On se réveille en ce lundi matin pour se rendre compte qu’on n’a pas rêvé : le Canada va participer à la Coupe du monde de soccer masculin.

 

Il fallait voir l’entraîneur John Herdman bondir comme un gamin après chaque but des siens dimanche pour saisir toute la joie et l’ampleur du moment.

 

Les joueurs qui s’effondrent sur la pelouse après le coup de sifflet final, qui s’enlassent avec les yeux humides (pas les seuls à avoir eu une poussière dans l’œil en passant). Le bruit assourdissant de 30 000 personnes qui ont peine à saisir que le rêve est devenu réalité.

 

Quel moment quand même!

 

Il faut dire que le résultat de ce match n’a jamais été mis en doute. Il n’y avait aucune chance, mais aucune, que la Jamaïque vienne gâcher le party. L’écart de volonté entre ces deux nations hier était évident. Le 4-0 reflète à peine l’allure de la rencontre, qui aurait pu se terminer par une dégelée (jeu de mots bien voulu sur la météo ici) encore plus grande.

 

Des partisans canadiens célèbrent au BMO Field.Avant même que l’arbitre ne dépose le ballon au centre de la surface, tous savaient que les Canadiens sortiraient gagnants. La fête, elle a commencé avant le duel quand l’autobus canadien a été assailli par des amateurs en délire, et elle s’est poursuivie jusque bien après les 90 minutes de jeu.

 

Dans une carrière de journaliste sportif, il n’arrive qu’une poignée de fois de pouvoir couvrir une équipe championne. Quand ces moments passent, il faut les savourer. La sélection nationale n’a peut-être pas remporté de trophée dimanche, mais c’est tout comme. Elle a gagné un billet d’avion, le plus formidable qui soit. Elle terminera presque assurément au sommet de la zone CONCACAF.

 

« Je suis un peu sous le choc sincèrement, m’avouait le gardien de but Maxime Crépeau. C’est incroyable, on est une famille et on y est, on y est. »

 

« Pour l’instant, je ne réalise pas encore qu’on s’en va à la Coupe du monde », mentionnait quant à lui Samuel Piette. Il était blessé, mais a quand même été invité à vivre les derniers instants de cette rencontre au banc de l’équipe. Quand on vous dit que ce groupe est une famille.

 

« Le parcours pour arriver ici et tout ce qu’on a accompli, c’est quelque chose que je ne pouvais jamais imaginer », racontait l’entraîneur adjoint Mauro Biello, qui a lui-même disputé 4 matchs avec la sélection canadienne entre 1995 et 2000.

 

La personne qui a fait germer l’idée que cet objectif un peu fou ne l’était finalement pas tant que ça, c’est John Herdman. Il faut bien sûr des joueurs de qualité pour atteindre le Mondial, mais une poignée d’individus talentueux ne deviennent pas un tout sans un leader fort à la barre. Herdman a cette qualité de croire que tout est possible, et celle autant importante de transmettre cette croyance.

 

À l’échauffement avant le coup d’envoi hier après-midi, une dame derrière moi dans les gradins lui a lancé de façon bien sentie : « Merci John! »

 

Un sentiment qui est aujourd’hui partagé par tous et toutes au pays.