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De nouveaux adjoints pour Laurent Courtois : « J'ai la Champions League des staffs »

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CITRUS RIDGE, Floride – L'image frappe et Laurent Courtois exprime presque aussitôt sa crainte d'être allé trop loin. Il ne voudrait pas que ses mots soient interprétés comme un désaveu envers les personnes avec qui il a travaillé dans le passé. Et il sait qu'on pourrait les lui remettre sous le nez si les performances de son équipe partent en vrille. « Les résultats dicteront tout, tu vois? »

Reste que l'entraîneur-chef du CF Montréal cache mal son enthousiasme lorsqu'il est question des nouveaux visages qui l'entourent dans la préparation de sa deuxième saison à la barre de l'équipe.

« Dans les possibilités du club et dans le timing qui était le nôtre, j'ai la Champions League des staffs », s'enthousiasme-t-il.

L'entre-saison du CF Montréal a été marqué par les entrées et les sorties habituelles au niveau de l'effectif. Mais le personnel d'entraîneurs a aussi subi des modifications majeures. Laurent Ciman a été remercié tout comme les entraîneurs des gardiens Romuald Peiser et Luca Bucci. Eduardo Sebrango a été exclu de la première équipe. Ils ont été remplacés par Marco Donadel, Kobié Johnson, Ludovic Taillandier et Vincenzo Benvenuto.

De la même manière qu'il dit avoir été sondé sur les profils qu'il recherchait avant le dernier mercato estival, Courtois raconte qu'on lui a demandé son avis, à la fin de la saison, sur une restructuration potentielle de son groupe d'adjoints.

« J'ai suggéré. Ils sont arrivés au même moment avec un truc encore plus étoffé. Je me suis dit que ça paraissait un peu trop beau sur papier, je voulais attendre avant de m'emporter. Mais ils ont tout validé, c'est-à-dire qu'ils ont joint les actions aux mots. Dans ma tête, je me disais que si on faisait la moitié de ce qui avait été discuté, on n'était déjà pas trop mal. Ils ont tout fait. Donc il y a vraiment la volonté de me donner les meilleures dispositions pour réussir. »

Le nouvel organigramme de l'équipe technique est élaboré de façon à ce que chacun de ses membres puisse se consacrer à un aspect spécifique de la tactique ou du développement. Il encadre plus efficacement tous les aspects qui doivent être pris en compte dans une préparation de haut niveau.

L'an dernier, « tout le monde avait comme une tâche et demie, deux tâches à faire, souligne Samuel Piette. Je trouve que jusqu'à présent, les rôles de chacun sont beaucoup plus définis. Je pense que chaque coach est dans sa chaise et ça fait en sorte que chaque personne se donne vraiment à 100% dans ce qui est propre à ce qui lui est demandé. »

Bras droit de la première heure de Laurent Courtois, David Sauvry conserve la responsabilité des tactiques offensives. Donadel est en charge de coordonner l'effort défensif. Avec l'entraîneur-chef, les deux sont les plus impliqués dans la construction des séances d'entraînement et sont les voix qui s'élèvent au-dessus du lot durant celles-ci.

« C'était mieux de partager les tâches ainsi parce qu'ils avaient déjà des idées vraiment claires à propos du modèle de jeu offensif avec lequel on veut aller de l'avant, explique Donadel. Bien sûr, toute le monde participe aux discussions, partage ses idées. Mais sur le terrain, on va travailler comme ça. Je me consacrerai davantage à créer des relations avec les gars dans les phases défensives. »

Les phases arrêtées, le « grand chantier »

Courtois décrit Taillandier comme un « IDP coach », l'acronyme pour Individual Development Plan. Son mandat sera de mettre une loupe sur les marges de progression dans les habiletés individuelles de chaque joueur.

« Qu'est-ce qu'il manque dans ton jeu, qu'est-ce que tu dois améliorer? », explique Piette.  « Il travaille avec tout le monde, un à un. Hier, par exemple, j'avais un meeting avec lui et Marco. Ils m'ont montré des clips du match intra-équipe qu'on a fait vendredi dernier. Des clips positifs, des clips sur des trucs à travailler. C'était vraiment intéressant ce qu'il me disait. On analyse, ensuite on porte un diagnostic et après on donne les médicaments. Là, on est encore en phase analyse, mais il va rentrer vraiment dans le plus pointu éventuellement. Il va cibler des trucs précis à travailler et ensuite on va le faire, sur une base individuelle ou en petits groupes, avant ou après les entraînements. »

Courtois soutient que le club voulait depuis longtemps se doter de ce genre d'expertise.

« Parce que le jeu, il est global, mais si tu n'améliores pas l'individu, le puzzle ne marche plus. Alors comment de "ça", on peut zoomer à "ça"? Et comment on peut prendre un jeune, une recrue ou un gars du club et lui consacrer l'attention dont il a besoin? C'est un job à plein temps. »

Le constat est le même pour l'enseignement des phases de jeu arrêtées. L'an dernier, Sauvry élaborait les stratégies sur les balles arrêtées offensives tandis que Ciman et Peiser avaient la responsabilité des phases défensives. Le CF Montréal a été l'une des pires équipes de la MLS dans cet aspect du jeu avec trois buts concédés sur coups francs et huit sur corners, selon la firme de statistiques avancées Opta.

C'est l'un des « grands chantiers » que le club a identifié, dixit Courtois, dans sa préparation pour la saison 2025. Cette responsabilité incombera à Kobié Johnson.

C'est la première fois depuis que Piette s'est engagé à l'Impact, en 2017, que le club a un entraîneur dédié exclusivement à cette niche. « Ce n'est plus quelque chose qui vient juste à la fin, si on a le temps », a-t-il déjà remarqué.

Le « loup dans la bergerie »

L'empreinte de Courtois, qui a participé au processus d'embauche en compagnie de Luca et Simone Saputo, Corey Wray et Gabriel Gervais, est partout sur ce nouveau staff. Il le confirme sans qu'on sente qu'il veuille s'attarder sur le sujet, comme pour éviter tout soupçon de népotisme, mais il connaissait déjà intimement Taillandier et Johnson. « J'ai travaillé avec eux par le passé, ouais », dit-il.

Quand on souligne que Donadel ressort davantage comme un « mouton noir » parmi ces nouveaux visages, une corde sensible est grattée.

« Nos critères, c'était ça : une expérience à leader, structurer, designer et organiser des séances d'adultes au plus haut niveau dans un modèle de jeu qui s'approche le plus du mien. Et ensemble, sur les dix [candidatures étudiées], on a dit : "Ces trois-là, faudrait peut-être jeter un œil plus sérieux". Et puis dès qu'on a eu Marco, on n'a plus eu besoin de chercher. »  

Courtois rebondit ensuite sur un commentaire du confrère Frédéric Lord dans le balado « Au fond des filets ». En discussion avec Olivier Brett, le descripteur des matchs du CF Montréal sur Apple TV a décrit Donadel comme un « loup dans la bergerie », sous-entendant qu'il sera le successeur logique à l'entraîneur lorsque les circonstances nécessiteront un changement. « Quand on va être dans la grosse boue [...], est-ce que Laurent Courtois va se promener avec le dos au mur pour ne pas se faire planter un couteau derrière? », demande Lord en précisant qu'il n'insinuait pas que ce genre de machination cadrait avec la personnalité de Donadel.

« Je ne leur en veux pas, c'est juste petit, a répondu Courtois par l'entremise de notre enregistreuse. C'est tellement dénigrer ce que le club essaie de faire pour me mettre dans les meilleures dispositions. On veut toujours parler du mal. Il n'y a pas beaucoup de gens qui ont parlé de qui [Donadel] a été l'assistant et à quel niveau. Je ne sais pas si je me rappelle avoir vu un article qui parle de qui il a été l'assistant, dans quel système de jeu et en quoi consiste sa philosophie de jeu. On a tout de suite parlé que c'est l'Italien qui a joué au club et qui vient pour prendre ma place. »

« Ce n'est pas surprenant, c'est juste décevant. Et peut-être que ça va arriver! Mais toujours broyer du noir comme ça... Je suis fier, peut-être naïf, de ne pas être aussi insécure. J'ai vu ça et je me suis dit que c'était un des mecs qui allaient me rendre meilleur et qui allaient aider le club à aller dans la bonne direction. »