PARIS (AFP) - L'Italienne Deborah Compagnoni, l'unique dans l'histoire du ski alpin à avoir remporté une médaille d'or lors de trois Jeux différents (1992, 1994 et 1998), est restée au sommet en devenant la compagne d'Alessandro Benetton, héritier de l'industriel Luciano.

Prendre de la hauteur était probablement dans la destinée de la Lombarde, originaire de Santa Caterina Valfurva. La localité est nichée au pied du Gavia, le col le plus redouté du Tour d'Italie cycliste, et Deborah porte le même patronyme que l'alpiniste Achille Compagnoni, premier homme à poser le pied sur le K2, deuxième sommet de la planète.

Sa 4e place dans la descente de Val d'Isère en décembre 1987, à 17 ans et demi, fit sensation en Italie où le ski féminin vivait dans l'ombre des exploits naissants d'Alberto Tomba et de la gloire encore palpable de Gustavo Thöni.

Mais l'attente serait prolongée car Compagnoni se blessa au genou droit quelques semaines plus tard, le début d'un calvaire qui culmina avec une occlusion intestinale en 1989. Ayant échappé à la mort, et après d'autres opérations aux genoux, l'Italienne renaît le 18 février 1992 sur la piste de Méribel, lors du super-G des JO d'Albertville.

Volare

Il fait beau. La Française Carole Merle, partie avec le numéro 4 est en tête, une demi-seconde devant l'Allemande Katja Seizinger. Les supporteurs français, venus en nombre des Hautes-Alpes, manifestent déjà leur bonheur.

Mais Maurice Adrait, entraîneur de Merle, n'est pas rassuré quand le dossard 16 s'élance. Compagnoni vole et, en bas, le chronomètre concrétise cette supériorité: une seconde 41/100e de marge. Un abysse.

"Je ne saurais pas expliquer ma supériorité ce jour-là. Seulement, je m'étais élancée sans arrière-pensée. J'étais jeune", se souvient l'ex-championne, désormais maman d'Agnese et Tobias.

Pourtant, ce n'est le lendemain que Deborah entre dans le coeur des Italiens. Quand elle apparaît en pleurs sur la piste du slalom géant, genou gauche déchiré, "celui en meilleur état", remarque Deborah à l'évocation de ce souvenir pénible. Son rêve de doublé a duré 18 secondes...

A la clinique lyonnaise, où elle est hospitalisée, un photographe italien se déguise même en infirmier pour décrocher l'exclusivité de la blessée la plus célèbre de la péninsule.

"Avec tous ces problèmes physiques, j'ai surtout veillé à m'entraîner plus en qualité qu'en quantité", souligne Deborah.
Et c'est en slalom géant, la discipline de base du ski, que la jeune femme exprime le mieux la remarquable conduite de ses pieds, "aussi sensibles que les mains d'un chirurgien", dira un technicien. Elle se pare de deux titres olympiques et de deux médailles d'or aux Mondiaux dans sa spécialité de prédilection.

La Compagnoni ne trahit jamais dans les grands événements, avec le plus souvent des écarts sans appel. Aux JO de Nagano, elle relègue ses suivantes, l'Autrichienne Alexandra Meissnitzer et l'Allemande Seizinger, de vraies championnes, à 1 sec 80/100e et 2 sec 02/100e.

Aux Mondiaux de Sestrière, en 1997, c'est l'apothéose à domicile avec un doublé géant-slalom.