Antonio Ribeiro vient tout juste de déménager en Californie. Après un essai fructueux avec les Earthquakes de San Jose, il a fait ses débuts dans la Major League Soccer samedi soir.

Quelques mois après avoir été libéré par l'Impact, son congédiement s'est donc finalement transformé en promotion! Il savoure aujourd'hui pleinement d'être arrivé en MLS avant ses anciens patrons… Voici le résumé de notre discussion.

F.E.C. : Alors Antonio, c'est comment la Californie?

A.R. : C'est beau, c'est chaud, il ne pleut jamais… et le soccer va bien, alors la vie est belle! Je viens de me trouver un appartement tout à fait sympathique. San Jose est située entre deux montagnes… On regarde d'un côté et il y a de la verdure. De l'autre, c'est désertique…

F.E.C. : C'est bien beau la météo, mais dis-moi, comment es-tu arrivé à San Jose?

A.R. : L'équipe ici n'allait pas bien. Un autre ancien de l'Impact, Andrew Weber, est avec les Earthquakes depuis le début de la saison. Je lui ai envoyé mon démo, un dvd, qu'il a remis à l'entraîneur. Il s'agit de Frank Yallop, ancien entraîneur de l'équipe nationale canadienne. Il me connaissait déjà puisqu'il m'avait rappelé avec l'équipe nationale en 2007. Yallop m'a finalement invité à faire un essai. Tout s'est bien passé et on m'a offert un contrat. Les Earthquakes partaient pour un voyage d'une semaine. Moi, mon billet d'avion m'obligeait à revenir à Montréal! Je suis retourné à San Jose en même temps que le club et j'ai joué mon premier match samedi.

F.E.C. : Tu as aimé ton premier match?

A.R. : Tout à fait! Le jeu se passe de façon très rapide, on court beaucoup! L'entraîneur m'a retiré après 58 minutes, mais honnêtement, je n'aurais pas pu jouer davantage. Je n'ai pas encore la forme pour jouer un match au complet et j'étais un peu fatigué.

F.E.C. : L'an dernier, à pareille date, tu ne devais pas t'attendre à te retrouver en MLS avant l'Impact, non?

A.R. : Pas vraiment. D'un autre côté, j'étais un peu tanné d'être dans un club où je jouais peu… sachant que je méritais de jouer davantage et que j'étais capable d'évoluer à un niveau supérieur. Je suis content de prouver ce que je pensais pouvoir réaliser. Il y a malheureusement des gens qui ne croyaient pas en moi. Maintenant, je suis dans la MLS, et on m'a donné la chance de commencer un match dès mon arrivée. C'est un peu ironique.

F.E.C. : Comment a été ta dernière année à Montréal?

A.R. : Difficile. Je voulais jouer et je n'en n'avais pas la chance. Je crois que j'apportais beaucoup à l'équipe quand on m'en donnait l'occasion. J'ai marqué deux buts gagnants à mes deux derniers matchs à Montréal. C'était en séries éliminatoires, contre Seattle et Vancouver. C'est le souvenir que je garde. J'espère que les partisans se souviennent de moi comme un joueur qui donnait son maximum et que je leur ai laissé un aussi bon souvenir.

F.E.C. : C'est quand même un changement majeur dans ta vie…

A.R. : Pas de doute! J'ai joué huit ans avec le même club. Quitter la maison, c'est du nouveau. C'est quand même excitant de penser que je n'aurai seulement qu'à penser au soccer, maintenant.

F.E.C. : Parce que tu toucheras un salaire plus intéressant?

A.R. : Oui. En USL, il n'y a que quelques joueurs qui font de « gros » salaires. Plusieurs joueurs ont des sidelines. Moi, j'avais une école de soccer avec Jason Ditullio, un autre ancien joueur de l'Impact. L'école continue de fonctionner, d'ailleurs. L'école Ditullio-Ribeiro! J'étais aussi directeur technique de l'association de soccer Anjou.

F.E.C. : C'est donc une bonne augmentation de salaire pour toi?

A.R. : Je touchais 36 000$ par année à Montréal. En MLS, je ferai 42 000$ à la première année de mon contrat. Je suis lié à la ligue pour les quatre prochaines années et mon salaire augmentera à chaque année. La MLS est une ligue mieux structurée, avec un salaire minimum, notamment. En USL, ils peuvent faire ce qu'ils veulent avec les joueurs.

F.E.C. : À part la MLS, est-ce que tu avais d'autres options?

A.R. : C'est le seul essai que j'ai eu, mais un agent, Carlos de Sousa, faisait des appels pour moi. J'aurais aimé jouer au Mexique ou en Europe. Une équipe semblait intéressée à me voir en juillet au Pérou. C'était un club de première division. Mon agent disait que c'était une bonne option, mais la MLS m'offrait du concret tout de suite. J'ai choisi de ne pas trop attendre.

F.E.C. : On a vu plusieurs Québécois en Scandinavie ces dernières années : Olivier Occéan, Patrice Bernier, Ali Gerba, Adam Braz, Sita-Taty Matondo, Sandro Grande. Ce n'était pas une option pour toi?

A.R. : Parfois, tu ne choisis pas où tu t'en vas. Moi, j'ai toujours voulu jouer là où il y a du soleil. Alors tu comprendras que la Norvège, ça ne m'intéresserait pas vraiment! Je n'ai pas eu de proposition là-bas et je n'ai pas poussé pour en avoir une… En 2002, j'avais fait un essai en deuxième division en Suède. Finalement, l'Impact me donnait plus d'argent alors je n'avais pas voulu rester là-bas. Quand tu quittes pour un tel endroit, il doit y avoir un avantage financier, je crois. Sinon, à quoi bon? C'est déjà déprimant, parfois, d'être loin de sa famille. Aussi bien trouver un avantage financier! Ici, à San Jose, j'ai déjà un ami en Andrew Weber, il fait soleil, et mon salaire est supérieur à l'an dernier…c'est parfait pour moi!

F.E.C. : Qu'est-ce qui t'excite le plus de jouer dans la MLS?

A.R. : Disons qu'il y a eu beaucoup de publicité au cours de la dernière année autour de la MLS. On en a entendu parler amplement. On sent que ça se développe. C'est excitant. On a aussi un calendrier de matchs qui fait du sens. On doit avoir un minimum de 48 heures entre deux matchs… contrairement à la USL. Les voyages et les matchs se succédaient parfois à un rythme fou. T'as l'impression que ça ne finira jamais!

F.E.C. : As-tu hâte de jouer contre David Beckham?

A.R. : Oui! J'ai joué contre Freddie Ljunberg, déjà! Et j'ai fait un solide tacle contre lui. Il a reçu le ballon dans leur zone et il avançait un peu trop à mon goût. J'ai donc pris son chandail et je l'ai taclé! Je ne voulais pas qu'il fasse une passe importante. Tu sais, c'est vraiment un côté spectaculaire d'avoir des joueurs importants en MLS. C'est excitant. Et jouer contre Beckham sera toute une expérience! J'ai déjà joué contre Romario. Beckham, ce sera un privilège de l'affronter.

F.E.C. : As-tu déjà remarqué une bonne différence dans le style de jeu entre MLS et USL?

A.R. : La MLS, c'est moins physique. Il y a moins de contacts. Parfois en USL, c'était trop brutal. Le style de jeu me convient davantage, il n'y a aucun doute. C'est aussi agréable d'avoir un entraîneur qui te pousse à avoir du succès et te motive à tout faire pour jouer en équipe nationale.

F.E.C. : Tu vas jouer contre Beckham pour qui l'après-carrière est pas mal assuré! Toi, tu y as pensé?

A.R. : Oui. Je voulais retourner à l'école après la saison, en gestion de projets au HEC à Montréal. Je m'étais inscrit sans savoir ce qui m'attendait au niveau sportif. Je vais tenter de voir si je peux faire des cours à distance! La saison est longue en MLS…

F.E.C. : Bonne saison Antonio et merci beaucoup!

A.R. : Merci! Et offre mes salutations à tous les amateurs de soccer montréalais