MONTRÉAL – Peut-être parce qu’il était mal à l’aise devant une référence à un ancien employé qu’il préférerait oublier, Joey Saputo a plus ou moins habilement contourné la question en début de semaine quand on lui a demandé pourquoi il était important, dans le processus d’embauche de son nouveau président, que celui-ci soit familier avec le monde du soccer et la culture qui s’en dégage.

Wilfried Nancy ne s’est pas donné autant de peine. Jeudi, l’entraîneur-chef du CF Montréal s’est réjoui sans détour d’être désormais supporté par Gabriel Gervais, un ancien joueur de l’Impact dont la longue parenthèse dans le milieu des affaires n’a jamais éteint la passion pour le ballon rond.

« Les grands clubs le font, a noté Nancy. Le Bayern de Munich, l’Ajax, ils ont des anciens joueurs qui reviennent parce qu’ils connaissent la culture. On gagne du temps. Ils sont là pour prolonger l’histoire du club. Moi je suis très content. Il arrive avec sa vision, une vision que l’on connaît, et surtout beaucoup d’humilité. Il est là pour continuer à instaurer les choses qui ont été mises en place dans le passé et amener ses propres idées aussi, donc je suis content. C’est jeune, c’est dynamique, c’est ce que j’aime. Après, on verra pour la suite. Il faut lui laisser le temps de rencontrer les personnes et après il mettra sa petite pierre à l’édifice. »

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Le sélectionneur de l’équipe nationale canadienne, John Herdman, a fait réagir cette semaine en militant pour la présence de davantage de ses joueurs dans les grands championnats européens au détriment de la MLS. Herdman a spécifiquement mentionné les noms des défenseurs du CF Montréal Kamal Miller et Alistair Johnston.

Sa vision plaira certainement au directeur sportif Olivier Renard, qui a fait de la revente de ses jeunes joueurs un objectif avoué depuis son entrée en poste. Mais sa concrétisation à court terme causerait assurément de sérieux maux de tête à l’entraîneur!

« Je ne sais pas s’ils sont rendus là, mais je sais que dans un futur qui peut être très proche ou un peu plus lointain, ils auront l’opportunité de le faire s’ils continuent à faire ce qu’ils font de bien, a commenté Nancy. J’avais déjà discuté de ça avec Kamal l’année dernière. J’avais eu des mots qui resteront entre quatre murs, mais ils étaient super positifs. C’est à lui de se prendre en main dans le bon sens du terme. Comme je lui ai dit, un athlète de haut niveau, ce n’est pas seulement à l’entraînement. C’est arriver tôt le matin, faire ses exercices, bien manger, bien dormir, faire toutes les choses qui sont hors terrain. Il a bien fait sur ça et il a aussi progressé dans le jeu. »

« Avec Ali, c’est la même chose. C’est un joueur que j’ai découvert, il a un potentiel super intéressant. Il apprend très vite aussi. Les quelques mois ou semaines qu’il a passés avec nous, il comprend bien ce qu’on veut mettre en plus. Alors je ne suis pas surpris que John dise ça. »

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C’est devenu une tradition hebdomadaire dans les interactions entre l’entraîneur et les journalistes. D’une semaine à l’autre, Nancy doit répondre à des questions sur l’état de santé de ses attaquants, qui sont un après l’autre tombés au combat depuis le début de la saison.

Mieux vaut en rire qu’en pleurer, semble s’être dit le coach. Jeudi, lorsque le confrère Dave Lévesque s’est enquis de la condition du vétéran Kei Kamara, Nancy a affirmé, sans le moindre rictus, que son vétéran s’était plaint de maux de tête après l’entraînement.

« Je rigole, c’est pas vrai! », a-t-il ensuite rectifié avant de s’esclaffer longuement, visiblement fier de sa blague.

« S’il-vous-plaît, laissez-moi tranquille avec le peu de joueurs qu’il me reste et [les discussions] sur des blessures que je n’ai jamais vues de ma vie », a enchaîné le plaisantin.

Sur un ton plus sérieux, Nancy s’est dit désolé pour Bjorn Johnsen, qui a été opéré pour une fracture des orteils mercredi. En revanche, il n’a pas exclu la possibilité de compter sur Romell Quioto samedi contre le FC Cincinnati. Le Hondurien a contracté la COVID-19 pendant son récent séjour en équipe nationale.

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Cincinnati connaît un début de saison en dents de scie. Battu deux fois de suite pour commencer l’année, l’équipe de l’Ohio a battu Orlando et Miami avant d’être surpris par le club d’expansion de Charlotte la semaine dernière. Ses trois défaites ont été subies par blanchissage et elle a accordé un total de dix buts en cinq matchs.

Le gardien Sebastian Breza s’en méfie.

« On parle toujours du fait que FC Cincinnati, c’est une nouvelle équipe. Peut-être qu’on pense qu’ils sont un peu mauvais, moins organisés, qu’on devrait gagner. Mais j’ai toujours trouvé, à chaque fois qu’on a joué contre eux, qu’on pouvait s’attendre à n’importe quoi. Oui, ils ont certaines lacunes défensives, mais offensivement ils sont quand même dangereux. L’important c’est de saisir les moments. Si on a l’occasion de prendre l’avance, faut le faire. »

« Dans leur stade, c’est une équipe extrêmement dangereuse. Leurs fans sont incroyables. Ils chantent tout le match, ils supportent l’équipe tout le match. S’ils perdent 3-0, s’ils perdent 1-0, s’ils gagnent 5-0, c’est le même support, un peu comme à Atlanta. Donc on va devoir être prêts parce que c’est pas vrai que c’est une mauvaise équipe. C’est une équipe qui peut te surprendre. »