GRENOBLE (AFP) - L'ancien joueur international français de rugby Marc Cécillon a été condamné vendredi à 20 ans de réclusion criminelle pour l'assassinat de sa femme Chantal, le 7 août 2004, par la cour d'assises de l'Isère (Alpes françaises).

A l'annonce du verdict, Angélique, la fille aînée, qui avait demandé l'indulgence des jurés, a fondu en larmes. Sa soeur, assise à côté d'elle, a tourné son regard vers le sol. Marc Cécillon est resté impassible, visiblement accablé.

Contre toute attente, les jurés ont été au-delà du réquisitoire de l'avocate générale qui avait réclamé en milieu de journée une peine de 15 ans de réclusion à l'encontre de l'ancien rugbyman, âgé de 47 ans, capitaine du XV de France à cinq reprises.

Ils ont manifestement refusé de considérer que Marc Cécillon n'avait pas prémédité son crime comme la défense avait tenté, dans sa plaidoirie, de le démontrer.

Angélique leur avait pourtant lancé, jeudi soir, que son père "était déjà puni" et avait déclaré en larmes: "Mes deux parents me manquent, je ne peux pas rester 15 ans" (sans voir mon père).

Marc Cécillon comparaissait depuis lundi pour avoir tiré à cinq reprises sur son épouse avec un revolver 357 Magnum, alors qu'il se trouvait en état d'ivresse à une fête organisée chez des amis, à Saint-Savin (Isère).

Dans une ultime déclaration, au terme du procès, l'ancien joueur avait demandé pardon à ses filles, à sa belle-mère et même à sa femme Chantal qui, selon son avocat Me Richard Zelmati, a "habité" la salle du tribunal durant toute la semaine.

"Dessein arrêté"

La veille, Angélique, profondément meurtrie, avait fait pleurer l'auditoire en clamant à son père: "Je ne te pardonnerai jamais mais je t'aime". "Je ne pense pas que mon père avait prévu de tuer ma mère", avait-elle ajouté à l'adresse de la Cour.

Mais, pour l'avocate générale, l'ancien troisième ligne de Bourgoin (1re div. française) a bien eu le "dessein arrêté" de la tuer.

Selon l'avocat de Marc Cécillon, le drame a découlé d'un long processus minant un homme pour qui le rugby a été tout, et qui a été confronté à une grande frustration au moment de sa retraite sportive.

Cet homme, a-t-il fait valoir, s'est retrouvé sans rien à la fin de sa carrière et a dû faire face à la vacuité de sa nouvelle vie, alors que sa femme, lassée de ses frasques et de sa propension à l'alcool, avait décidé de prendre davantage d'autonomie.

Après le verdict, Me Zelmati a laissé entendre qu'il allait faire appel.

Après l'énoncé du verdict, la mère de Marc Cécillon est allée longuement embrasser le condamné. Angélique, la fille aînée, est aussi allée embrasser son père.

Aucun membre des deux familles n'a souhaité faire de commentaire à la sortie de l'audience.

"Il fallait soigner Marc Cécillon", a martelé dans sa plaidoirie Me Zelmati, avant de conclure face aux jurés: "Ma prière, c'est que vous alliez très en deçà du réquisitoire. Oserais-je vous demander pitié?"