COLLABORATION SPÉCIALE

Avant le match, on le sentait. Il y avait cette fébrilité dans l’air, ce sentiment indéfinissable qu’on était sur le point de vivre un moment historique. À Toronto dans le stade, on le voyait. Dans les gradins, l’atmosphère était survoltée et même le vent glacial qui soufflait avec acharnement n’arrivait pas à refroidir l’enthousiasme des spectateurs. Et sur le terrain... Dès les premières notes de l’hymne national, entonné avec cœur et conviction par les joueurs accompagnés par  30 000 choristes, le ton était donné. On s’attendait à quelque chose d’épique, et ce le fut!

Le but de Cyle Larin, arrivé tôt dans le match, a enlevé beaucoup de la pression et permis aux joueurs de s’exprimer plus librement. Les postures étaient moins crispées, les gestes plus fluides et la confiance grandissait au fur et à mesure que le match avançait. Lorsque l’arbitre central, le Mexicain Fernando Ramirez a sifflé la fin du match sans ajouter de minutes supplémentaires,  en bon juge de la situation, le Canada mettait officiellement fin à une attente de 36 ans pour se qualifier pour la deuxième coupe du monde de son histoire. Huit campagnes de qualifications sans succès. De 1986 à 1996, le Canada terminait 3e au classement alors qu’il n’y avait que deux places disponibles pour la Concacaf. Et quand on est passé à trois, plus jamais le Canada n’a occupé cette position.

Il aura fallu la vision de génie de John Herdman pour redorer le blason de cette équipe qui se cherchait, pour l’amener à croire en elle et à sa cause, pour arriver à faire du rêve une réalité. La seule fois où le Canada a participé à la Coupe du monde au Mexique en 1986, Francis Millien y était à titre d’analyste, aux côtés du regretté Jean Pagé comme descripteur. Dans le groupe C aux côtés de la France, l’URSS et la Hongrie, le Canada avait impressionné à son premier match. « Le Canada s’était approché de l’exploit, se rappelle Francis. À son premier match, il avait tenu tête à la France qui n’avait pu marquer avant la 79e minute (Papin). Elle ne s’attendait pas à une telle résistance et les journalistes qui nous entouraient venaient nous voir pour nous dire que le Canada ne méritait pas d’avoir perdu. » Par la suite, le Canada s’était aussi incliné devant l’URSS et la Hongrie, sans réussir à marquer un seul but.

Des objectifs à atteindre au Qatar : première victoire, premier but. Mais d’abord, il faut célébrer cette qualification extraordinaire. « Je ne crois pas que les gens étaient aussi conscients de l’exploit en 1986, souligne Francis Millien, on ne le jugeait pas à sa juste valeur comme on le fera aujourd’hui. Mais Jean et moi, on savait à l’époque que le soccer allait sortir grandi de l’aventure. »

Les temps ont changé, le soccer a pris une partie de la place qui lui revient au Québec et au Canada et l’exploit est non seulement reconnu, mais était espéré. En un peu plus d’un an, le Canada est passé de la 72e à la 33e position au classement de la FIFA, sacré l’équipe la plus améliorée dans la foulée. À l’instar de nombreux fans qui clament leur fierté sur toutes les tribunes disponibles, j’ai ressenti une émotion intense et un frisson qui n’avait rien à voir avec la météo ou la Covid, un frisson d’orgueil pour le travail accompli par l’équipe et un frisson d’anticipation pour ce qui viendra. Déjà à la fin du match, les festivités traduisaient bien l’ampleur de la tâche qu’il a fallu abattre pour se rendre jusque-là. L’idée de présenter les joueurs qui ont marqué l’équipe canadienne, remontant même jusqu’à Paul Dolan qui était là en 1986 et qui portait…le numéro 22, était magnifique. À leur façon, par leurs accomplissements, ils ont pavé la voie au succès d’aujourd’hui.

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

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Ce sera la huitième coupe du monde à laquelle je participerai et parce que le Canada y sera, elle aura une saveur toute particulière. L’impulsion que donnera cette qualification au soccer canadien est immense. Et d’ici novembre prochain, l’intérêt ira en grandissant. Prochaine étape : le tirage des groupes le 1er avril, qui sera présenté sur nos ondes. Dans quel chapeau le Canada sera-t-il? Qui seront ses adversaires? Ce sera fascinant à découvrir. Que du plaisir en vue. Bravo les « Kings of the North »!

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