Comme il fallait s’y attendre, le départ du capitaine des Sénateurs d’Ottawa, Erik Karlsson, a été causé par un de choix organisationnel. Il s’agissait d’une prise de position rendue inévitable dans les circonstances, mais une transaction qui va demeurer dans la mémoire des partisans pour les saisons à venir.
    
De son plein droit, Karlsson y a été d’une déclaration frappante en février dernier lorsqu’il a parlé d’un « no hometown discount ». Ces paroles auront fort possiblement été l’élément déclencheur du processus que s’apprête à entamer la formation ottavienne, soit celui de la reconstruction complète.

Même s’il ne le dira jamais ouvertement, j’ai toujours cette impression que Karlsson, celui qui représentait l’image des Sénateurs, avait le goût d’aller voir ailleurs, et cela, pour un ensemble de facteurs.

Faisons un retour dans le temps et replaçons-nous en 2016-2017. Le Suédois venait de connaître une saison très intéressante et il avait été une des pièces maîtresses dans le parcours inattendu des Sénateurs en séries éliminatoires. Ottawa avait alors accédé au carré d’as, poussant même les champions de la Coupe Stanley, les Penguins de Pittsburgh, à la limite.

On se posait la question à savoir à quoi ressemblerait l’édition 2017-2018. Malheureusement, l’équipe a connu une saison de misère en raison de son manque de constance et fort possiblement de la surévaluation au niveau des effectifs. Donc, la saison précédente a été un cadeau empoisonné, en quelque sorte, qui a faussé la donne.

Puis, arriva ce qui devait arriver le 13 septembre. Les Sénateurs ont échangé Karlsson aux Sharks de San Jose. Une décision audacieuse des hauts dirigeants de la formation de la capitale nationale, incluant le controversé propriétaire, Eugene Melnyk.

Ce n’est d’ailleurs pas la première décision de Melnyk qui fait jaser depuis son entrée à titre de propriétaire de cette franchise, là où la gestion des dépenses n’a jamais été aussi omniprésente.

Le fait de troquer celui que l’on considère un joueur d’exception, l’un des meilleurs de sa profession, sinon le meilleur défenseur à caractère offensif, exigeait une certaine dose de courage, mais surtout une grande capacité à se libérer du regard des autres.

Sévèrement jugé sur les différentes tribunes, le directeur général, Pierre Dorion, a, au final, accepté une diminution de la qualité dans cette transaction, en raison de la situation.

Or, si l’on en juge par la réaction des experts et des partisans, le DG des Sénateurs a raté son coup sur ce geste d’une importance capitale pour les années futures dans ce marché déjà très affaibli d’Ottawa, et ce, sans rien enlever aux nouvelles acquisitions.

Reconnaissant qu’il y a trois côtés à la médaille (le 3e étant la vérité!), la question demeure entière : est-ce que les Sénateurs auraient pu obtenir davantage à la date limite des transactions en février dernier?

Ou encore, est-ce que l’offre des Stars de Dallas dans les dernières semaines, ou celle du Lightning de Tampa Bay au cours des derniers mois était supérieure à ce moment que celle reçue dans les derniers jours?

Selon les rumeurs qui circulent en coulisse, l’offre qui aurait été faite par les Golden Knights de Vegas le 1er juillet dernier, semblait être plus avantageuse que celle complétée avec les Sharks de San Jose.

Malheureusement, il s’agit de questions qui vont demeurer fort possiblement entières, par respect pour les noms potentiellement évoqués.

La situation Karlsson ressemble étrangement à celle de Jason Spezza, qui a été échangé en juillet 2014. Ce dernier avait fait la demande d’aller voir ailleurs à l’époque, et avait vu son vœu exaucé par le directeur général du moment, Bryan Murray.

De son côté, Dorion a su faire fi du fait que Karlsson a été « son » projet, son bébé, lors de la séance de sélection de 2008 (15e au total). Alors qu’il était responsable du recrutement, il a su trouver les bons mots pour convaincre Murray de le repêcher.

Au début de sa carrière, comme la majorité des recrues, Karlsson était un gamin parmi les grands, mais Dorion l’a vu cheminer dans l’essai-erreur et l’a vu devenir la super-vedette qu’on connaît aujourd’hui.

Marier l’eau et le feu comme viennent de le faire les hautes instances organisationnelles des Sénateurs d’Ottawa est une chose, mais, encore une fois pour le commun des mortels, le retour sur l’investissement laisse un goût extrêmement amer dans la bouche de plusieurs.

En cédant le meilleur actif de cette mégatransaction, soit un des meilleurs au niveau de la planète hockey, force est de constater que le marché d’Ottawa en sort encore une fois meurtri et blessé, tout comme cela a été le cas lors du départ de Monsieur hockey, Daniel Alfredsson. Cette organisation a définitivement déjà connu de jours meilleurs…

Guy BoucherGuy Boucher : savoir saisir l’opportunité!

Malgré que le grand défi qui se pointe à l’horizon et les différends des précédentes saisons, Guy Boucher devra saisir l’opportunité qui se présente à lui. Principalement en raison du contexte, qui lui laissera très peu de marge de manœuvre dans le cadre de ses fonctions.

Or, le challenge s’annonce tout de même intéressant pour cet homme de hockey qui carbure aux défis et qui aime faire face à l’adversité.

D’avoir la possibilité de diriger, de se retrouver derrière le banc au sein du meilleur circuit de hockey au monde demeure un privilège et non un droit acquis. Boucher le sait, il le comprend très bien et en est conscient.

Il se trouve devant une nouvelle mouture, suite aux départs de quelques vétérans d’importance et en raison des nouvelles orientations organisationnelles. Le processus de développement prendra inévitablement le dessus sur l’obligation de résultats.

La reconstruction est jugée extrêmement importante dans cette nouvelle culture que l’on voudra bien se donner au sein des Sénateurs d’Ottawa pour les années futures.

Une situation qui demandera l’acceptation jusqu’à un certain niveau de l’essai-erreur chez les plus jeunes, tout en définissant clairement la différence entre l’acceptable et l’inacceptable, quant à l’effort et l’éthique de travail, qui n’ont aucun lien avec les habilités de chacun.

Il s’agira d’un grand défi pour celui qui sera sous le microscope de plusieurs en début de calendrier, en raison des insuccès de la saison précédente et des propos tenus sur la place publique par le DG.

Par contre, il s’agit d’une opportunité et d’un désir bien senti à en juger les premières journées du camp d’entraînement. Boucher a bien l’intention de changer les choses.

Bref, un virement jeunesse, un virage organisationnel basé sur la reconstruction qui pourrait, en quelque sorte, donner un nouveau souffle à celui qui voudra faire mentir ses nombreux détracteurs.

À suivre!