MONTRÉAL – Alistair Johnston est encore tout nouveau dans l’environnement du CF Montréal. La grosse acquisition hivernale du directeur sportif Olivier Renard a raté un important segment du camp d’entraînement en raison de sa présence avec l’équipe nationale canadienne. Il a aussi observé en spectateur le début du parcours de sa nouvelle équipe en Ligue des champions en raison d’un purgatoire prolongé dans le protocole relié à la gestion de la COVID-19.

Malgré tout, son influence positive au sein du jeune groupe dirigé par Wilfried Nancy est déjà palpable.

L’expérience de Johnston sera un atout précieux pour le onze montréalais alors qu’il s’apprête à entamer son quart de finale de la Ligue des champions de la CONCACAF contre Cruz Azul. Le défenseur de 23 ans est l’un des rares joueurs du CFM qui peuvent parler en connaissance de cause des défis qui attendent le club de la MLS contre le géant du championnat mexicain.

Cruz Azul joue ses matchs locaux au mythique Estadio Azteca, un monstre de plus de 87 000 sièges qui a été deux fois l’hôte de la finale de la Coupe du Monde.  L’Impact de Montréal y a joué en 2015 lors de son improbable duel contre Club América, mais tous les participants à ce rendez-vous historique ont quitté Montréal depuis belle lurette.

Johnston, tout comme son actuel partenaire en défense Kamal Miller, ont touché à cette pelouse autrefois foulée par Pelé et Maradona avec la sélection canadienne en octobre dernier dans un match de qualification en vue de la Coupe du Monde de 2022. Leurs coéquipiers James Pantemis, Samuel Piette et Zachary Brault-Guillard ont assisté à cette rencontre du banc dans un rôle de substitut.

« L’arrivée au stade se fait par un long corridor de pavé où on peut voir les plaques de tous les clubs et de toutes les équipes qui ont joué là auparavant, s’émerveillait Johnston mardi à la veille de son retour dans ce temple du football. Ça met bien des choses en perspective. C’est une atmosphère très cool, on peut le sentir dès qu’on y met les pieds. »

« Je n’ai que 20 ans, mais je me souviens très bien quand j’étais petit, je parlais avec mes amis et je leur disais que je rêvais de jouer à l’Azteca et de marquer un but dans ce stade, a dit le milieu de terrain Matko Miljevic. Pour les Argentins, cet endroit est très spécial avec ce qui est arrivé avec la sélection et Maradona en 1986. Ma mère m’a toujours dit que pour elle ça serait magnifique de me voir jouer ici. »

Le caractère hostile de l’Azteca provient principalement de l’inhospitalité des nombreux supporteurs qui peuvent s’y entasser et du fait que ses fondations sont assises à 2200 mètres au-dessus du niveau de la mer.

Le premier dossier ne semblait plus être une préoccupation depuis que la Liga MX avait interdit les déplacements de spectateurs et forcé le match de Ligue des champions à être joué à huis clos en réaction aux événements violents qui avaient marqué un match du championnat en fin de semaine. Ses dirigeants se sont toutefois ravisés et les portes de l’Azteca seront finalement décadenassées en vue de la visite du CF Montréal.

« On sait très bien que l’environnement ne sera pas évident, a commenté l’entraîneur Wilfried Nancy. Ça aurait été super de jouer à huis clos, mais comme d’habitude, il y aura du monde. On va faire notre match et on va tout donner. »

Pour ce qui est des difficultés reliées à l’altitude, Johnston s’est assuré de prodiguer ses conseils à ses coéquipiers.

« Ça prend normalement dix secondes pour récupérer d’un long sprint. Là-bas, ça pourrait en prendre vingt. Ces dix secondes additionnelles, c’est l’équivalent de la durée d’un duel à 1-contre-1 qui pourrait être décisif. C’est dans des moments comme ça qu’il est important de comprendre ce à quoi son corps est exposé », affirme Johnston.

« Il y aura des moments où on n’aura pas le ballon. Il faudra éviter de courir partout de manière désorganisée. Il faudra tout faire en groupe, rester compact. Dès que les individualités s’écartent du plan de match, les jambes s’alourdissent plus vite et les problèmes commencent. À la 50e et 60e minute, on pourrait avoir plus de gars qu’à l’habitude qui demandent un changement. C’est tout ça que j’ai voulu faire comprendre aux gars. Mais on a un plan de match et si on s’y accroche, on va être correct. »

La qualité de l’adversaire fait aussi en sorte que le CF Montréal n’est pas sorti du bois. Cruz Azul occupe présentement le cinquième rang du classement de la Liga MX. Il n’a récolté qu’un match nul à ses trois dernières sorties, mais a réservé ses meilleurs éléments dernièrement en vue de son parcours en Ligue des champions. « Une autre bête », pour reprendre les mots de Johnston, que le Club Santos Laguna que le CFM a éliminé au tour précédent.

Les Montréalais peuvent quand même tirer des leçons de ce précédent triomphe, confirmé grâce à une éclatante victoire au Stade olympique après une courte défaite de 1-0 au Mexique. Johnston croit que le fait d’ouvrir de nouveau la série à l’étranger pourrait jouer à l’avantage des négligés.

« On a tous grandi en regardant les matchs de la Ligue des champions, on sait comment ça fonctionne. Les deux équipes finissent toujours par s’étudier pendant une partie du match aller. Pour l’équipe à domicile, ça peut être 45 minutes gaspillées à tenter d’évaluer les forces et les faiblesses d’un adverse qu’elle connaît peu. En plus, l’équipe qui joue devant ses partisans au match retour sait exactement ce dont elle a besoin pour passer à l’étape suivante. »

« C’est ce qu’on veut faire demain : livrer une performance qui plaira à nos partisans et qui nous laissera la possibilité de jouer un grand coup lorsque nous les retrouveront. »