SAN SICARIO (AFP) - Des yeux bleus éclairant un visage ambré sous un casque d'or dont dépasse une tresse noire de jais: avec son petit gabarit, la jolie Libanaise Chrine Njeim apparaît telle une fée parmi les solides championnes de ski en bas de la descente dames des Jeux olympiques de Turin.

"Je voulais faire mieux, mais il y avait du vent et une mauvaise visibilité": les premiers mots venant du joli minois sont d'ordre sportif, signe que la skieuse née à Beyrouth n'était pas venue simplement pour participer. Et que sa 34e place à plus de six secondes de la championne olympique Michaela Dorfmeister ne la satisfait pas.

Puis, petit à petit, Chrine semble prendre conscience de l'expérience vécue.

"A l'entraînement, j'avais peur, mais là, c'était mieux. Et puis, c'est génial d'être là, surtout venant du Liban !", s'exclame-t-elle en français.

Tout a commencé devant un petit écran: "Petite, je regardais les courses de ski à la télévision et j'ai toujours aimé la vitesse, être à la limite", raconte-t-elle pour expliquer comment lui est venue l'envie de pratiquer le ski à haut niveau.

Née dans une famille aisée en octobre 1984 à Beyrouth, où vivent encore ses parents, Chrine est la quatrième et dernière enfant d'une fratrie de sportifs. "Je suis le bébé de la famille", plaisante-t-elle.

VTT

Ses deux frères et sa soeur "touchent à tous les sports possibles", affirme-t-elle, ajoutant qu'elle-même s'adonnait volontiers au tennis et au VTT, une discipline qu'elle pratique même en compétition au Liban.

Mais la Belle a quitté son pays seule "à 14-15 ans" pour la France, où elle trouvait de meilleures conditions pour pratiquer son sport favori, et même s'entraîner avec un "entraîneur particulier", chez qui elle vivait.

"Au Liban, nous avons six stations de ski formidables, où il fait toujours soleil, mais il est difficile de s'y entraîner pour progresser", explique-t-elle.

Aussi, depuis sept ans, Chrine a-t-elle rejoint, aux Etats-Unis, l'un des centres névralgiques du ski US: Park City, dans l'Utah. "Je m'y entraîne dans un club où vient l'équipe américaine, ils m'ont dit que je pouvais m'entraîner avec eux", ajoute la skieuse libanaise qui a élu domicile à Salt Lake City.

Elle y a participé à ses premiers JO en 2002 (36e en slalom et 45e en géant).

"C'est dur d'être loin de sa famille, mais pour skier et s'améliorer, il faut faire des sacrifices !", assène Chrine en glissant de temps à autre un mot en anglais lorsqu'il ne sort pas en français.

A Turin, elle veut tirer au maximum les fruits de ses sacrifices: "Je fais toutes les compétitions pour en profiter", souligne la skieuse engagée en descente, combiné, super-G, géant et slalom !

"Sur les autres épreuves, j'espère faire mieux qu'en descente", lance-t-elle. Fée, oui, mais compétitrice dans l'âme.