Alors que le premier mois d’activité tire à sa fin dans la Ligue nationale, on peut sans aucun doute affirmer que les Sénateurs d’Ottawa et le Canadien de Montréal vivent deux réalités bien différentes en ce début de saison 2017-18.

Pendant que le Canadien est bon dernier dans la division Atlantique, les Sénateurs, eux, se trouvent à quatre points du 1er rang et du Lightning de Tampa Bay, avec un match en main.

À l’opposé d’octobre 2016, alors qu’Ottawa vivait une période de « renouveau » avec les embauches de Pierre Dorion et de Guy Boucher, l’équipe semble bien mieux rodée en cette période de l’année.

Adversité et force de caractère auront retenu l’attention dans ces premières semaines d’activité chez les Sénateurs d’Ottawa. Privée de plusieurs éléments clés, la formation ottavienne aura été en mesure d’obtenir des points au classement dans dix de ses onze parties disputées jusqu’ici, avec une fiche de 5-1-5, pour un total de 15 points.

L’offensive est de loin plus productive que l’an dernier avec une moyenne de 3,6 buts par partie, contrairement à 2,5 la saison dernière. Il faut aussi souligner l’efficacité du travail en infériorité numérique qui est passé du 22e rang au 1er rang dans la Ligue nationale après onze matchs.

Le désavantage numérique présente un taux de réussite approximatif de 92%, grâce entre autres à certains ajustements apportés dans le cahier de jeu durant l’entresaison. Voilà ce qui explique en partie les succès actuels de la formation de Guy Boucher.

Sans partir en peur, les points accumulés en ce jeune début de saison pourraient représenter une valeur inestimable dans ce long marathon de 82 parties, alors que certains passages à vide risquent de se produire en cours de route.

Profitant dans une certaine mesure d’un calendrier favorable, avec six de ses sept prochains rendez-vous devant leurs propres partisans (incluant le match en Suède), les Sénateurs auront une belle opportunité de prendre contrôle de leur destinée.

Il faut donc que la formation ottavienne tire profit de cette situation à tout prix, car il y aura éventuellement un retour du balancier et les hommes de Guy Boucher se retrouveront sur la route pour une séquence similaire.

Mark Stone : l’homme des grandes occasions !

Régulier comme les aiguilles d’une horloge et auteur de 20 buts et plus à ses trois dernières saisons dans la LNH (26, 23, 22), Mark Stone est reconnu comme un joueur avec de bonnes mains et avec une grande facilité à trouver les espaces libres dans la zone privilégiée.Mark Stone

Stone possède cette qualité tant recherchée de marquer quand ça compte. Tout ça, sans oublier sa grande efficacité à soutirer la rondelle à l’adversaire avec l’utilisation active de son bâton – il est d’ailleurs un des meilleurs du circuit à ce chapitre.

Sans avoir une stature imposante et sans être nécessairement le plus physique et le plus naturel sur patins,  Stone s’avère de plus en plus une valeur inestimable pour les Sénateurs, tant au niveau du court que du long terme.

Joueur autonome avec restriction à la fin de la présente saison, le natif de Winnipeg, au Manitoba, représentera un défi de taille pour le directeur général, Pierre Dorion. Le choix de 6e ronde des Sénateurs en 2010 (178e au total) pourrait avoir droit à une belle augmentation de salaire, lui qui touche présentement 3,5 millions de dollars par année.

Identifié comme un des leaders de l’édition actuelle, Stone compte 82 buts en carrière, dont 13 buts gagnants à sa fiche. Cette année, Boucher l’utilise en moyenne vingt minutes par match.

L’ailier droit de 25 ans est la preuve vivante comme quoi le repêchage n’est pas nécessairement une science exacte.

Marc Bergevin et la règle des trois « T » !

« Teach-Talk-Trade ». Plus facile à dire qu’à faire, cette réalité deviendra tôt ou tard une des options les plus sérieuses à envisager pour le directeur général du Canadien, Marc Bergevin.

Plongé dans une situation délicate en ce début de saison, en raison d’un départ plus que brouillon de son équipe, Bergevin a dû se libérer du regard des autres. Or, une remise en question représente aujourd’hui fort possiblement le plus grand défi pour cet homme de hockey qui s’est vu donner le mandat d’être l’architecte de cette franchise depuis son embauche en mai 2012.Marc Bergevin

Dans un milieu où il est extrêmement difficile d’avoir le beurre et l’argent du beurre, avec la gestion de l’offre et de la demande, la chaleur avec laquelle Bergevin doit présentement composer représentera un excellent indicateur sur sa capacité ou son incapacité à trouver des pistes de solutions pour redresser la barque de la Sainte-Flanelle, qui navigue en eaux troubles.

S’il en est de la responsabilité de l’entraîneur-chef, Claude Julien, de maximiser le potentiel des joueurs qu’il a sous la main, c’était la responsabilité du directeur général de fournir à son entraîneur les éléments nécessaires pour être compétitifs – ce qui ne semble pas être le cas.

Le plus gros point d’interrogation se retrouve au sein de la brigade défensive qui représente actuellement l’antithèse de cette nouvelle réalité de la Ligue nationale de hockey où la mobilité et la vitesse – tant au niveau des pieds que dans la prise de décision – prédominent.

Julien doit donc travailler avec une brigade défensive discutable et douteuse en tentant d’y apporter les ajustements nécessaires, dans un monde où le principe d’une clé en main ne fait pas partie du vocabulaire. Bref, un long et ardu processus qui demandera un certain niveau de patience.

Fort de plusieurs années d’expérience dans le métier et en étant à un deuxième mandat derrière le banc du club de hockey canadien, le vétéran entraîneur n’en est pas à son premier rodéo. Il possède les compétences et les connaissances requises pour naviguer au travers de cette zone de turbulence du début de saison.

Entretemps, les mots « imputabilité » et « partage des responsabilités » doivent prendre tout leur sens dans cet environnement où la pression est à couper au couteau actuellement.

Et il ne faut pas seulement regarder du côté du personnel hockey, mais aussi du côté des joueurs qui ont la responsabilité de livrer la marchandise sur le 85 par 200, comme quoi chacun fait partie du problème, mais chacun fait aussi partie de la solution.

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