MONTRÉAL - La Québécoise Magali Harvey devra se résigner à regarder le tournoi de rugby à sept féminin aux Jeux olympiques de Rio de Janeiro à titre de spectatrice.

Rugby Canada a dévoilé vendredi sa formation partante de 12 joueuses qui représenteront le pays aux Jeux de Rio, et Harvey, qui fut nommée la joueuse internationale de l'année par l'IRB il y a deux ans, en est exclue.

« Elle était de toute évidence déçue, et je l'étais tout autant », a déclaré l'entraîneur-chef John Tait à propos de l'entretien qu'il a eu avec Harvey, qui sera plutôt l'une des quatre joueuses réservistes.

« L'annonce olympique d'aujourd'hui est venue comme une surprise déchirante pour moi, a déclaré Harvey par voie de communiqué émis par Rugby Canada en fin de journée vendredi. Je suis très déçue de ne pas avoir été sélectionnée dans la poursuite de mon rêve olympique. Je me sentais prête dans tous les aspects du jeu, mais malheureusement, cela n'a pas suffisant. Des décisions difficiles ont dû être faites et je respecte ça. »

Selon Tait, la Québécoise âgée de 25 ans a été victime des circonstances. L'hiver dernier, plusieurs piliers de l'équipe canadienne, dont Harvey, ont subi des blessures, forçant le rappel de plusieurs jeunes joueuses qui auraient normalement dû être des espoirs pour les Jeux de Tokyo en 2020.

« Je sais que Magali est une partie importante de notre programme depuis qu'elle l'a intégré en 2011-2012, mais c'était très important pour nous de choisir des athlètes qui sont capables d'offrir des performances constantes et de jouer leur rôle de façon systématique », a expliqué Tait en conférence téléphonique de Victoria, en Colombie-Britannique.

Harvey, qui a contribué à la conquête de l'or de l'équipe canadienne de rugby à sept l'été dernier aux Jeux panaméricains de Toronto, a mis quatre mois pour soigner une blessure à une cheville. Elle est revenue au jeu pour le dernier tournoi de la saison de la Série mondiale de rugby à sept à Clermont-Ferrand, en France, et elle s'est illustrée en marquant un essai dans la victoire de 29-19 contre l'Australie en finale. C'était toutefois trop peu, trop tard pour elle.

« Magali a fait du bon travail en rééducation avec notre équipe médicale afin de retrouver sa force et sa vitesse, a convenu Tait. (Sa blessure) n'a donc pas vraiment joué de rôle dans notre décision. Je crois seulement qu'elle aurait eu besoin de quelques tournois supplémentaires pour se mettre davantage en valeur sur le terrain. »

Ce point de vue était partagé par la principale intéressée lors d'un entretien avec La Presse canadienne réalisé en mai dernier.

« Ça m'a pris beaucoup de temps pour me rendre-là, et même aujourd'hui je dois admettre que mon jeu n'est pas parfait, avait confié Harvey, qui affirmait du même souffle être totalement rétablie de sa blessure. (...) Par rapport à mes habiletés, je dirais que je ne suis pas encore à 100 pour cent, mais tout ça va rentrer dans l'ordre avec du temps de jeu. »

Harvey, qui a contribué à l'étonnante deuxième place du Canada à la Coupe du monde de rugby à quinze en France en 2014, avait aussi admis pendant l'entrevue qu'elle avait éprouvé de la difficulté à faire la transition du rugby à quinze vers celui à sept.

« En rugby à sept, tu ne peux pas te cacher sur le terrain, parce qu'il fait les mêmes dimensions que celui de rugby à quinze, avait-elle expliqué à l'époque. Le problème, c'est que si tu n'es pas capable de plaquer, ça va paraître immédiatement parce que ce sont souvent des luttes à un contre un.

« J'exagère un peu, mais un match de rugby à sept, c'est un peu comme un sprint de 14 minutes ininterrompu, a-t-elle imagé. À la fin du match, tu es tellement épuisée que tu deviens étourdie. Il faut vraiment pousser fort. »

Les 12 athlètes sélectionnées pour Rio sont Britt Benn, Hannah Darling, Bianca Farella, Jen Kish, Ghislaine Landry, Megan Lukan, Kayla Moleschi, Karen Paquin, Kelly Russell, Ashley Steacy, Natasha Watcham-Roy et Charity Williams. Farella, de Montréal, Paquin, de Québec, et Watcham-Roy, de Gatineau, seront les trois représentantes du Québec au sein de la formation nationale.

Outre Harvey, Élissa Alarie, de Trois-Rivières, a également subi le couperet.

Après un bref camp d'entraînement qui s'étalera du 23 au 28 juillet à Toronto, la troupe de Tait se dirigera vers Rio où elle poursuivra son acclimatation jusqu'au premier match du tournoi, le 6 août.

L'équipe canadienne, troisième tête de série derrière l'Australie et la Nouvelle-Zélande, fait partie du groupe C en compagnie du Japon (10e), du Brésil (9e) et de la Grande-Bretagne (4e). Le tournoi olympique de rugby à sept féminin se déroulera du 6 au 8 août au stade Deodoro.