera d’abord du directeur général d’accepter d’ « entraîner » son entraîneur et de sensibiliser celui-ci sur certains ajustements à apporter pour corriger des situations délicates. Si telle est l’avenue priorisée, il faudra prolonger l’entente contractuelle actuelle du principal concerné, entente qui tire à sa fin au terme de la saison 2018-2019.

 

Sans ce renouvellement, la réflexion ne sera pas très longue à faire, considérant cette règle du milieu qui veut que tu ne laisses jamais ton homme de confiance mener la formation alors qu’il en est à sa dernière année contractuelle.

 

Pendant ce temps, plusieurs commenceront à avancer et spéculer sur certains noms potentiels en cas de coup dur à Guy Boucher et son personnel.

 

Des noms comme Alain Vigneault, en cas de divorce avec les Rangers de New York, Benoit Groulx, du Crunch de Syracuse, qui de par son association avec le Lightning de Tampa Bay pourrait représenter un candidat de choix.

 

Bref, un dossier à suivre dans les prochaines semaines.

 

Trophée Jack-Adams : Dans l’ombre de Gerard Gallant!

 

Le nom de Gerard Gallant est sur toutes les lèvres cette saison, si bien que ce dernier risque de recevoir mon vote lorsque j’aurai l’occasion, avec l’Association des diffuseurs de la Ligue nationale de hockey, de voter pour le récipiendaire du trophée Jack-Adams.

 

Nul besoin de vous rappeler que ce trophée est remis annuellement à l’entraîneur qui aura le plus grandement contribué aux succès de sa formation.

 

Il ne faut pas être devin pour prétendre que cet honneur reviendra fort possiblement à Gallant, considérant le travail exceptionnel qu’il aura réussi à faire, en compagnie de son personnel, dès la première année d’existence des Golden Knights de Vegas.

 

Gerard GallantHomme de qualité, professionnel dans l’âme, il aura réussi à rendre important chacun des membres de son personnel de joueurs qui ont eu peut-être à un certain moment eu l’impression d’avoir été rejeté par leurs anciennes formations.

 

D’avoir réussi, en un si court laps de temps, à inculquer à un groupe de joueurs des objectifs intérieurs aussi importants et de les avoir fait adhérer aussi rapidement aux valeurs organisationnelles des Golden Knights, mérite amplement d’être souligné.

 

Pour certains, cette nouvelle franchise aura bénéficié de meilleurs avantages que par le passé, en raison du coût d’entrée, mais d’avoir amené cette équipe où elle se trouve aujourd’hui représente tout un tour de force du duo George McPhee et Gerard Gallant.

 

Toutefois, il faut aussi reconnaître le brio de plusieurs autres entraîneurs du circuit de la LNH, comme les Bruce Cassidy (Bruins de Boston), Paul Maurice (Jets de Winnipeg) et Mike Babcock (Maple Leafs de Toronto), qui auront tous réussi à maximiser le potentiel des joueurs sous leur gouvernance.

 

Ils auront permis, en quelque sorte, à leurs organisations respectives de retrouver leurs lettres de noblesse.

 

Or, nul doute, Gerard Gallant et les Golden Knights de Vegas représentent l’histoire cendrillon de la saison 2017-2018.