Il est talentueux, il a une belle mobilité, un bon sens du jeu et possède la capacité de jouer de grosses minutes, surtout en avantage numérique en raison de ses habiletés offensives. Voilà comment on pourrait décrire le jeune Thomas Chabot.

Ce n’est rien de nouveau pour ceux qui suivent le natif de Sainte-Marie-de-Beauce depuis plusieurs saisons, lui qui a définitivement tous les outils nécessaires pour devenir un défenseur de haut niveau dans la Ligue nationale de hockey.

Or, l’expression apprendre à marcher avant de courir a représenté à ce jour le modus operandi des hommes de hockey des Sénateurs d’Ottawa lorsqu’il a été question du développement et de la progression de cet ancien produit de la Ligue de hockey junior majeure du Québec (LHJMQ). Et avec raison!

Difficile d’être à l’encontre d’une telle façon d’agir considérant que la Ligue nationale ne représente pas un laboratoire d’essais et erreurs, mais plutôt une obligation de résultat.

Il est facile de constater que toutes les décisions entourant ce jeune défenseur aux aptitudes offensives sont prises en fonction de ne pas devancer et bousculer le processus aveuglément, question de ne pas brûler les étapes avec ce joyau de l’organisation.

Il a été tout aussi facile de s’apercevoir qu’en lever de rideau, il y avait très peu de place disponible au sein de la brigade défensive des Sénateurs en raison de cette notion de profondeur et surtout des ententes contractuelles à sens unique (volet LNH seulement).

En septembre dernier lors de la rétrogradation de Chabot dans la Ligue américaine, avec les Sénateurs de Belleville, il y avait un message assez facile à discerner. On a voulu lui faire comprendre qu’il devait de développer cet art de gérer la « game » avec et sans la rondelle afin de bien choisir les moments propices aux montées offensives.

Avec les blessures à Chris Wideman et Mark Borowieki, Chabot a été rappelé des mineures par la force des choses. Bien objectivement, le défenseur de 20 ans semble déjà beaucoup plus mature et plus responsable au niveau de sa prise de décision.

Son entraîneur apprécie le tout et lui fait de plus en plus confiance, comme en témoigne son temps d’utilisation de 22:21 dimanche soir dans cette cuisante défaite de 5-0 face aux Jets qui en fait le deuxième défenseur le plus utilisé derrière Erik Karlsson.

On remarque ainsi l’intelligence de Chabot et sa grande capacité à s’adapter rapidement au message véhiculé par son entraîneur. Il a clairement bien saisi les aspects qu’il avait à améliorer lors de son renvoi dans les mineures en septembre dernier.

Aucun doute que par la qualité de son jeu et par un plus grand niveau de maturité, Chabot compliquera la décision du groupe d’entraîneurs. Son assurance et son calme font en sorte qu’il mérite amplement de demeurer dans la cour des grands, question de pousser plus profondément son processus d’évaluation.

Tout ça, même si, dans la gestion quotidienne des opérations de hockey de l’équipe, le fait de garder huit défenseurs dans l’environnement immédiat représente davantage une question d’économie.

Erik Karlsson : Le message a le mérite d’être clair!

Sans reprendre nécessairement tout ce qui a été dit et aller dans l’interprétation que l’on peut en faire, les propos du capitaine de la formation, tenus jeudi, par rapport à son statut contractuel et ses intentions futurs ont le mérite d’être clairs.

Erik KarlssonRéagissant aux propos tenus de Drew Doughty (Kings de Los Angeles), Karlsson a exprimé son positionnement sur sa façon de voir la prochaine négociation contractuelle, et ce, avec franchise et sans détour.

Considérant son grand talent et l’aspect qualité prix (6,5 millions de dollars par saison) le défenseur suédois représente une réelle aubaine pour le directeur général, Pierre Dorion, et son propriétaire, Eugene Melnyk.

Pour la haute direction des Sénateurs, le défi sera de taille. « Business is business », a déclaré Karlsson. Donc, si c'est bon pour minou, c'est bon pour pitou, en faisant référence fort possiblement au dossier Kyle Turris. Rappelons que ce dernier a été échangé récemment en raison de différents contractuels.

Par contre, afin de savoir si le dossier sera réellement compliqué le moment venu, il faut savoir quel Erik Karlsson se présentera à la prochaine table des négociations.

Est-ce que ce sera Karlsson le défenseur le plus dominant offensivement du circuit Bettman, qui en raison de son statut de joueur d’exception, de son talent et de son leadership est prêt à faire les sacrifices nécessaires pour un succès collectif - comme cela avait été le cas la saison dernière?

Ou bien, est-ce que ce sera Karlsson le professionnel, qui aura tout simplement le désir d’aller voir ailleurs afin de savoir si le gazon est plus vert?

Entretemps, il y a plusieurs questions qui demeurent toujours sans réponses, mais qui susciteront l’intérêt de plusieurs observateurs en temps opportun.

Plusieurs sont d’avis, tout comme votre humble serviteur d’ailleurs, que l’odeur du dollar ne sera pas le seul facteur dans cette phase de négociations. Les intentions organisationnelles auront définitivement un grand impact sur les orientations futures d’EK65.

Au-delà du défenseur d’origine suédoise, plusieurs autres dossiers se retrouveront sur la planche à dessin de M. Dorion. Ce ne sera pas de tout repos, ça, c’est certain.

Depuis la divulgation des salaires dans la Ligue nationale, les comparables n’auront jamais aussi bien servi les joueurs. Justice peut enfin être rendue aujourd’hui dans cette grosse « entreprise » que représente la LNH.

Canadiens de Montréal : l’intelligence des actions de Claude Julien!

Je m’en voudrais de ne pas prendre le temps de faire une petite incursion dans l’univers de la Sainte-Flanelle, qui s’est drôlement redressée au cours des deux dernières semaines.

Ceux qui connaissent la « game » savent très bien que rien ne doit être tenu pour acquis dans ce sport, surtout dans la LNH.

Claude JulienCertaines équipes impressionnent au plus haut point, alors que d’autres déçoivent énormément en ce premier tiers de la saison.

Même si le Canadien de Montréal ne s’est pas nécessairement mesuré à des équipes de haut niveau lors de cette actuelle séquence de cinq victoires consécutives, à l’exception des Blue Jackets de Columbus, un fait demeure : le retour de l’enfant prodige devant le filet. Carey Price a été fumant, exceptionnel, très bon, alors que son calme est désarmant.

Un retour qui aura permis, entre autres, à plusieurs défenseurs d’être plus posés et plus détendus dans les moments critiques. Il s’agit pourtant des mêmes défenseurs et du même entraîneur des défenseurs (Jean-Jacques Daigneault) que plusieurs auraient sacrifiés il y a quelques semaines.

La confiance est renouvelée à Montréal. Or, ce qui m’a surtout impressionné c’est la « lucidité » des hommes de hockey en place lors de cette zone de turbulence. C’est le message fort que l’on doit retenir dans le contexte actuel.

Claude Julien est toujours demeuré publiquement calme malgré la gravité de la situation, tout en demeurant réceptif sur tout ce qui se passait. Son vécu dans la LNH lui en a fait voir de toutes les couleurs au fil des ans. Aujourd’hui, on peut dire que ce bagage l’aura franchement bien servi.

Ce premier réel test d’adversité depuis son entrée en poste aura permis à cet entraîneur chevronné d’en apprendre encore plus sur son propre personnel de joueurs et sur le défi qui attend sa troupe cette saison.

Même si on est encore loin, très loin, de la coupe aux lèvres, une chose est sure, le Tricolore a prouvé et s’est prouvé plusieurs choses dans les dernières semaines, tout en apprenant beaucoup sur le caractère de son équipe.

Marc Bergevin et Claude Julien auront résisté à cette première tempête. Deux hommes de hockey, deux professionnels, deux êtres humains qui auront fort possiblement appris à se connaître encore plus dernièrement, et ce, pour le meilleur et pour le pire, mais c’est un passage quasi obligatoire dans la relation d’un entraîneur et de son DG.

C’est particulièrement vrai dans un marché où certains ont tendance à analyser, et sur analyser les moindres faits et gestes des joueurs et du personnel d’entraîneurs.